«Le 3 octobre»
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Ciel pur que traverse un pigeon,
arbre que ne dépouille pas l’automne,
que sa rousseur seule effleure,
que la lumière exalte au matin,
la première fumée ondule, légère
s’incline à peine dans la quiétude du jour
et les oiseaux s’ébattent à petit bruits.
Hésite-t-elle sur son axe, l’année ?
Non, au seuil de l’automne elle se drape
de bleu et d’or, de vert feuillage,
dépouille de l’été. Elle vous tient
ferme la main dans ses doigts lumineux,
vous conduit vers l’inéluctable hiver.
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LA MER DANS LE CIEL
Ciel où la mer s’entrevoit :
c’est un bleu pâle entre deux nuages
et c’est le ciel sur la mer
ainsi qu’il est vu au matin :
la plage est déserte encore,
un chien court dans le sable humide
où les pattes des goélands
sont les seuls hiéroglyphes :
douceur du bruit réitéré
du flot qui se retire
ou remonte, on ne sait trop :
on a l’éternité devant soi
avec la plage, une ondée
et le soleil et la nage :
le temps semble arrêté qui court
et vous rattrape quelque jour,
quelque année dans une chambre
où l’océan est le fil bleu
tiré entre deux nuages.
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PAUL DE ROUX « Entrevoir » Poésie /Gallimard
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Paul de Roux 1937-2016 est un écrivain, poète et traducteur contemporain
(ne pas confondre avec Paul Roux, et Saint-Pol-Roux)
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Bio Editions Gallimard (voir le site)
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Paul de Roux lu par Matthieu Baumier, Revue « Recours au poème » (voir le site)
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