.
.
.
Ils sont les gens comme ça va.
Un peu balourds, un peu fluets,
tantôt sûrs de leurs coups, tantôt
déboussolés,
passant au gré des circonstances,
des rires aux larmes,
des alarmes aux sourires,
et ils longent les fleuves..
.
.
.
Parfois, ils ont l’air ailleurs, dans un recoin du jour,
ils ont troqué
l’agitation sordide contre le silence des herbes,
ça fait toute une occupation.
Comme l’art de fixer sur le dos de la main
un bref instant de coccinelle.
.
.
.
Écoutez-le.
.
Écoutez le cœur des gens.
.
Il est gros
de beaucoup de mémoires en éclats.
.
S’il se laisse écouter,
c’est qu’il aime sentir une oreille amie
se poser contre lui, quand vient le soir.
.
On ne sait plus bien alors
qui du cœur ou de l’oreille
raconte à l’autre la belle histoire sans fin
avant de s’endormir pour de bon.
.
Sans doute faut-il les deux ensemble,
inséparables compagnons de pulsation,
pour recoudre l’histoire entière.
.
.
.
Il y a pour eux la neige,
son enveloppe singulière
qui redessine les paysages à pas de loup.
.
Sous le tamponnage des bruits, quand elle
s’étend de tout son blanc,
on se sent rapetisser
comme des flocons revenus de l’enfance,
traces de givres passagères sur le bout du nez.
.
une étoile brillante de trois fois rien
qui s’accroche
à la branche du maître séquoia.
.
La neige aussi. Elle donne le droit
de traverser le champ,
parce qu’elle a recouvert
les territoires et les limites,
et qu’on marche d’un pas appliqué
sans blesser les pousses.
.
Et ils ont en commun ce champ qui réverbère
à noyer les regards, quelques fruits secs
et l’âne à juste distance
qui ne se laisse pas toucher
.
.
.
Dominique Sorrente, Les gens comme ça va, Cheyne 2017
pages 15, 45, 67, 74,75
.
.
.
Bio Dominique SORRENTE, auteur et poète contemporain.
Maison des écrivains : (voir le site)
Site des éditions Cheyne
Le Scriptorium fondé par Dominique Sorrente à Marseillle
■