Le 24 octobre 2022, je publiais un texte intitulé : Ils utilisent le nom d’Albert Poulain pour détruire des panneaux bretons (voir notre article). Albert Poulain, conteur gallo bien connu du Pays de Redon, défendait aussi le breton en Haute-Bretagne. En commentaire de cet article, un de ses fils, Tangi Poulain écrivait alors : nous, Ronan, Armel et moi, fils d’Albert Poulain désapprouvons et ces actions clivantes et l’usage du nom de notre père. Rien n’y a fait, la dite Brigade Albert Poulain récidive en enlevant des panneaux bretons de Vitré, Rennes et Vern-sur-Seiche, panneaux mis en mairie de Carhaix, le 9 avril dernier.
Cette opération anti-bretonne est un succès pour ces militants anti-bretons.
1) Un succès médiatique. Cette opération anti-bretonne a été largement relayée par F3 Bretagne et par Ouest-France et d’autres journaux aussi avec moins de complaisance.
2) Un succès pour les Jacobins français. Le vol des panneaux bretons à Vitré a pu ainsi servir d’argumentaire, par exemple, pour Benjamin Morel, auteur du livre La France en miettes, régionalismes, l’autre séparatisme, lors du débat avec Aziliz Gouez sur F3 Bretagne, le 19 mars dernier. En filigrane : l’image bretonne de la Bretagne véhiculée par les Jacobins de la langue bretonne est factice. Il fallait y penser !
3) Un succès pour les associations du gallo. Le chantage au gallo a particulièrement bien fonctionné à Vitré, puisque la maire de cette ville s’est sentie obligée à la suite du vol des panneaux de soumettre au conseil municipal la signature de la charte du gallo.
Depuis le début, le breton a servi de marchepied au gallo, et cela dans tous les domaines. Sans les militants de la langue bretonne, on ne parlerait pas de gallo. Parle-t-on des parlers français équivalents au gallo dans les départements limitrophes de la Bretagne ? Non ! Désormais, on ne peut rien faire pour le breton en Haute-Bretagne sans mettre en plus le gallo. Ainsi pour la signature de la charte de la langue bretonne, la maire de Caulnes déclare : rien ne nous empêche de signer aussi la charte du gallo (Le Petit Bleu, 29/09/2022). A croire que la seule demande de gallo ne soit celle induite par la demande sociale du breton. Comme quoi, loin de s’opposer au gallo, le breton est le meilleur outil objectif pour le gallo. Sauf, que désormais, une partie des défenseurs du gallo sont ouvertement et franchement contre la langue bretonne en Haute-Bretagne.
En 2022 s’est constitué Le collectif du galo en Bertègn qui s’oppose au breton en Haute-Bretagne. Le plus cocasse est que le manifeste anti-breton de ce collectif a été signé par plusieurs personnalités et associations de langue bretonne. Il est coutume de dire désormais, à propos du gallo et du breton, en signe d’apaisement, par hypocrisie pour certains, par lassitude pour beaucoup, voire aussi en toute bonne foi : l’un n’empêche pas l’autre. Certes, mais pour l’instant, la guerre au breton que mènent certains défenseurs du gallo en Haute-Bretagne ferait plutôt penser le contraire. Aux associations de langue bretonne, je dirais : ouvrons les yeux ! Aux associations du gallo, je poserais la question suivante : le gallo pourrait-il avoir une quelconque visibilité sans la demande sociale pour le breton ?
Emile Granville, le 11 avril 2023.
■Je pense qu'il y a un appétit pour le breton pour les + jeunes à l'est de la Bretagne , le reste n'a pas vraiment d'importance . De là à vouloir interdire le breton en Haute Bretagne produira l'effet inverse
c'est à dire un intérêt pour le breton , c'est certain . Que ceux qui veulent apprendre le gallo le fassent c'est bien . Le magazine hebdo «Ya» accorde " une page dans le journal au gallo chaque semaine par exemple . Le gallo suit de loin la trajectoire du breton et nul n'est obligé d'apprendre le breton non plus ... Reste que le breton est encore en danger et que pour le gallo ce n'est pas mieux hélas .
Le breton doit être enseigné partout en Bretagne sans limite qui appartiennent au passé .
Tud deuet :
Deskit hor yezh( ar brezhoneg ) ho pugale dre-oll !
