Producteurs bretons de légumes, navire à gaz de Brittany Ferries, chantier naval de Saint-Nazaire

Dépêche publié le 22/09/14 12:03 dans Economie par Christian Rogel pour Christian Rogel
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Lignes de Brittany Ferries

L'Agence Bretagne Presse a raconté l'épopée de la création de Brittany Ferries par les légumiers de la région de Saint-Pol-de-Léon (voir notre article), les grands-pères de ceux qui viennent d'incendier le centre de finances publiques de Morlaix (voir notre article) . Ce n'est pas un souvenir à ranger sur les étagères, car la Société d'intérêts collectifs agricole (SICA), qui regroupe les légumiers, est restée actionnaire à 70% de la compagnie maritime, qui a Roscoff pour base principale, et emploie de nombreux Bretons sous pavillon français.

Le président du conseil de surveillance de Brittany Ferries, Jean-Marc Roué, un gérant de groupement d'agriculteurs de Cléder, a pris, en 2007, la succession d'Alexis Gourvennec, le meneur de la prise de la sous-préfecture de Morlaix en 1961. Après les grosses difficultés de 2012, le nombre de passagers a réaugmenté (2,3 M) et les comptes sont à l'équilibre pour 2013, tandis que l'année en cours s'annonce comme satisfaisante. La légère baisse du prix du pétrole y a contribué, car la consommation de carburants avait atteint jusqu'à 90 millions d'euros sur un chiffre d'affaires de 370 millions d'euros.

Cependant, la concurrence étant de plus en plus forte (Eurotunnel et aviation à bas coûts), la compagnie doit trouver des moyens d'économiser sur la consommation de fuel et de satisfaire aux exigences européennes de réduction des émissions de soufre. Elle a donc mis au point un plan de transition énergétique de 400 millions d'euros. Trois de ses navires les plus anciens (le «Barfleur», le «Normandie» et le «Cap Finistère ») vont être équipés de filtres à fumée qui permettront aussi la réduction de la consommation. Pour les mêmes raisons environnementales, les navires plus récents (le »Mont Saint-Michel«, le »Pont-Aven« et l' »Armorique") seront remotorisés pour fonctionner au gaz naturel liquide (GNL).

Plus révolutionnaire est le projet Pegasis (Power Efficient Gas Innovative Ship) qui consiste à financer sur les fonds propres de la compagnie un ferry innovant propulsé par du gaz naturel. La commande en a été passée aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire en janvier dernier pour un montant prévisionnel de 270 millions d'euros, afin de construire un ferry de 210 mètres de long, pouvant transporter 2400 passagers, 600 voitures et 40 camions et livrable en 2017.

Récemment, c'est le chantier naval qui annonçait qu'il différait dans le temps le début des travaux, parce que son client n'avait pas bouclé le plan de financement, ce qui provoqué une forte inquiétude chez les Nazairiens (d'autant plus que le chantier est en vente). Jean-Marc Roué a levé un coin du voile en indiquant que sa compagnie était à la recherche d'un prêt pas cher, mais, qu'en aucun cas, le projet n'était abandonné. Les enjeux pour Brittany Ferries, comme pour STX Saint-Nazaire sont immenses, car il s'agirait de se placer en tête de l'innovation, tout en consolidant des centaines d'emplois en Bretagne.

Les troubles en Ukraine ont montré que l'Europe ne peut vivre sans le gaz naturel que lui fournit la Russie (40% de sa consommation), mais, qu'en retour, cette dernière n'a que ses voisins européens comme clients possibles. La crise gazière rampante devrait donc trouver une fin par la recherche d'un modus vivendi. Il est donc probable que la principale source de gaz des navires de la compagnie bretonne ne pourra être qu'en majorité russe, alors même que le Kremlin a ordonné la fermeture de son marché à certains produits agricoles, ce qui impacte les producteurs de porcs bretons et aussi les légumiers de Saint-Pol-de-Léon (d'où l'incendie précité). Il est à noter que Redéo-Énergies, société bretonne de distribution de gaz créée en avril 2014 (voir notre article), compte aussi sur le GNL russe pour fournir les Bretons en gaz à bas coût. Un appoint au gaz russe peut être trouvé dans la méthanisation des déchets agricoles, qui est, maintenant, fortement aidée par l'État. On pourra donc voir les légumiers bretons dans un autre élément de la chaîne.

Une partie des solutions est entre les mains d'un État français, qui ne brille pas toujours, ni par sa réactivité, ni par sa clairvoyance. Jean-Marc Roué a noté qu'il y avait du mieux de ce côté. Il faut l'espérer car, ne pas être à la hauteur de ces enjeux aurait de graves conséquences, aussi bien pour l'emploi agricole, industriel et dans les services que pour la pérennité de l'hégémonie socialiste en Bretagne.

Christian Rogel


Vos commentaires :
Ed du
Jeudi 14 novembre 2024
INDÉPENDANCE!

