«CREDO»
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je crois à l’opacité solitaire
au pur instant de la nuit noire
pour rencontrer sa vraie blessure
pour écouter sa vraie morsure
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je crois à ces chemins
où le corps avance dans l’esprit
où l’on surprend
le bruit de fond des univers
par ces yeux
que la nuit
a pleurés en nous
par ces yeux que la vie
a lavés en nous
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je crois comme Trakl
qu’on peut boire le silence de Dieu
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je crois
qu’il faut habiter la lumière
par un long questionnement
sans réponse
je crois à Zoran Music
dessinant ses fagots de cadavres
sur de mauvais papiers
trouvant encore la vie
au fond du désarticulé
au fond de l’incarné
au fond de l’éprouvé
exorciste
vertical
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je crois aux cassures
de fièvre
aux sursauts de nuit
aux césures de nerf
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je crois
qu’il faut prendre appui
sur le vent
s’agenouiller en mer
et se vouer
à l’infini
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je crois qu’il faut penser
comme chute une météorite
comme pleure une étoile-mère
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qu’il faut saisir
l’intime conscience de son désastre
pour commencer
à vraiment sourire
pour s’aventurer
au plus bleu du bleu
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Zéno Bianu «Infiniment Proche Le désespoir n’existe pas» Gallimard, 2016
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Tcheky Karyo dit ce poème Credo de Zéno Bianu
Emission France Culture Zeno Bianu - Tcheky Karyo (voir le site)
Bio Zeno Bianu auteur et poète, Prix Robert Ganzo pour l'ensemble de son oeuvre.
Interview Monde en poésie / Zeno Bianu (voir le site)
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