Un chose est sûre, c'est que le gallo a clairement bénéficié du militantisme de la langue bretonne et grâce à cela a été la première langue d'oïl minoritaire à avoir été reconnue par l'état français ( ensuite le picard vient à peine d'être reconnu en 2021...). Vouloir opposer les deux langues est malhonnête, car il ne faut pas poser le débat de façon centraliste et uniformiste (pas à la française quoi). L'exemple norvégien est d'ailleurs très intéressant puisque le choix fut fait de ne pas imposer une norme unique et d'enseigner aux jeunes à comprendre les différents dialectes du pays. C'est d'ailleurs ce qu'aurait toujours du défendre la francophonie, c-a-d préserver la diversité des langues d'oïl même en actualisant un standard littéraire, mais bref...
On peut toujours comparer la Bretagne à l’Ecosse, au Pays Basque ou que sais-je. Le gallo n’est pas le scots, qui bénéficie d’une littérature écrite et d’une reconnaissance sociale.
Tant que les militants du gallo n’auront pas démontré l’intérêt d’une partie de la population pour sa survie, notamment en créant des école en immersion ou bilingues français-gallo, ils ne seront pas crédibles. Tant qu’ils auront décrété que la langue bretonne est illégitime en 2023 dans une partie de la Bretagne pour la seule raison qu’elle n’y est pas traditionnelle (!), ils s’attireront des critiques. Tant qu’ils proposeront deux ou trois graphies pour un seul toponyme, ils montreront leur manque de compétence.
Noyauter le mouvement associatif, gesticuler, insulter les gens en les traitant de Jacobins, tout en profitant des subventions publiques, cela va un temps !
Que l’identité bretonne soit diverse est une évidence. Beaucoup de Bretons et Bretonnes ne se reconnaissent pas, pour des raisons diverses, dans la langue bretonne, c’est compréhensible et respectable. Pour autant, personne n’impose des cours de breton dans les écoles, des programmes en breton à la télévision, ni de panneaux en breton dans les rues. Prétendre que les locuteurs de breton sont des oppresseurs, que le combat pour la langue bretonne va trop loin est donc faux et insultant.
L'école de la République a francisé la population avec l'arrivée du français dès 1880 si bien que nos langues sont en sale état de nos jours ...
La question n'est pas de déterminer une limite pour le breton , pas plus que le gallo car çà ne correspond pas aux désirs des populations qui peuvent si il y a une demande sociale apprendre le breton en haute Bretagne , si l'académie veut bien ouvrir des classes , si il y a des enseignants et si cette demande est poussée par des familles ... il en va de mm pour le gallo .
La situation linguiste n'est pas figée en Bretagne , les limites ont ou se sont modifiées par des éléments historiques , géographiques , économiques et surtout politiques ...
Le centre géographique parisien a défini la haute Bretagne plus proche de Paris et la basse Bretagne le lieu le + éloigné puisque tout gravite depuis Paris lieu des pouvoirs ... Il en va de mm pour les autres régions de France .ex haute et basse Normandie voisines .
Je ne vois pas pour quelle raison le breton devrait être circonscrit à la basse Bretagne à partir du moment où il existe une demande pour l'apprendre localement .
En outre, des populations venus travailler sur le bassin d'emplois de Rennes qui se développe sont venues très souvent de l'ouest breton ... Il suffit de regarder les statistiques démographiques depuis 1970 en Ille et Vilaine et Loire-Atlantique attirant des population nouvelles , d'horizons différents en nombre migrant vers les 2 «métropoles» ...
C'est pourquoi , rien n'est écrit dans le marbre , rien ne servira à opposer le gallo et le breton sauf à les voire disparaitre ...
Notre énergie doit aller à les soutenir .
Enfin , je citerai Angela Duval : «J'admets le bilinguisme (en Bretagne) . On ne peut obliger nos compatriotes du pays gallo à apprendre le breton , mais tous les bretons du pays gallo , désireux d'apprendre le breton , devraient pouvoir le faire » . Sources interview de André Voisin (un normand)
publiée par Roger Laouenan « Bretons témoins de leur temps » . Angela Duval 1974 éditions « nature et Bretagne » .
