Lors du dernier festival interceltique de Lorient, le collectif Ai'ta ! avait mené une action symbolique avec des totems signalétiques monolingues déposés sur le stand de l'Université de Bretagne Sud pour réclamer notamment la création de licences d'enseignement en breton indispensables pour assurer la formation d'enseignant(e)s bilingues dans le département du Morbihan.
Pour toute réponse à nos demandes de rendez-vous, l'Université avait porté plainte pour vol alors que la signalétique avait été intégralement restituée. Dans le cadre de cette plainte, un militant sera convoqué le mercredi 14 octobre au commissariat de police de Vannes.
Cette convocation prend une tonalité particulière car elle intervient la veille de l'examen par le Conseil régional de la « convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne et le développement de leur usage dans la vie quotidienne » entre l'Etat et la région, accord prévu dans le cadre du pacte d'Avenir pour la Bretagne (voir notre lettre ouverte aux élus et candidats aux élections régionales (voir le site)
Le Conseil culturel de Bretagne qui, pour la première fois, a estimé qu'un texte qui lui était soumis pour avis par le conseil régional ne pouvait être signé en l'état, a également mentionné qu'« il aurait été souhaitable que l'Université de Bretagne Sud (qui ne prendra pas part à cette convention, à la différence des autres universités bretonnes comme l'UBO et Rennes 2 : ndlr) propose à ses étudiants un cursus en langue bretonne » .
Dans ce contexte, le collectif Ai'ta ! appelle donc à un rassemblement de soutien ce mercredi 14 octobre à compter de 14 H 30 devant le commissariat de police de Vannes (13 bd de la paix).
■De l'air !
Une convocation au Commissariat n'est pas forcément bien grave et pourtant, qui peut me dire la différence de fond existant entre le fait de commettre une légère infraction pour refuser la discrimination faite à l'enseignement de sa langue historique en 2015 et celui de commettre une autre légère infraction pour refuser la discrimination dans les transports urbains dans le Sud américain des années cinquante ?
La similitude frappe pourtant.
Rosa Parks, arrêtée par la Police de Montgomery en Alabama en Décembre 1955, fut condamné par la Police à une amende de 15 $ pour avoir refusé de s'asseoir dans le bus aux places du fond réservées aux Noirs.
Le problème, c'est que cette couturière Afro-Américaine fit appel de cette condamnation inacceptable quoique légère, au nom de l'Egalité des Droits et que son courageux avocat se trouva être le jeune Martin Luther King.
On connait la suite. La grève des voyageurs discriminés. L'arrestation de MLK et les attaques contre son domicile. Son long séjour en prison. La faillite des compagnies de transport. L'emballement médiatique...
Bref, à peine un an plus tard, la «Cour Suprême des Etats Unis» déclarait illégale la ségrégation dans les transport, restaurants et autres lieux publics. Rosa Parks qui mourut à 92 ans, honorée du titre de «Mère du Mouvement des Droits Civiques»...