Pierre Landais (1430-1485) fut le chancelier du duc de Bretagne François II qui servit le duché pendant 25 ans le défendant contre monts et marées. Il finit victime d'un coup d'État mené par un groupe de barons qui réussirent à s'emparer de lui et à le faire pendre en 1485.
Né à Vitré en 1430 de parents drapiers comme l'était d'ailleurs un autre fameux Vitréen, Pierre de Malherbe, Pierre Landais entra au service du Duc comme valet de garde-robe. Ambitieux, très dynamique et intelligent, il grimpa les échelons des emplois de cour pour accéder à la fonction de Trésorier et Récepteur général de Bretagne.
Il est surtout reconnu pour avoir promu les intérêts de la bourgeoisie bretonne, encouragé le commerce et les entreprises (dont les siennes par la même occasion). Il a promu la production de tapisseries, des toiles et de la soie. Il a aussi encouragé l'expansion de l'Université de Nantes, fondée par le duc en 1460. Landais a négocié des accords commerciaux avec l'Espagne, le Portugal, l'Angleterre, la Suisse et les villes hanséatiques.
Malheureusement, il entra en conflit avec Guillaume Chauvin, le chancelier de Bretagne, qui lui, n'admettait pas l'influence de Landais sur le duc et penchait du côté de la France (certains historiens pensent que Chauvin était un agent de Louis XI). En 1477, Landais évinça Chauvin et prit sa place comme Chancelier avec la bénédiction du Duc. Condamné pour forfaitures, Chauvin emprisonné allait décéder trois ans plus tard.
Landais s'est efforcé de défendre l'indépendance du duché contre les machinations de Louis XI en s'engageant dans des négociations secrètes avec les rois d'Angleterre. D'abord avec Edward IV puis avec Henry Tudor, un Gallois (Hari Tudur pour les Gallois) qui était aussi duc de Richmond et prétendant à la couronne d'Angleterre. Henry vivait en exil au château de Suscino, en Bretagne, où il passa 14 ans entouré de 400 compagnons aussi exilés. Henry Tudor était un Lancastre, un rouge (rose rouge et rouge du dragon gallois). Pendant la guerre de succession au trône anglais, dite [[Guerre des Deux-Roses]], il avait dû quitter l'Angleterre suite à la victoire de Richard III.
La Bretagne se retrouva impliquée malgré elle. Les pirates anglais attaquaient les navires bretons et vice versa, dans une sorte de guerre non déclarée entre l'Angleterre et le duché. D'un autre côté, les barons français en révolte contre Louis XI et après, contre la régente, comme le duc d'Orléans, se réfugiaient aussi en Bretagne, demandant asile et aide, engendrant une autre guerre, dite guerre folle. Assaillie de deux côtés, le duché maintenait son indépendance à coup de traités secrets et de doubles jeux. La confusion était totale puisque, en plus du parti gallois des Tudor, les nobles bretons en révolte s'alliaient avec la France et les nobles français en révolte se retrouvaient à la cour ducale sous la protection du Duc.
Landais avait bien compris que le sort de la Bretagne dépendait du cheval sur lequel il allait parier. Au début il poussa Henri Tudor à reprendre le combat contre Richard III. Une première tentative de débarquement en Angleterre, organisé avec la flotte bretonne, l'argent, et les troupes du duché, échoua à cause d'une violente tempête en mer d'Irlande. Henry Tudor dut revenir en Bretagne.
C'est alors que, confronté à la rébellion des barons bretons du camp pro-français, Landais dut négocier et faire des ouvertures à Richard III. En 1484, le roi d'Angleterre offrit d'aider Landais en envoyant des troupes pour protéger le pouvoir ducal contre la rebellion. En échange, Richard III aurait demandé qu'on lui livre Henry Tudor.
Averti et craignant l'arrestation et l'extradition en Angleterre, Henry s'enfuit poursuivit par des troupes envoyées par Landais jusqu'en Anjou. Arrivé à Paris, Henry chercha le soutien français en faveur de sa campagne contre Richard. Les conséquences au long terme allaient être dramatiques car c'est la France et non la Bretagne qui va aider le second débarquement de Henry Tudor avec des troupes franco-écossaises. Charles le Téméraire étant mort en 1477 et Marie de Bourgogne en 1481, le duché de Bretagne n'avait jamais été si isolé. Landais voit sa dernière carte, l'appui de l'Angleterre, lui échapper. Les Plantagenêts s'étaient toujours opposés au rattachement du duché au royaume de France. L'Angleterre avait été le contrepoids qui garantissait l'indépendance du duché, un peu comme la France garantissait celle de l'Ecosse.
La mort de Chauvin en prison, le 5 avril 1484, due à 3 ans de mauvais traitements, fut l'étincelle qui mit le feu aux poudres en Bretagne et sonna le début de la guerre civile qui aboutit à la défaite militaire à Saint-Aubin du Cormier en 1488. La haute noblesse bretonne fit alliance avec Anne de Beaujeu, fille ainée de Louis XI, la régente du royaume de France. Elle n'attendait que ca. Sur son lit de mort son père lui aurait demandé de «régler le sort de la Bretagne...» Elle le fit magistralement.
