Politique maritime : les candidats à la présidentielle interrogés

Rapport publié le 17/04/12 22:49 dans Elections 2012 par Louis Bouveron pour Louis Bouveron
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Le CMF (Cluster Maritime Français) et l'IMF (Institut Maritime français) ont réédité leur opération de 2007 en sollicitant les principaux candidats à la présidentielle afin de connaître leur politique maritime et portuaire. Seuls 4 candidats ont répondu sur les 6 sollicités, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon n'ayant pas donné suite.

François Bayrou : une stratégie maritime globale pour l'exploitation raisonnée de la mer

Le candidat du Modem à la présidentielle pointe l'absence de stratégie globale en matière de politique maritime et souhaite intégrer cette dimension dans le commissariat aux stratégies qu'il veut créer, et éventuellement même dans un grand ministère de la Mer et de l'Outremer, pour acquérir une capacité de maîtriser le secteur, de capitaliser des sociétés, de financer une R&D. Il espère capter 10% du marché mondial afin de créer 300.000 emplois, sans plus s'avancer sur les domaines où il compte les gagner. Soulignant l'une des fiertés de la France que sont la construction et la réparation navale, il souhaite les soutenir par le développement de la recherche, et compte adapter la coopération européenne sur les mers, notamment pour garantir la sécurité des transports de marchandises et des frontières maritimes française, mais sans remettre en cause les dispositifs existants. Enfin, pointant l'absence d'une situation budgétaire favorable, il refuse de prendre l'engagement d'un second porte-avions et souhaite renforcer l'exploitation raisonnée des ressources de la mer, par l'énergie (hydroliennes) mais aussi des gisements sous-marins, la pêche et le plancton.

François Hollande : redéfinir une politique maritime forte pour s'affirmer comme puissance maritime

Le candidat socialiste débute sa réponse en indiquant que « l'affirmation par la France d'une ambition maritime est une exigence, une nécessité pour construire notre avenir. Il plaide pour une politique maritime de l’État intégrée pour renforcer l'action de l’État, mais aussi ses réponses régionales. S'appuyant sur l'échouage du TK Bremen, il propose de redéfinir la protection des côtes et son financement en développant la coopération européenne et en essayant de trouver des « moyens d'éviter la circulation des navires près des côtes, ce qui est loin d'être la panacée puisque l'Erika était très au large, presque aux limites du plateau continental, lorsqu'il a sombré en 1999. Par ailleurs, il souhaite que l'espace maritime français, les 11 millions de km² de la Zone économique exclusive, soient développées de façon durable. Le candidat socialiste indique qu'une fois au pouvoir, il développera le cabotage et les relations interurbaines […] la revalorisation des installations portuaires délaissées, mais aussi la recherche en matière de bateaux sobres et propres donc écologiques en matière de construction navale. En matière de pêche, il s'engage à s'opposer fermement aux propositions visant à mettre en place des quotas individuels transférables. Pour l'énergie, il se place dans la continuité de l'exécutif actuel en affirmant vouloir faire de la France le leader européen des énergies maritimes renouvelables impulsée par les appels à projet de l’État.

Eva Joly : la France doit se tourner vers la mer et respecter ses engagements internationaux

La réponse de la candidate écologiste aux présidentielles se veut moins programmatique et plus vive que celles des autres candidats. Elle s'engage pour un ministère de la Mer et appelle au respect des engagements européens et internationaux, par exemple par l'application de la directive-cadre sur l'Eau. En matière d'énergies maritimes renouvelables (EMR), elle pointe le manque de moyens consacrés (150 millions d'€ sur 10 ans) par rapport au nucléaire (760 millions d'€ par an) en souhaitant accompagner sur plusieurs plans (formation, recherche, diversification industrielle) le tournant vers cette nouvelle source d'énergie. Eva Joly souhaite impulser, au niveau européen et national, une amélioration des conditions de vie, de travail et de compétence des équipages, meilleur garant de la sécurité des navires et créer, via une conférence européenne, une réflexion et une prise en compte des enjeux spécifiques liés aux très grands navires (TGN). Pour sécuriser le trafic le long des côtes et assurer le financement des équipements existants, elle propose une redevance assise sur le poids du navire et la dangerosité des marchandises, à la façon de la taxe de survol qui existe pour les avions. Enfin, le développement durable est au cœur de son projet de société.

Nicolas Sarkozy : Continuer la politique entreprise depuis 2007 afin d'affirmer la stratégie maritime de la France

Enfin, la réponse du candidat-président présente les initiatives prises depuis 2007 afin de renforcer l'intégration de la politique maritime de la France et se place dans leur continuité, faisant plus un bilan qu'un programme, du reste. Cette politique maritime intégrée concerne aussi la capitale appelée à s'ouvrir sur la mer par le développement de l'Axe Seine. Il indique qu'en 2007, 45 missions de l’État en mer ont été définies et défend les efforts entrepris au niveau européen afin d'éviter de nouvelles catastrophes maritimes, indiquant comme objectif qu'à terme, la France contrôle l'intégralité des navires faisant escale dans ses ports. Au sujet de la pêche, il affirme que le plan de 15 mesures pour une pêche durable et responsable (2008) auquel 300 millions d'€ ont été consacrés et la loi de modernisation de la pêche et de l'agriculture en 2010 ont contribué à rendre plus compétitive la pêche française et qu'il veut défendre une politique européenne de la pêche forte, à l'image de la pêche agricole. La même politique d'amélioration de la compétitivité a été voulue dans la réforme portuaire de 2011 ou dans les efforts entrepris dans l'Outremer. Le paragraphe 10 sur le nautisme, manifestement inachevé, ne développe pas la déconstruction des unités de plaisance (la démolition et le recyclage des bateaux) nommée dans le titre. Enfin, le président-candidat s'affirme pour le soutien de la plateforme d'innovation « France énergies marines » sans donner les moyens qui seront consacrés à cette structure installée en 2013 à Brest.


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