Au-delà d’oppositions factices opposant parfois les «littoraux protégés aux littoraux sacrifiés», l’économie «résidentielle» à l’économie «productive», une belle étude du CESER transcende d’entrée ces dualités.
Dès son titre, elle prend pied sur une habile combinatoire et propose en fait diverses solutions et leviers pour dynamiser durablement les littoraux bretons. Il faut dire que l’enjeu est de taille. L’étude, dont Hervé Moulinier et Gilles Poupard sont les rapporteurs, rappelle que le seul liseré des communes littorales regroupe 36 % des Bretons. Mais elle souligne aussi que de 1975 à 1992, 14 des 20 communes ayant connu les plus fortes baisses démographiques sont précisément côtières. Tout l’enjeu est alors « d’aider au portage » et de «valoriser des projets» permettant entre autres de «transformer et de valoriser durablement les ressources marines biologiques». Si de multiples «freins» sont constatés, notamment ceux concernant la complexité administrative ou l’acceptabilité, le mérite de ce rapport est de proposer de multiples solutions concrètes et opérationnelles.
Parmi ces dernières, on remarquera notamment la richesse des solutions proposées concernant le foncier. Tout en prévenant bien sûr des risques liés par exemple à la submersion marine, un bilan plus précis et stratégique des espaces vacants est proposé. La création mutualisée de Zones Economiques Maritimes d’Intérêt Régional est aussi préconisée, de façon, sans doute en lien avec l’Etablissement Public Foncier Régional, que certains espaces locaux soient dynamisés et du coup portent des projets de dimension bretonne. Rien que sur ce sujet, de multiples autres idées sont promues (le crowdfunding pour aider au portage des projets et en favoriser l’acceptabilité, pourquoi pas des actions de type SAFER dans le domaine maritime, etc..).
Globalement, il s’agit donc de valoriser et de maintenir la dimension maritime du foncier littoral, d’autant que l’espace est attractif mais convoité et très difficilement extensible, sinon fini. De fait, le potentiel et les actions concrètes destinées entre autres à promouvoir les Energies Marines Renouvelables, les industries nautiques ou les biotechnologies sont aussi évoquées. La production agroalimentaire des produits de la mer est de 5 % en Bretagne contre 2 % en France et une belle cartographie agrémente le rapport, offrant par exemple ici une géographie inédite et porteuse de cette géographie industrielle mariant l’Armor et l’Argoat (Celtigel à Plélo par exemple, Olmix à Bréhan, Sica à St Pol de Léon, etc.). On comprend bien alors que l’originalité et le potentiel maritime concernent l’ensemble de la Bretagne avec une autre focale originale concernant les ports, dont une typologie est proposée et qui sont par nature les «pivots», sinon les «épicentres» du système productif maritime.
Au final, une étude particulièrement riche qui entre en correspondance avec le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable, sinon lui donne une autre dimension. En effet, on a craint à un moment pour l’échelon des pays, si emblématique de la Bretagne et que l’Etat reconnait difficilement alors qu’il est à l’évidence le périmètre correspondant pour l’essentiel à la vie des gens, à leurs représentations ou à l’essentiel de leurs mobilités. Or, le Schéma Régional breton vient de renouveler sa confiance pour cet échelon. Comme l’immense majorité des pays bretons est maritime, cette étude permet du coup d’embrayer la seconde et leur offre de multiples possibilités d’actions effectives. En lien avec la Région, un cap est désormais tracé et il va être désormais plus facile d’y renforcer et de coordonner différents projets.
Le Comité de rédaction de Construire la Bretagne (www.construirelabretagne.bzh)
Pour accéder à cette étude en ligne :
CESER Bretagne. MOULINIER (H.), POUPARD (G.) (rapporteurs). Produire ET résider en Bretagne, mai 2017, 135 pages : www.bretagne.bzh/jcms/prod_228288/fr/mer-et-littoral
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