Plus de 25 000 Bonnets Rouges à Carhaix : un succès sans précédent pour faire bouger l'État fra

Reportage publié le 30/11/13 23:25 dans Economie par La Rédaction pour La Rédaction
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C'est entre 25 000 et 30 000 bonnets rouges qui se sont rassemblés aujourd'hui à Carhaix sur le site du Festival des Vieilles Charrues, avec une logistique prêtée pour l'occasion et le concours de 130 bénévoles aguerris et familiers des grandes foules. Loin des forces de l'ordre et dans une ambiance festive animée par Dom Duff, Gilles Servat, Gwenynn, les frères Morvan, Plantec, il n'y a eu aucun débordement.

C'est un incroyable résultat d'avoir fait venir plus de gens qu'à Quimper. (voir notre article)

Le plateau des orateurs du Collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne, qui était l'organisateur, était composé de manière à faire place à toutes les professions et à tous les secteurs professionnels impliqués.

Des Bretons ont inventé le stéthoscope, l'hélice et peut-être l'aviation (1), mais d'autres ont inventé le rassemblement qui est à la fois une manifestation politique, mais, aussi une représentation très rythmée avec ses moments de gravité, de culture, d'histoire et de convivialité, bien dans la tradition du Kreiz Breizh (Centre Bretagne).

La foule, dense et motivée, répondant aux membres du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », a sifflé le président François Hollande et soutenu les membres du collectif demandant la suppression de l'écotaxe et le maintien de la gratuité des routes en Bretagne. Des cartons rouges avaient été distribués et, sur la demande de l'orateur, ils étaient brandis pour adresser un carton rouge à tel ou tel gouvernant.

Répondant au témoignage de Jean Hourmant, 86 ans, médaillé de la Résistance, ancien conseiller régional, qui disait Nous sommes tous des résistants, la foule a alors scandé : Les Bretons résistants ! les Bretons résistants !.. les Bretons résistants !.... Jean Hourmant a souligné que les présidents français, dont le général de Gaulle, avaient réellement pris la mesure des choses et s'étaient impliqués dans les questions bretonnes en venant personnellement en Bretagne.

Le conseiller général et maire de Carhaix, Christian Troadec, que les média s'arrachent maintenant, fit un discours qui montrait les convergences de toutes les demandes des secteurs professionnels et affirmait qu'il n'y avait pas eu une manifestation aussi nombreuse en Bretagne, depuis des années, alors qu'il donnait, à ce moment-là, une estimation prudente de 30 000 présents. Interrogé plus tard sur les critiques de manque d'unification apparente du Collectif, il répondait que « pour le moment, il y a différentes approches, mais que le fait d'avancer ensemble permettra de dégager des manières communes de faire ».

Vint le tour de Thierry Merret, agriculteur et syndicaliste, puis celui d'Olivier Le Bras, leader charismatique des ouvriers de Gad Lampaul-Guimiliau, qui sont presque tous licenciés. Élie Guernion, salarié de l'agriculture, Marie-Noëlle Michel et Jean-Marc Déniel, tous deux gestionnaires d'entreprise de transport, Bruno Rosec, artisan, Jean-Pierre Le Mat, entrepreneur et Éric Berder, commerçant, présentèrent leur manière de voir.

Trois revendications sont revenues sous différentes formes : en finir avec le dumping social, libérer le carcan administratif qui asphyxie l’initiative et l’innovation et relocaliser en Bretagne les centres de décisions qui concernent les Bretons. « Nous voulons être gouvernés, pas administrés », a déclaré Thierry Merret.

Le collectif a aussi élaboré une Charte des Bonnets rouges et a mis à disposition du public sur les lieux du rassemblement des «cahiers de doléances». Cela donnera lieu à une synthèse en janvier.

Un premier défilé qui était présenté comme celui du «pôle ouvrier» du Collectif était venu du centre de Carhaix pour montrer que des vies professionnelles avaient été brisées et que d'autres étaient en jeu.

Mickaël Cueff, qui a perdu une main lors de la tentative d'abattre un portique écotaxe à Pont-de-Buis le 18 octobre, monta sur scène et ses amis présentèrent l'association «La main dans la main» qui vise à récolter 40 000 euros pour financer une prothèse intelligente.