Lors d'une première tentative menée par Jean IV de Châlon, le propre cousin du duc, prince d'Orange, mais aussi les Rohan, Penthièvre et Rieux, un gang armé essaya de s'emparer de Landais, mais celui-ci réussit à s'enfuir. Le duc François II ordonna la saisie des biens des conspirateurs et les rebelles furent forcés de s'exiler en France.
En 1485, rebelote. Soutenue par Anne de Beaujeu, les rebelles constituent une petite troupe et, grâce à la trahison de Coetquen, justement envoyé contre eux, marcha sur Nantes. Le 25 juin 1485, la rébellion entrait à Nantes et réussissait à pénétrer dans le château. Le duc fut forcé de livrer Landais.
Landais fut accusé d'extorsion et d'avoir causé la mort de Chauvin. Sous la torture, il avoua tout ce qu'on voulait. Condamné après un procès qui fut une parodie de justice, Pierre Landais fut pendu le 19 juillet 1485 en prairie de Biesse sur l'île de Nantes.
C'est Henry qui au final gagna la guerre de succession et devint Henry VII d'Angleterre après avoir battu Richard III à la bataille de Bosworth Field le 22 août 1485 suite au débarquement financé par Charles VIII.
En Bretagne, la disparition de Landais, champion de l'indépendance bretonne, précipita l'invasion de l'armée française. L'armé royale fut d'abord repoussée lors du siège de Nantes en 1487. Mais de retour en 1488, l'armée du Roy, commandée par le brillant De la Trémoille, attira l'armée ducale à Saint-Aubin du Cormier. L'armée bretonne divisée et mal préparée fut battue le 28 juillet 1488 and the rest is history.
À noter qu'il n'y avait que 300 Anglais dans le camp breton pour cette bataille décisive -- une présence non officielle de mercenaires payés par le duc. Henry Tudor avait déjà choisi les intérêts français. Avec le mariage de la duchesse Anne avec le roi de France Charles VIII, Henry VII ne peut plus faire grand chose. Malgré le Traité de Redon (voir [[[treaty of Redon]]] ) en 1489 qui promettait 6000 soldats anglais pour la défense du duché, le sort de la Bretagne fut scellé par la [[traité d'Étables]] entre la France et l'Angleterre, signée le 3 novembre 1492.
Dans ce traité qui marque la fin de la guerre de Cent Ans, il y a une clause sur la Bretagne : l'Angleterre acceptait que le duché de Bretagne soit annexé par la France.. Le roi va même jusqu'à payer les dettes du duché envers l'Angleterre, soit la somme énorme de 620.000 couronnes d'or plus un bonus de 125.000 couronnes. Étables est en quelque sorte la reconnaissance internationale de l'annexion du duché de Bretagne au royaume de France.
Notes : Beaucoup de sources pour cette chronique viennent de wikipedia, mais du wikipedia en anglais plus documenté et plus objectif sur cette période trouble de la fin du XVe siècle et particulièrement la fin du duché indépendant. Le traité de Redon a une entrée en anglais mais pas en français. Par ailleurs, wiki War of the Roses mentionne le rôle de la Bretagne dans le conflit mais pas wiki La guerre des roses. J'ai aussi consulté l'Histoire de Bretagne de [[Joseph Chardronnet]]. Nouvelles Éditions latines 1965. Voir aussi - Arthur de la BORDERIE, Histoire de la bretagne, tome 4 et Pocquet du Haut Jussé Francois II duc de Bretagne et l'Angleterre (1458-1488) Paris, de Boccard. 1929; Antoine DUPUY, Histoire de la réunion de la Bretagne à la France (Paris, 1764);Joel Cornette, Histoire de Bretagne et des Bretons (Paris 2008).
Une conférence de Mme Josiane Caillebot aura lieu à Nantes au château des ducs de Bretagne le 20 janvier à 20 h 30 sur l'homme politique breton Pierre Landais. La même conférence aura lieu à Vitré au Château, salle des Mariages, vendredi 21 janvier à 20 h 30.
Philippe Argouarch
■L'article de Ph Argouarch nous apprend que ce faux traité a été précédé d'un coup d'état mené par des nobles bretons, que le Chancelier Landais (l'équivalent du premier ministre de l'époque ) fut torturé avant d'être pendu.
A quelles vilénies la France ne s'est-elle pas livrée afin de voler l'indépendance et l'argent d'un Duché riche, respecté et indépendant : la Bretagne ! Le vol de notre honneur viendra plus tard par la maltraitance psychologique de nos parents et grand-parents dans les écoles, et le lynchage des Bretons dans les écrits français.
Le «Traité de 1532» n'existe pas : il faut revenir au traité antérieur, signé par notre chef d'Etat de l'époque, Anne de Bretagne. C'est le seul valide au niveau du droit international.
Il ne s'agit bien sûr pas de rechercher un quelconque vengeance, mais de faire RESPECTER LE DROIT !
G Kerouanton