Quand une Bretonne tisse sa toile : « Entre mes doigts le bonheur se faufile », le deuxième ro

Chronique publié le 2/07/14 1:26 dans Littérature par Sylvie Le Moël pour Sylvie Le Moël
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Après un premier livre déjà traduit dans plus d'une dizaine de langues (« Les gens heureux lisent et boivent du café » est d'ailleurs vendu dans 23 pays!) Agnès Martin Lugand signe ici son second roman, qui nous fait pénétrer dans l'univers de la mode et plus particulièrement dans un atelier parisien de Haute Couture, entre petites mains affairées et curieuse femme-tyran qui n'est pas sans rappeller le personnage de Miranda dans « Le diable s'habille en Prada ».

Iris, l'héroïne, quitte sa province natale (on peut très bien s'imaginer qu'elle habite une ville comme Saint Malo d'où est originaire l'auteur) pour tenter une conversion thématique dans la capitale, réalisant de fait, au grand dam de ses parents, son rêve le plus cher : celui de devenir couturière !

Avec un grand père maternel fourreur ayant ouvert un atelier à Saint-Servan, la malouine Agnès Martin Lugand est loin d'ignorer le monde de la confection et du luxe.

La trame, ourlée d'authenticité, va donc pouvoir se dessiner avec bonheur et être livrée au lecteur.

La romancière bâtit ainsi son ouvrage comme s'il s'agissait d'un long métrage, étoffant le scénario, point après point, scène après scène. Le motif se dessine inexorablement. A l'instar d'une styliste inspirée qui juxtapose 2 tissus différents en réalisant un surjet pour créer un ensemble harmonieux, Agnès combine au fil de l'histoire, ses connaissances de psychologue clinicienne -qu'elle fut durant 6 ans- et son don pour l'écriture. L'ensemble est harmonieux. On y remarque le canevas subtil des relations humaines, doublé de bouleversements, de ruptures, de fermetures et d'ouvertures soudaines, imprévues : « Des gens ordinaires qui vivent des situations extraordinaires modifiant totalement leurs vies » souligne Agnès.

Les changements inspirent l'âme celte et parfois vagabonde de celle qui habite à Rouen depuis plusieurs années, avec son mari et leurs 2 jeunes fils. Ses enfants et ses proches, comme pour tous les Bretons d'ailleurs- pour lesquels le mot famille résonne comme un cri de ralliement- constituent sa source vive, son point d'ancrage. Une base solide et permanente, à l'instar de la Tour Solidor, dont une gravure monochrome orne les murs de sa maison.

C'est en mère bienveillante et en fille prodige, qu'Agnès revient d'ailleurs au pays. « Le plus souvent possible », comme elle l'exprime avec fougue.

Telle la protagoniste d' « Entre mes doigts le bonheur se faufile » notre bretonne a fait le voyage à Paris pour y poursuivre ses études : un Master 1 et un Master 2 de l'Université Paris XIII. L'intitulé qu'elle choisit pour son mémoire, à savoir « Je suis devenue mère en m'exilant » est déjà, de par son titre même, prémonitoire de ses ½uvres à venir.

Si Agnès fut particulièrement à l'écoute de ses patients, elle prête à présent une oreille attentive au domaine de la chanson, soulignant que la musique, omniprésente dans sa vie, fait partie intégrante du processus de création : « La musique me porte au fil des pages et accélère le rythme de mon écriture », précise la mélomane. Laissons-nous donc porter par ce fil conducteur, en quête de chance, à la recherche de notre vraie identité, celle qui nous permet d'associer amour et épanouissement professionnel pour donner enfin (!) toute la mesure de notre pleine valeur. SLM

Éditions Michel Lafon

ISBN 13 : 978-2-7499-2209-6

333 pages

16,95 Euros

www.michel-lafon.com


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