Simplement dit, il s'agit de l'auto-gouvernance et la souveraineté. Comme d'autres nations sans-Etat en Europe, par exemple la Catalogne, l'Ecosse et la Flandre, la Bretagne se trouvent à un carrefour de son histoire. Les vieux Etats-nations ne pourraient plus imposer leur langue et leur culture sur une autre population. D'ailleurs, la mondialisation fait en sorte que la nationalité, que ce soit espagnole, britannique, belge ou française, ne peut plus être imposée à une population. En effet, le sentiment d'allégeance devient de plus en plus un choix personnel, plutôt qu'une condition de naissance.
En même temps, la mainmise du jacobinisme centralisateur ne sert plus les régions, ni les peuples, tant est qu'elle ne l'ait fait, et l'efficacité de gouvernance au niveau régional est bien insuffisante. La 'région' Bretagne n'inclut même pas la Loire Atlantique, suivant un projet datant de l'Occupation. Combien de générations de Bretons de plus devront aller à Paris ou à l'étranger pour faire carrière, plutôt que de construire un avenir prospère sur place ?
C'est la raison principale pour laquelle l'indépendance est nécessaire : le pouvoir de gérer nos propres affaires pour un pays prospère pour nous et nos enfants ici, pas ailleurs.
Cette vision du nationalisme breton n'est basée ni sur la vengeance, ni la victimisation, ni le grief historique. Cela ne renvoie pas à un quelconque âge d'or, mais est plutôt tourné vers l'avenir, non utopique et meilleur.
Le nationalisme breton doit être un nationalisme civique, c'est-à-dire que tous ceux qui habitent sur le territoire de Bretagne sont des citoyens de plein droit, quels que soient leur héritage ethnique, leur langue ou leur pays d'origine. Il s'agit de la population habitant le territoire breton historique souhaitant trouver un autre chemin pour gérer les affaires, une voie qui les concerne plus, et de ne plus être dépendant d'un état sclérosé, archaïque, et inadapté aux habitants de Bretagne. La Bretagne n'est pas une chasse gardée parisienne, c'est une nation qui veut fleurir et prospérer avec ses propres moyens.
Mais comment devenir un état indépendant, tout en faisant partie du projet Européen ? Le chemin n'est pas évident, étant donné l'inflexibilité de l'Etat français pour accepter les mouvements indépendantistes.
Cependant, nous pourrions commencer à développer un Parti Breton qui comprendrait un nombre important de membres de la Loire-Atlantique, afin de peser sur l'Etat français à partir des frontières historiques de la Bretagne. En même temps, nous allons développer un projet constitutionnel cohérent et crédible, pour démontrer comment et pourquoi la gouvernance de la Bretagne serait meilleure : une Bretagne gérée par nous tous.
C'est un grand projet et rien n'est irréalisable. D'ailleurs, quand je parle avec les jeunes Bretons, je perçois une résurgence de l'appartenance culturelle, qui ne cessera pas d'accroître. En même temps, ils n'entrevoient aucun espoir à travers la politique française qui ne les inspire pas, bien au contraire. Tout cela va se poursuivre, et l'appartenance à l'Etat français continuera à s'effriter progressivement. Ca ne sera pas demain, mais peut-être d'ici quelques années la Bretagne serait libre de s'autogouverner selon la volonté du peuple.
Nous espérons ce monde meilleur, ce n'est pas forcément un rêve.
Dr. Mark McNaught enseigne le droit et le science politique à l'Université de Rennes, et membre fondateur de centre de recherche 'Constitutionalism for Europe and New European States' à l'université de Genève. Porte-parole de Notre Chance, l'Indépendance.
■On a déjà le nationalisme français pour nous faire croire que les hommes sont tous interchangeables et qu'une nation n'est qu'une vague idéologie que chacun est libre d'adopter. Aucun pays n'a un code de la nationalité aussi libéral, tout simplement car aucun n'y résisterait. Les Bretons sont un peuple, pas un ensemble d'apatrides unis seulement par le gwenn-ha-du collé à l'arrière de la voiture.
