Pourquoi je ne signerai pas l'appel d'une partie du monde agricole au président de la Républiqu

Communiqué de presse publié le 19/06/13 14:00 dans Agriculture par Jean-Luc BLEUNVEN pour Jean-Luc BLEUNVEN
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Le 31 mai dernier, j'ai été interpellé, comme l'ensemble de mes collègues parlementaires, par cinq organisations agricoles. Celles-ci nous invitaient à signer puis à renvoyer à notre président de la République une lettre afin de l'alerter sur la situation d'urgence dans laquelle se trouvent les métiers de l'agriculture et de l'agroalimentaire bretons.

Cet appel, lancé par ces cinq organisations, est significatif du désarroi de la profession agricole et de la perte de la capacité d'imagination de ce secteur qui fit les beaux jours de notre territoire. Pourquoi une profession, dont l'immobilisme est le premier facteur des crises que nous rencontrons aujourd'hui et qui n'a de cesse de convoquer, d'insulter, de dénigrer ses élus, trouverait nécessaire de faire appel au premier des élus de France pour venir la sauver.

Dans un contexte économique aussi tendu que celui que nous connaissons, la majorité parlementaire à laquelle j'appartiens se démène chaque jour pour préserver l'emploi sur son territoire. Concernant les problématiques liées à l'agriculture et à l'agroalimentaire nous sommes particulièrement vigilants sur les questions de distorsion de la concurrence ayant cours en Union européenne ; nous travaillons actuellement sur un projet de résolution européenne pour proposer un système d'étiquetage complet des produits alimentaires ; la simplification administrative est une préoccupation majeure de notre Gouvernement ; et le budget de la PAC a été maintenu pour les prochaines années, grâce aux négociations portées par notre ministre de l'Agriculture. En outre, la mobilisation des parlementaires bretons sur la question de l'écotaxe a démontré notre capacité à nous unir pour préserver les intérêts économiques de notre région.

Les élus finistériens travaillent et agissent dans les limites de leurs prérogatives. C'est essentiel, mais pas suffisant ; le secteur agricole en Bretagne sera sauvé avant tout par les consommateurs et agriculteurs bretons, par une nouvelle génération qui regardera les questions posées sous un autre angle. Le monde est devenu complexe et il faut l'accepter. Il faut d'abord ouvrir toutes les structures professionnelles aux différents courants et établir la possibilité de prises de décisions véritablement démocratiques.

La sclérose des organisations agricoles vient aussi de l'impossibilité de débattre réellement et de faire émerger une évolution des pratiques. Le monde agricole est devenu le symbole de la pensée unique qui empêche de voir le monde en mouvement. Or le monde bouge ; la mondialisation est une réalité avec des conséquences redoutables : travailleurs déplacés, distorsion de concurrence, normes complexes…

Rien ne fera reculer l'ouverture de l'Union européenne et la mondialisation. Le monde multipolaire et ouvert est la réalité. Toute tentative de s'en protéger signerait un appauvrissement généralisé.

Pourquoi le monde agricole continue-t-il de nier les conséquences environnementales des pratiques du productivisme depuis 30 ans ?

Pourquoi se glorifier de nos réussites passées quand l'échec du travail collectif et des filières est aussi net pour les producteurs ?

Pourquoi ne pas voir que certains réinventent l'agriculture hors des sentiers battus et n'attendent pas de reconnaissance alors qu'ils sont l'avenir de l'agriculture ?

Les leaders sont fatigués. J'appelle donc les jeunes à investir les organisations agricoles et à poser un nouveau regard sur la production.

J'assume cet appel et je continue à travailler pour favoriser le débat dans le Finistère, en organisant notamment des réunions publiques sur les différentes questions qui se posent aujourd'hui aux agriculteurs et aux consommateurs.


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