Pour l'été 2010, E. Leclerc invente une Bretagne B3

Dépêche publié le 20/07/10 19:52 dans Economie par Gilles Delahaye pour Gilles Delahaye
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Premier catalogue.
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Les magasins en B3.
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les magasins en B3.
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Deuxième catalogue. Le culturel.
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Les événements culturels en B3.
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Les magasins Espace Culturel.
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Les Galettes de Saint-Malo – pourtant adhérentes à Produit en Bretagne – présentent une carte B4...

B c'est Bretagne, et le chiffre suivant, la géographie variable du nombre de départements considérés... pour les non-initiés.

Ainsi B4 est la région française, la Bretagne administrative à 4 départements sans la Loire-Atlantique ; B5 est la Bretagne entière à 5 départements avec donc la Loire-Atlantique, comme toujours jusqu'à la deuxième guerre mondiale.

B5 existe réellement et est vivante pour beaucoup d'associations culturelles, sportives, d'instances culturelles, d'entreprises, de partis politiques... et de Bretons et autres habitants de France et du monde, qui font fi du « mur ».

Mais la Bretagne cet été, pour l'opération séduction de E. Leclerc, c'est trois départements... : Côtes-d'Armor, Finistère et Morbihan.

J'ai trouvé dans le Finistère deux brochures publicitaires E. Leclerc :

1 – « Envie de Bretagne. Le meilleur de votre région » du 13 au 24 juillet 2010. Catalogue de 48 pages format A4 d'offres de produits bretons, alimentaires, vaisselle et matériel de cuisine, vannerie, équipements automobiles, jeux, textile et vestimentaire, tous ou presque estampillés Bretagne par triskells (dont certains à l'envers...), Gwenn ha Du ou encore hermines. Un choix varié, alléchant par lequel les acheteurs peuvent contribuer à maintenir des emplois en Bretagne (on se souvient du slogan “Vivre et travailler au pays”, né dans le Larzac dans les années 70) en y renforçant l'ancrage des entreprises.

2 – « La Bretagne, aussi pour sa culture », du 12 juillet au 14 août 2010. Catalogue de 12 pages format plus petit (16 x 24), avec « Livres, CD, DVD sélection 2010 », dont un volet « Espace culturel partenaire de Produit en Bretagne », en pages 6 et 7 où sont proposés les prix Culture et Création de cette association d'entreprises. En dernière page, un été en musique, « la billetterie E.Leclerc vous propose les Grands Événements Culturels de l'été ». Carhaix, Quimper, Penvenan, Vannes, Brest, Malestroit, Landunvez, Crozon, Lorient, Saint-Malo et Landerneau sont sélectionnés.

Les offres sont dans des magasins des trois départements de l'“Ouest breton”

Pour le premier catalogue, les Centres Leclerc qui participent sont onze en Côtes-d'Armor, vingt-et-un en Finistère et six en Morbihan. Pour le deuxième, cinq en Côtes-d'Armor, onze en Finistère et un en Morbihan. (Voir photos). Ce qui manque, dans « les Grands Événements Culturels de l'été », ce ne sont pas les Tombées de la nuit de Rennes terminées avant l'opération, mais ceux de Loire-Atlantique, comme les Nuits Salines de Bourg-de-Batz...

Plusieurs questions

L'Ouest breton ? Faudra-t-il trouver un nouveau nom pour cette Bretagne peau de chagrin ?

Les établissements Leclerc ne pourraient-ils pas en profiter pour lancer leurs promotions sur toute la Bretagne ? D'autant plus qu'ils s'associent à « Produit en Bretagne » qui couvre, on le sait, toute la Bretagne.

En y incluant des produits de Loire-Atlantique qui se sont toujours affirmés bretons et fabriqués en Bretagne...

Les gestions des magasins sont indépendantes, mais tout de même, il pourrait y avoir une ligne de conduite en ce sens... Des produits bretons vantés en Loire-Atlantique (et en Ille-et-Vilaine, tant qu'à faire, oubliée) se vendraient bien aussi. De nombreux touristes s'y savent en Bretagne.

Faut-il s'attendre à ce qu'un jour les Centres Leclerc de Loire-Atlantique se mettent à faire une promotion des « Produits en Pays de Loire » ? Croisons les doigts...


