Le Printemps de Durcet aurait dû fêter ses 35 ans en avril dernier. Les festivités avaient été pourtant longuement préparées par les organisateurs bénévoles de la «capitale de la poésie» : les interventions dans les écoles des environs, la balade en lecture sur le Chemin des Poètes, la remise de son Prix Ribouillault, le «petit salon du livre de poésie» qui s'annonçait «grand» cette année... Ainsi que l'organisation pratique et l'intendance que cela implique : hébergement des poètes chez les habitants, repas, déplacements...
Tout a été annulé, comme tous les rassemblements culturels de ce printemps, avec de grands regrets. Mais la fête est reportée à l'année prochaine et n'en sera que plus belle.
De ce 35e Printemps fantôme, il reste cependant un livre qui «garde en mémoire vive» ces années en poésie, retraçant cette aventure humaine originale.
Les instigateurs et témoins de la première heure y racontent comment Durcet, village de moins de 200 habitants en 1986, est devenu «capitale de la poésie» le temps d'un week-end depuis 35 ans. On y apprend comment s'est organisé, en plein bocage normand, un «Printemps de Durcet» avant même la création nationale du «Printemps des Poètes» (qui lui a décerné le label «Village en poésie» en 2012). On découvre comment Durcet parvient à accueillir et héberger des poètes venant de toutes régions et à créer cette ambiance conviviale exceptionnelle tant appréciée.
Ce sont les intéressés eux-mêmes, «de tous les maillons de la chaîne», le fondateur et poète Jean-Claude Touzeil (dit le «père fonda») et les organisateurs de l'association, les bénévoles (appelés «hirondelles»), les hôtes et les accueillants, les poètes, les éditeurs, les accompagnants, les élus de Durcet, qui témoignent des moments forts et partagent leur expérience.
Pendant ces 35 années, 259 poètes, dont la liste est publiée, ont été accueillis au Printemps de Durcet. Parmi ceux-ci, beaucoup de Bretons, dont certains sont devenus des habitués : Guy Allix, Lydia Padellec, Jean-Albert Guénégan, Marie-Josée Christien, Nicole Laurent-Catrice, Chantal Couliou... Ils sont également si nombreux à avoir été «élus» sur les balises du Chemin des Poètes qu'on ne peut tous les nommer ici. Citons de mémoire, outre les précédents nommés, Gérard Le Gouic, Marc Baron, Franck Cottet, Jacques Josse, Erwann Rougé, Marilyse Leroux, Danièle Duteil, Christine Guenanten, Jean-Noël Guéno, Bruno Geneste, Jean-Pierre Boulic, Olivier Cousin, Cécile Guivarc'h, Gérard Cléry, Denis Heudré, Mérédith Le Dez, Louis Bertholom, Clara Régy, Jean-Claude Tardif... Des éditeurs bretons sont régulièrement les invités du «petit salon du livre de poésie» : Spered Gouez, La Lune bleue, Le Chat qui tousse, Isabelle Sauvage...
Dans l'esprit de dérision et de franche rigolade propre au Printemps de Durcet, on y trouve aussi la liste des lauréats du Prix Jacques-Bertin qui a récompensé de 1988 à 2005 «un jeune poète francophone ayant peu de choses à dire, au fond» (dont Patrick Jocquel, Jean Lanselme, Martine Caplanne et Julos Beaucarne, dernier lauréat), et du prix Claude-Ribouillault attribué depuis 2002 à «un poète décidément inclassable» (parmi les lauréats : Claude Ribouillault lui-même, Jean-Claude Touzeil, fondateur du Printemps de Durcet, Françoise Coulmin, Jacques Fournier).
On ne peut que conseiller à tous ceux qui organisent ou souhaitent organiser des événements autour de la poésie de lire ce livre, riche d'échos multiples et foisonnants, de témoignages concrets, illustré par de nombreux documents, photographies, programmes et affiches. C'est un exemple riche d'enseignements, à adapter aux contextes locaux.
Le livre peut être commandé sur papier libre à Jean-Claude Touzeil, 10 Chemin du Baux, 61100 Durcet. Chèque 12 € + participation au port 2 €, à l'ordre de : Association Printemps de Durcet.
A la même adresse, on peut aussi commander «Chemin des Poètes 2020» (les 16 poèmes «élus») au prix de 5 € + 2 € de port.
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