J'ajouterai ceci «Intron Varia Vreizh» poème qui se termine ainsi :
Dites- moi, Vierge bénie ,
Est-il au monde autre pays
Où soit nié la langue des ancêtres ,
Où les enfants soient chez eux étrangers ?
les Bretons pleurent
Et gémissent d'un tel malheur.
Est-il juste , Vierge Sainte
Que la mère parle à l'enfant
La langue étrangère : celle de l'oppresseur
Et délaisse la nôtre si belle ?
La honte nous recouvre ,
Vierge Marie ,
Nous sommes la risée du monde .
Recueil «Glanes» 1963. Anjela Duval , paysanne , poétesse , écrivaine .
Karantez vro ! Ne 'drokfen ket evit tenzorioù va bro , va yezh ha va frankiz ! Morse !
Xavier
Il faudrait donc que le pays gallo c'est à dire les assos organisent les leurs pour mesurer l'audience de ce mouvement auprès de la population ainsi que ces évènements en faveur du gallo lors de manifs .Certes , ce serait un moyen de se faire entendre également .Rien n'interdit cette liberté .
Chacun aurait alors la liberté de le faire sans arrières pensées ... au moins point de sujet de discordes si cela permet d'apaiser les choses .
Dire que le«gwen ha du» a été crée par : Morvan Marchal né en pays Vendelais ( Vitré , Fougères, La Guerche de Bretagne , Janzé ...et Gorron , Ambrières , Renazé ...) là où l'ont n'a jamais parlé breton du tout sauf exceptions mais le gallo . Ce drapeau est honoré par tous les Bretons et nous entendre nous quereller tels des chiffoniers !
Que pourrais -je ajouter qui ne soit mal interprété ? C'est navrant mais j'espère toujours une Bretagne unie en confiance ...
Biskenn eo da welout an emsaverien da rannan Breizh dalc'hmat ... ar re all o deus graet al labour lous endeo , emzivaded omp , oll ar Vretoned gant ur goll : bro Naoned ,ez-wir , siwazh !
je suis breton. père basse bretagn, (donc j’ai une grande tendresse et respect pour cette langue). mère du pays de rennes, donc intérêt pour le gallo.
mais des debats municipaux traduits en gallo c’est à pisser de rire. et qui a pensé que foutre des panneaux Vitré en breton était une bonne idee??!?
franchement, tout cà est bien ridicule. d’ailleurs, combien de locuteurs pour cette langue et ce patois ???!? kopeck. d’où le ridicule de ces debats de fous d’identité. pour sûr quelques barges!
Pour les Bretons idem , pour les Basques , ect ... Pour donc quelle raison les Jurassiens francophones ont- ils demandé la création d'un canton séparé du canton de Berne en suisse germanophone aussi ?
En outre, il faut s'interroger , pourquoi des gens tentent de faire de leur culture un domaine vivant qui perdure dans le temps et la vie quotidienne ?
Avec vous il ne vaut mieux pas être minoritaire en ce monde ...
200 000 Breton(ne)s utilisent le breton chaque jour , il y a une littérature , des publications , des chants , du théâtre en breton ....
Quant aux panneaux en breton à Vitré , je vous réponds simplement : pourquoi baptiser Monterblanc ce qui se dénomme Sterwenn en breton , Vannes issue de Gwened , , Belle Isle en Terre (je cherche toujours l'île) = Benac'h en breton primitivement , Guerveur devenue Belle-Isle ? ... Belle-Isle nom donné en récompense au Maréchal de Belle -Isle pour ses victoires et conquêtes en Lorraine sur le Saint Empire sous le Roi Soleil qui imposa de tels impôts insupportables aux Bretons qui se soulevèrent à Rennes , Nantes et en Cornouaille révolte dite des «Bonnets Rouges» .1685 .
Vous méprisez plus que vous ne respectez ces cultures (jargonneux , risible) , c'est votre avis ...et votre droit .
Si une langue ne trouve pas d'espace dans la vie publique ou dans l'enseignement elle disparaît . C'est ce que font des états trop nombreux dans le monde :ex : Chili , Argentine avec les Mapuches par exemple ...
Pourquoi , se donner tant de peines et d'argent pour reconstituer les langues(ex : étrusque , vieux slave..) , coutumes , us de civilisations passées en cherchant des artefacts et remplir d'ouvrages , d'objets les rayons des musées et les caves de la part des archéologues en mission ?