Vos commentaires :
François Martin
Lundi 23 décembre 2024
Quelque part, un tel marketing territorialisé n'est pas étonnant : depuis longtemps, cette partie de la Bretagne est en effet considérée par la majorité des gens comme la «vraie Bretagne» (encore entendu cette expression absurde le weekend dernier). Comprendre par là la partie de la région qui parlait (et parle encore un peu) la langue, dont les anciennes traditions ont survécu jusqu'à aujourd'hui, et qui donne cette image d'authenticité que cherche vraisemblablement à vendre la grande surface en question. Même si un nombre plus ou moins important de personnes (hors lecteurs ABP a priori) savent que des parties du Morbihan et des Côtes d'Armor ne font traditionnellement pas partie de cet ensemble, il importe peu pour une grande marque de distribution de pousser sa stratégie marketing aussi loin dans le champ géographique & historique. La notion artificielle de département ayant pris le pas sur la notion de Basse et Haute Bretagne depuis belle lurette, la campagne de pub s'avèrera plus lisible pour le consommateur lambda, et donc plus rentable pour E. Leclerc, en utilisant des limites administratives connues. Et tant pis pour le 35 ou le 44 qui, dans l'inconscient, ne font pas réellement partie de cette «vraie Bretagne». C'est d'ailleurs tout le malheur (en tout cas depuis le renouveau d'une image positive de la Bretagne) de la partie traditionnellement non-bretonnante de la région...

Yann Servais
Lundi 23 décembre 2024
La sortie de ce catalogue promotionnel amputant sérieusement la Bretagne est probablement liée à l'organisation des magasins «E.Leclerc». En effet, les magasins sont regroupés par zones géographiques propres à l'enseigne et qui correspondent aux centrales d'achat. Il en existe 16 en France et la Bretagne en possède 2 sur son territoire. Dans le cas présent, il semble bien que le catalogue qui fait débat a été initié par la centrale Leclerc «scarmor» basée à Landerneau. Elle regroupe 38 centres Leclerc du Finistère, d'une partie des Côtes-d'Armor et du Morbihan. Les autres magasins bretons sont regroupés autour de la centrale «Scaouest» à St Etienne-de-Montluc en Loire-Atlantique qui a peut-être créé un autre catalogue spécifique à sa zone de chalandise.

Jean-Pierre Stephan
Lundi 23 décembre 2024
L observatoire des «media» se penche sur un imprimé publicitaire !!! Un peu de serieux, si la publicité devient une référence, on touche le fond.

Prigent Michel
Lundi 23 décembre 2024
Cette Bretagne «commerciale» aurait du s'appeler «Ouest-Bretagne» (Basse Bretagne semblant dévalorisant)...bon admettons, mais celà ajoute à la confusion.

Autrement plus gravissime est ce bouquin «Fouilles et découvertes en Bretagne» produit par les «chercheurs» fonctionaires de l'Etat et les «scientifiques» de l'INRAP,(Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) et paru aux editions Ouest France...comme par hasard.(Voir le site internet «académia-celtica»).

Dans ce bouquin négationiste, la carte de la Bretagne B4 sert de référence aux «recherches» y compris depuis les temps pré-historiques et la période gallo-romaine alors que la Bretagne n'existait pas.

A aucun moment dans ce bouquin revisioniste, il n'est fait mention de la Loire-Atlantique en Bretagne; Le roi Waroch (vers l'an 600) a des résidences en pays de Guérande et en sud-Loire, Alain Le Grand fait de Nantes sa capitale (de quoi ?) dans «l'estuaire de la Loire», Guérande est situé en «Basse-Loire», La carte du Duché d'Anne de Bretagne est ...B4, Rennes est la plus grande ville du Duché (peut-être à l'époque). La vérité je vous dis, rien que la vérité.

Bah, après tout Staline faisait bien disparaître des personnages sur les photos en plus de l'élimination physique, sa spécialité.

Rassurons-nous, il n'est pas prévu de confier à ces «revisionistes historiques» une recherche sur la Shoah.


Caroline Le Douarin
Lundi 23 décembre 2024
Monsieur Stéphan Un peu de sérieux vous-même. Selon le Petit Robert 1, éd. 1988, page 1173 :

MÉDIA : Tout support de diffusion massive de l'information (presse, radio, télévision, cinéma, publicité, etc.)...

CQFD l'OMEB a raison.


Jean-Pierre Stephan
Lundi 23 décembre 2024
Si l'observatoire des media n'a pas de «media» plus serieux que les catalogues Leclerc à «observer», pauvre de lui. Réduire l'idée d'une entité géographique comme la Bretagne au marketing d'un epicier est un peu decevant. C'est donner trop d'importance à M. Leclerc. Je suis sûr qu'il y a d'autre media plus serieux à observer. Sinon il y a aussi le catalogue Lidl

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