Poème Angèle Vannier

Chronique publié le 1/06/17 23:31 dans Cultures par Brigitte Maillard pour Brigitte Maillard

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus

Les soirs où les bergers m'appelaient dans la ronde

Pour passer le furet de ma main dans leurs mains

Furet des bois jolis furet des vieux jardins.

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Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de chênes avaient appris à mon corps nu

Cette haute caresse où l'écorce connaît

La façon d'arracher aux jeunes filles blondes

Des gouttes de bonheur de quelque sainte plaie.

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Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de bêtes avaient partagé mon cœur nu

Dans les hautes futaies habitées par la lune

Trop de sangliers forts à renifler l'oronge

Trop de biches mes sœurs effrayées par leurs songes

Trop de martins-pêcheurs gonflés d'humides chants

Délivrés par leurs becs en baisers trop savants.

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Je suis née de la mer et ne le savais plus

Mais l'homme au bras marin me parla de l'écume

Et l'humus des forêts fut le sable des dunes

Et les bergers laissant leurs troupeaux de moutons

Au premier loup venu gardèrent des poissons

Le nez du sanglier fouilla le goémon

La biche apprivoisa chaque lame de fond

Et les désirs des fûts chantèrent un navire

Que les oiseaux pêcheurs voilèrent sans rien dire

De leurs ailes tendues à des ciels inconnus.

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Je suis née de la mer et ne l'ai reconnu

Qu'au bras de mon amour et ne l'oublierai plus.

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Angèle Vannier «Choix de poèmes» ed.Seghers 1961

Extrait «Demeure d’Angèle Vannier» Nicole Laurent-Catrice

Editions Sauvages 2017

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Angèle Vannier 1917-1980, poète, devient aveugle à l’âge de 22 ans.

«Je pris la nuit comme un bateau la mer» dira-t-elle.

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Découvrir Bio Angèle Vannier (voir le site)

et sur le site Francopolis (voir le site)


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