Reun Allain
Jeudi 14 novembre 2024
A propos de Brittany Ferries, nos chers médias semblent hésiter à rappeler que ceux qui créèrent la compagnie transmanche furent aussi ceux qui s'étaient insurgés contre les décisions de l'état français. En particulier ces révoltes furent motivées par les positions anti bretonnes de Michel Debré auteur présumé de la constitution de la Vème République.

Nous savons tous que ce n'est pas l'acte fondateur de la décentralisation des pouvoirs et encore moins de la constitutions de Régions historiques autonomes comme peut l'être l'Ecosse.

Je suis assez surpris du peu de réaction du mouvement breton face à l'expression de colère des producteurs de la plus grande zone légumière de Bretagne. Laisserons nous l'exclusivité de la parole aux commentateurs parisiens, à leurs serviteurs ceux qui ne subissent aucun risque matériels lorsqu'une profession risque d'être rayée de la carte de Bretagne.
Les écolos de Paris se sont exprimés comme Jean Vincent Placé qui s'y connait en agriculture et appelant à plus de répression. Comme les autres il a appelé à la sanction des auteurs comme si leurs actes n'était pas la conséquence d'une sanction déjà subie. On croyait ces gens plus enclins à pratiquer la prévention que la répression après coup. Il y a beaucoup plus de producteurs de légumes qui se suicident que de sénateurs, on peut donc supposer qu'il y a moins de burn-out au palais de Luxembourg que dans les exploitations agricoles mais peut être qu'ils connaissent le stress alors comme je ne connais rien, j'en reste aux hypothèses.

S'il y en a une qui en connait un rayon c'est Marylise Le Branchu ; elle qui est du pays elle a manifesté sa solidarité. Avec qui ? Ministre des fonctionnaires elle a choisi son camp, les fonctionnaires contre les producteurs. Elle a appelé aussi à plus de répression contre ces manants qui osent défier l'autorités des Fermiers Généraux qui comme leur nom ne l'indiquent pas, ils ne tiennent pas une ferme de production de légumes mais ils en vivent quand même.

Le jours où nos fermiers généraux seront rétribués au prorata des profits obtenus par le travail de la terre dans la zone où ils collectent l'impôt, on peut prédire qu'ils se sentiront plus solidaires des vilains manants.

Il semble qu'on se dirige vers un automne chaud en Bretagne. Les premières éruptions étaient prévisibles, il ne faudrait pas que ceux qui causent dans le poste fassent semblant de le découvrir surtout après l'alignement diplomatique de Paris sur la politique d'Obama à propos de la Russie.


Louis Le Bars
Jeudi 14 novembre 2024
Il ne faut pas oublier quand même que l'Europe est moins dépendante de la Russie depuis que les Etats-Unis exploitent leur gaz de shiste.

SPERED DIEUB
Jeudi 14 novembre 2024
La carte des trajets commerciaux de la BAI est un démenti concret ,à ceux qui ne voient qu'une vocation exclusivement nordiste pour la Bretagne
Mais Louis LE Bars qu'avez vous donc contre les russes Poutine n'est pas la Russie ,et il n'est pas éternel
Les Etats Unis sont loin d'être une référence dans tous les domaines, quarante cinq millions de pauvres c'est pas mal aussi .Sur le plan commercial ils sont d'une agressivité qui dépasse la ligne rouge
Moi je préfèrerais une Europe fédérale de l'Atlantique à l'Oural,facteur de stabilité et indépendante des autres blocs ,alors que ce n'est pas le cas actuellement vu les diverses ingérences notamment celle des US qui contribuent à attiser le conflit ukrainien

Louis Le Bars
Jeudi 14 novembre 2024
@ Spered Dieub : la carte montre surtout que la Bretagne est de plus en plus «squeezzé» par la Brittany Ferries !

3 liaisons vers le Nord, 1 liaison vers le Sud et 6 liaisons non-bretonnes.

Concernant la Russie, au vu du contexte actuel (ou passé d'ailleurs : citez-moi un moment de l'Histoire russe qui pourrait nous servir de modèle ??), votre vision me semble particulièrement étonnante ! Je n'y vois que violence, totalitarisme, instabilité et impérialisme, et ça ne date pas de Poutine je vous l'accorde.


SPERED DIEUB
Jeudi 14 novembre 2024
Le rapprochement Chine Russie est une des con séquences de la politique trop partisane des occidentaux dans le conflit ukrainien ,cette union pourrait être inquiétante ,car elle pourrait réaliser le rêve d'Eurasie de Poutine ,voilà pourquoi stratégiquement ,davantage que pour des raisons démocratiques ,la grande Europe fédérale est une urgence
Les états unis et surtout la Chine ont des comportements bien plus impérialistes que la Russie,qui, elle se sentant à tort menacée défend sa zone d'influence ,et dans ce cas la peur peut s'avérer mauvaise conseillère
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