C'est par un article du Télégramme«ce n'est pas la langue bretonne qui nous gêne, mais ses apostrophes».
Dans son esprit, les grammairiens bretons devraient sans doute adapter l'orthographe de notre langue aux machines de La Poste qui ne sauraient admettre que les apostrophes françaises dont chacun sait qu'elles sont différentes et font de ce fait partie de l'exception culturelle française.
Monsieur Amiard prend-t-il les Bretons pour des demeurés ? Depuis quand une machine refuse-t-elle les mots et les signes graphiques de la langue bretonne ? Ils ne dérangent en fait aucune machine numérique et donc pas le moins du monde le logiciel d'une machine de tri postal. Les ordinateurs du monde entier prennent en effet en compte depuis longtemps les caractères latins spéciaux des langues d'Europe (breton, espagnol, langues scandinaves, langues slaves…) et les langues écrites dans des alphabets non latins (japonais, chinois, arabe, cyrillique, arménien, hindi, etc…).
La sinistre plaisanterie de M. Amiard rappelle celle émise, à une autre époque pas si lointaine, par certains ennemis de la pluralité des langues qui avaient voulu faire gober aux esprits simples qu'il ne fallait pas parler en breton au téléphone parce que les fils électriques ne transmettaient pas les sons de cette langue !
Monsieur Amiard doit penser que les équipes municipales chargées de la dénomination des rues sont des esprits simples et influençables. Mais la Bretagne possède une toponymie bretonne tellement riche que la banalisation de nos bourgs avec des noms assimilables par ce Directeur postier le temps de son affectation serait tout simplement un pur vandalisme culturel. La langue bretonne ne saurait être traitée dans un statut inférieur par un quelconque service commercial et encore moins par un service qui se dit «public».
Pour "Bretons du Monde – OBE (Organisation des Bretons de l'Extérieur), monsieur Amiard n'a pas fait seulement une erreur, il a prouvé son incompétence et commis une faute grave qui doit trouver juste réparation. En attendant qu'il reconsidère sa position ou aille sévir ailleurs, notre organisation encourage vivement les décideurs municipaux, qui ne sont absolument pas aux ordres de ce monsieur, à ignorer de telles recommandations discriminatoires et à le faire savoir publiquement.
Pour le bureau de BdM-OBE, le président, Pêr Le Roux.
■J'aimerais toutefois apporter mon grain de sel en tant que programmeur. L'apostrophe est vraiment une source de problèmes en informatique. Vous avez sans doute remarqué qu'elle n'existe pas dans les adresses de courriel ou est très peu recommandable.
La raison vient du fait que dans les bases de données Oracle ou open sources comme mysql,et aussi des langages de programmation comme PHP ou C, l'apostrophe a une signification très précise. Elle signifie la fin d'une chaine de caractères. D'autant plus que dans le jeu originel de caractères (americain ASCII), l'apostrophe et le guillemet simple sont les mêmes. Si l'apostrophe et le guillemet simple avaient été différents on aurait pas eu tous ces problèmes.
Quoiqu'il en soit, les programmeurs doivent le plus souvent s'«échapper» du piège en écrivant ' au lieu de «'», ce qui signifie pour le logiciel: c'est pas encore la fin de la chaîne, continuer à lire le texte. La même chose peut être faite par les programmeurs de la poste. le scanner doit lire «aber vrac'h» et le transformer en aber wrac'h avant de continuer plus loin. A noter que le même problème se pose en français si quelqu'un écrit «l'aber vrac'h». Ce n'est pas un problème spécifique du breton et de toute évidence c'est une excuse de la poste pour franciser à outrance leur adresses. Les standardiser: avoir une seule version de l'écriture d'une ville ou d'un lieu. Il y a pourtant une solution : entrer les 3003 noms des communes de Bretagne à la fois en français et en breton. C'est en fait ce que je viens de faire pour le site de «bretons du monde» dont je suis chargé de la refonte. Quelq'un peut écrire son adresse en français ou en breton, dans les deux cas, la base de données prend en compte la bonne commune pour sa cartographie des inscrits. A ce titre Geobreizh devrait fournir à la poste la liste des communes bretonnes en breton. Cela pourrait les dépanner.
Les informaticiens de la poste semblent avoir choisi la solution de facilité : au lieu d'échapper l'apostrophe, ils ont décidé de prendre le mot clé qui suit, ce qui semble à première vue acceptable en français: par exemple «l'étang du verger» devient «étang du verger» mais entraine de dangereux raccourcis comme pour «Les sables d'Olonne» qui deviendrait alors «Olonne»-- si on en croit les dire de Yves Amiard qui nous dit que le scanner ne retient que ce qui suit l'apostrophe. Si c vrai la lettre arriverait à Olonne au lieu des Sables d'Olonne !
On a du mal à croire ces sornettes. Le scanner peut parfaitement reconnaitre les apostrophes et les programmeurs de la poste les «échapper», les prendre en compte en considérant aussi que les communes bretonnes ont deux orthographes possibles, une française et une bretonne.
Il est temps que la poste rejoigne le 21e siècle. Le siècle de google earth, de google maps et du GPS. Elle devrait mettre dans sa base de données tous les lieux dit bretons associés aux communes correspondantes en breton et en français mais surtout avec les longitudes et les latitudes correspondantes. Un nouveau facteur ou un remplaçant n'aura plus qu'a partir faire sa tournée avec son GPS.