Plus de 150 camions et autant de gros tracteurs avaient été disposés en bordure de la prairie où avait lieu le rassemblement.

Trente mètres d'abris pour la restauration et quinze mètres de stands permettaient de fermer le site.

Un cortège impressionnant, précédé du Bagad de Carhaix, en costume de ville, mais avec chacun un bonnet rouge sur la tête, fit le circuit de 3,5 km en ville.

Vers le soir, la chanteuse en breton, Gwennyn, entra en scène et fit participer le public sur une musique rythmée et présenta la grande danse locale, au tempo envoûtant, le plinn.

Elle fit ensuite entrer un petit garçon qui se mit à entonner avec beaucoup de doigté et d'assurance, le « Bro gozh va Zadoù », appelé aussi l'hymne national breton.

Vers 18 heures 30, un grand camion bâché fut ouvert pour la vente de morceaux du portique de péage de Guiclan, abattu le 2 août (et qui fut l'occasion pour l'Agence Bretagne Presse, d'écrire, de manière prophétique que « La guerre de l'écotaxe avait commencé en Bretagne ») (voir notre article). Les petits morceaux étaient vendus 20 euros et les gros vendus aux enchères.

Comme à Quimper, il y avait des gens de tous les âges, mais, omniprésentes étaient des bandes de jeunes, porteurs du bonnet rouge et parfois drapés dans un drapeau breton. Près des tracteurs, on voyait des lycéens qui semblaient monter la garde de l'outil de travail de leurs parents. Avant le retour du défilé dans Carhaix, on voyait d'autres jeunes, non loin du bar, dans l'atmosphère chaude et conviviale des fêtes locales. Cela soulignait l'absence générale des élus (1) empêtrés dans les oukases parisiens et donc incapables de manifester une position publique pour le mouvement, mais ils se gardent bien de le condamner.

Les télévisions avaient amené leur voitures de retransmission, chaînes de radio et TV (France Bleu Breizh Izel, FR3, Radio Montagnes Noires, France Inter-France-Info, La Chaîne parlementaire, BFM TV, ITélé, la BBC, la chaîne de télévision de Flandre belge, VRT et la chaîne de télévision russe Pro Russia) (3).

Dans son reportage, le journaliste flamand a compris que De Rode Mutsen (Les Bonnets rouges) réclament l'autonomie de la Bretagne. (voir le site)

Les médias parisiens ont, jusqu'ici, brillé par leurs analyses caricaturales, qui prenaient pour argent comptant les propos biaisés des bureaucraties de leur entourage et ont presque tous parié sur un essoufflement de la contestation bretonne. (voir notre article)

Le pari du Collectif a été réussi : il y avait plus de manifestants qu'à Quimper, le 2 novembre. Les gouvernants savent maintenant qu'il pourrait être improductif de le contourner en s'appuyant sur des intermédiaires (confédérations syndicales ouvrières) qui ont démontré, sans qu'on les y oblige, et leur manque d'ancrage, et leur manque d'indépendance et, au total, leurs faiblesses structurelles.

(1) René-Théophile Laënnec a inventé le stéthoscope, Eugène Béléguic, l'hélice et Jean-Marie Le Bris, la «barque volante». Tous les trois sont nés ou enterrés à Douarnenez.

(2) Liste incomplète des élus présents dans la foule :

Marc Le Fur, député UMP des Côtes d'Armor

Mona Bras, conseillère régionale Union démocratique bretonne

Yves Le Quéré, maire de Canihuel (Côtes d'Armor)

(3) La chaîne russe ProRussia a interviewé en français de nombreux participants (voir notre article)


Vos commentaires :
Yannig BARON
Samedi 23 novembre 2024
Le collectif bonnets rouges a lancé un cahier de doléances...soyez actif et envoyez vos propositions écrites pour construire la nouvelle Bretagne pour le XXI siécle... Prenez la parole sur Breizhimpacte.org.

eugène le tollec
Samedi 23 novembre 2024
Yannig Baron
Une seule question
Comment les bretons désignés vont présenter ce document,quelle sera leur attitude?
Faudra-t-il encore et encore faire amende honorable...!

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