Dans son numéro d'aujourd'hui qui reprend en première page les vieux classiques de l'été, «Les femmes de pouvoir», le nouvel obs présente une liste Diane de Poitiers,Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Anne d'Autriche, Madame de Pompadour, Marie Antoinette et.... Carla Bruni. Le choix en vaut un autre, et pourquoi pas. On remarque au passage qu'il n'est pas si fréquent de voir citer Anne de Bretagne, qui d'habitude est plus associée à un pouvoir perdu et on va voir ce qui en est dit dans ce grand hebdomadaire. Et là, surprise !: sur 5 pages pleines le nom d'Anne de Bretagne n'est pas cité une seule fois.
Alors on cherche une explication rationnelle, certes il s'agit de l'histoire du royaume de France, mais Anne fut également reine de France, alors doit-on encore céder à la paranoïa et pencher vers un ostracisme anti Breton.
Il est vrai que l'on parle beaucoup d'Anne de Bretagne, de son cœur qui repose au château des ducs de Bretagne qui est à Nantes, qu'un rock opéra de qualité éponyme y a récemment réuni plus de 6000 personnes, que l'on parle beaucoup de redécoupage territorial, de réunification de la Loire Atlantique avec la Bretagne....
La raison en est sans doute plus simple, et vient vérifier ce que relevait Yann Queffelec sur les Bretons ( voir article précédent) Bécassine ne pouvait s'exprimer en l'absence de bouche, et cette fois on place la barre plus haut, Anne de Bretagne ( et sans doute à travers elle la Bretagne) n'a pas d'existence.
Il n'y a sans doute rien de malveillant dans tout ça, du moins on ose l'espérer, non c'est pire une indifférence qui confine encore trop souvent au mépris. On peut également s'interroger sur le poids des convenances intellectuelles qui font que lorsque l'on parle de choses sérieuses, mais si elles demeurent anecdotiques, la Bretagne ne pourrait être partie prenante.
Rien n'obligeait le nouvel obs à mettre en première page Anne de Bretagne, en revanche lorsque c'est annoncé il est pour le moins étrange de pas aborder le sujet dans l'article, ce ne serait pas de la publicité mensongère ça?
D'un autre coté peut être est-ce mieux ainsi, cela permet d'échapper au refrain de la Duchesse en sabots ou pire.
Mais saluons néanmoins la prouesse, l'histoire officielle existe, et le nouvel obs l'applique, attendons maintenant les articles de la rentrée ou l'on abordera la question des collectivités territoriales.
Pour ceux qui pensaient que l'identité bretonne recouvrait dorénavant une réalité apaisée ceci fait partie des (petits ) signes qu'il n"en est rien.
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