D'ailleurs, je ne comprends pas que M.Deléon qui nous a toujours mis en garde contre le début de substitution démographique que l'on observe sur le Golfe du Morbihan s'en fasse ici le complice idéologique.
@ Pôtr ar skluj,
Entièrement d'accord avec votre propos !
J'attendais une remarque pertinente à ce propos bisounours qui m'a fait bondir :
«Le nationalisme breton doit être un nationalisme civique, c'est-à-dire que tous ceux qui habitent sur le territoire de Bretagne sont des citoyens de plein droit (…)»
Merci à vous.
A la différence de Scotland, le mouvement nationaliste breton est tellement bas politiquement qu'il devrait être possible d'y aller franchement ?
A ma connaissance (sur ce sujet je reconnais qu'elle est faible) M. Deléon est le premier indépendantiste breton qui a osé y aller franchement. Les autres ont toujours été des artistes. Néanmoins j'attends toujours de lire un projet juridique et financier réaliste.
En droit le diable se cache dans les détails. Dr Mark McNaught est un juriste. Ce qui semble évident pour un expert juriste ne l'est pas pour 95% des gens.
Pour rendre les choses plus pratiques, je vais me permettre de mélanger constitution, code de la nationalité, lois et même jurisprudences (la Bretagne des temps anciens a eu le Common Law - si quelqu'un pouvait faire un article sur ce thème ).
Le texte controversé, je le nommerais Article 1.
Article 1
«Le nationalisme breton doit être un nationalisme civique, c'est-à-dire que tous ceux qui habitent sur le territoire de Bretagne sont des citoyens de plein droit,»
Après tout pourquoi pas, à condition qu'il y ait une suite. Est-ce que Dr. Mc Naught me suivrait ?
Article 2
Pas de double nationalité.
Cet article aurait une importance capitale et des conséquences qui rassureraient Potr Ar Skul et tout ceux qui n'y voient qu'utopie et idéologie.
Chacun sait que toute personne qui réside en Bretagne a une nationalité, elle devrait faire un choix.
Article 3
Un non résident qui justifient d'un attachement culturel avec la bretagne peut acquérir la nationalité. ( l'article 2 s'imposant évidemment - une commission de type conseil d'état serait sollicitée ).
Article 4
On acquière la nationalité bretonne par ses parents (Comme en Irelande depuis 2004 ou encore le modèle Suisse où c'est encore plus restrictif et amendé sur base de referendum ). Ce qui veut dire que l'article 1 ne serait appliqué que pour le début du processus. L'article 3 permettant de rattraper les retardataires.
*)
Ne pas confondre résidence et nationalité. C'est sur ce point que le projet juridique doit être cohérent avec la fiscalité et l'attractivité.
Une règle de base est qu'un résident étranger peut résider tant qu'il ne coute rien à son état d'accueil. C'est que vivent des milliers de français expatriés dans le monde entier. S'ils deviennent à charge ils seront expulsés vers leur pays d'origine.
Pratiquement les nombreux anglais qui ont choisi de passer leur retraite en Bretagne, ne peuvent pas devenir à charge de la France sous peine de se faire expulser. Pour eux aucun changement.
Dans l'hypothèse d'une indépendance, le rejet de la double nationalité que propose Damien Kern me semble raisonnable.
Un japonais sans aucune ascendance bretonne qui aurait étudié les langues celtiques et avec un doctorat de breton rentrerait selon moi dans les critères d'attachement culturelle. La jurisprudence s'adapte aux chiffres.
Il ne faut pas non plus se croire aimé du monde entier. On pourrait le voir en Europe, beaucoup de résidents catalans, y compris des espagnols catalans, ne demanderont pas cette nouvelle nationalité et resteront en Catalogne des résidents espagnols ou autres. Ce qui ne posera aucun problème.
Certains pays sont plus brutaux que le critère culturel (ex Canada). Un investissement de 2 millions $ et on obtient la nationalité.