Pour faire grandir la connaissance qui s'oppose à l'ignorance sur un domaine culturel simplement découvrir les hommes qui nous ont précédés .
Champolion était-il barge (un peu farfelu , fou issu de barjo ) pour décrypter les hiéroglyphes ?
Sauf que le breton est vivant le gallo aussi et c'est une chance , un bibliothèque pour la culture chacune à préserver et rendre vivant .
C'est un dépôt considérable de nos aînés .
Si on additionne tous les peuples minoritaires de la planète Terre parlant une langue minorisée , çà fait beaucoup de monde et çà ferait des centaines de millions de« barge» ...
Ce qui m'étonne toujours , c'est de voir des Français qui s'extasient de voir des peuples différents sur d'autres continents au retour de leurs vacances qui parlent d'autres langues et qui ignorent que chez eux ils en demeurent toujours ... sans doute le syndrome de Moulinsart avec Tintin et Haddock qui cherchent le trésor dans les mers chaudes avec un engin sous -marin alors qu'il se trouve dans le château de Capitaine Haddock .
Allons un peu d'altérité et de tolérance seront plus constructives pour l'avenir . Les Breton(ne) défendent leurs langues d'autres le font ailleurs avec raison .
A nos ami(e)s Québécois qui luttent pour conserver le français et les langues des natifs vivants au Canada (dans toutes les provinces ) face à l'océan anglophone qui voudrait les y noyer . Respect à eux .
Eno eman an dalc'h !
Xavier
Je me souviens enfant avoir jouer dans un hameau Liscuit (= Lez Koad ) chez des cousins et au baulm qui accompagnait ces journées où la grande majorité des personnes y parlait breton ...en 1964 1966.
L'apprentissage c'est au quotidien et c'est bien ainsi .Merci .
Ken tuch . Xavier
Par ailleurs le gaélique est réduit aujourd'hui aux îles Hébrides, qui, comme les îles culturellement scandinaves des Shetlands et Orcades, demandent une forme de dévolution vis à vis de l'Ecosse. Le Scot est bien la langue de l'Ecosse, la gaélique est plutôt perçu comme un témoignage d'une influence irlandaise.
Le fait qu'ils se désintéressent (ou même sont opposés) de la réunification qui pourtant à priori les concernent en premier lieu est tout à fait symptomatique.
Cela montre aussi qu'il n'y a aucune conscience collective commun à un pays gallo qui va de St Brieuc à Clisson. Cela n'existe juste pas. Dans les cas du croate vis à vis du serbe outre la différence de l'alphabet utilisé qui est loin d'être anecdotique il y a tout de même une conscience nationale qui est primordiale (car effectivement à l'oral, le serbe et le croate c'est la même langue). Il n'y a pas de conscience collective gallo de Loudéac à Clisson qui viendrait relativiser l'absence de différence strictement linguistique entre le gallo, le manceau, le tourangeau et l'angevin par exemple.
Par ailleurs, j'ai l'intime conviction que plus il y aura une promotion d'un nov-dialecte gallo, plus l'on créera des divisions en Haute-Bretagne.
De nombreux linguistes ont classé les parlers du pays Nantais (Nord-Loire) dans un sous-groupe avec l'angevin, lui même faisant parti d'un «inter-groupe» de langues d'Oil de l'Ouest (gallo-manceau, angevin (dont Nord-44)...). Vu l'animosité géopolitique entre rennais et nantais, ils auront tôt fait si l'affichage linguistique devient bien visible de se différencier un maximum.
En allemand, Monastère se dit Munster (noms de villes en Allemagne, Alsace etc)
La Loire-Atlantique ne pourra bien évidemment pas en faire de même, car cela reviendrait à travailler avec le 35 sur l'élaboration d'une charte linguistique commune, avec une même graphie, une même norme. Alors même que le 44 est traversé par des influences patoisantes ligériennes et poitevines et ne fait pas partie de la région Bretagne.
Bien souvent la partie «Haute» est celle où se situe le gouverneur, le Parlement, la capitale (Haute-Bretagne, Haute-Normandie, Haut-Languedoc), parfois c'est le relief (Haute-Provence), d'autres fois il n'y a pas de raisons objectives.