D’ici, peut-être, tu pourras voir le poème
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Le secret c’est l’ombre. Et le secret de ce secret c’est la lumière. Le vrai miracle est ce qui est. L’accomplissement du séjour. Ne pas se fier à son apparente immobilité. La vie jaillit de toute part (…)
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Le séjour de l'éveil est dans la clarté de l'esprit, dans cette lumière irradiant toute chose de sa présence. Toute chose n'a lieu qu'en son séjour. Partout circule l'énergie, aucune chose ne serait sans elle ; mais la pierre, la fleur, la terre ne se prennent pas pour autre chose qu'une manifestation de cette énergie. Seul l'homme pense être quelqu'un, se détache de sa source jusqu'à l'oublier.
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Et après cela, plus rien. Ne reste que l’oiseau. Une phrase qui chante seule sur sa branche. Une couleur perchée sur l’arbre d’un songe. Un bruissement de feuillage. Un vol qui rebondit. Mais la courbe de ce vol, l’inflexion singulière de ce chant, ouvre en nous un espace élargi.
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Je vais aller où je ne suis jamais allé, là d'où je ne suis jamais parti. Revenir au séjour que je n'ai jamais quitté. Ce lieu abstrait, comparable au ciel immense, vide, lumineux, sans limite ni contour. Il n'est que de se retourner vers lui, vers ce que fondamentalement nous sommes. Retourner le regard vers sa source. Plonger dans la fontaine obscure d'où surgit le regard. Devenir ce qu'il n'a jamais cessé d'être. Une lampe allumée dans la nuit des tempes. Car le ciel n'est rien d'autre qu'un regard.
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Les choses et le monde sont au séjour ce que les mots et la parole sont au silence. Le silence est le séjour des mots. Le séjour est le silence du monde. Il est ce qui entend derrière l'oreille, ce qui voit derrière les yeux, ce qui sent à travers la peau. Pas de timbre sans silence, pas de teinte sans lumière et sans vie nul frémissement.
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«Le Séjour» Jacques Goorma Editions Arfuyen
Bio JACQUES GOORMA sur Wikipédia (voir le site)
Site des éditions Arfuyen (voir le site)
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