Pierre Bojic : L’esprit du Rhum

Interview publié le 20/10/10 23:51 dans Sport par David Raynal pour David Raynal
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Pierre Bojic Président général de Pen Duick.
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Présentation des 86 skippers engagés le 28 septembre à Paris
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Lalou Roucayrol skipper de Région Aquitaine Port-Médoc
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Ambiance sur les pontons

Président général de Pen Duick, la société organisatrice de la Route du Rhum-La Banque Postale, Pierre Bojic a toujours su préserver l'esprit de la course. Avec le grand retour des bateaux géants, il renoue avec ce parfum de démesure qui avait fait le succès de l'épreuve. À quelques jours du départ, il nous dévoile les spécificités de cette 9e édition.


ABP : Que représente pour vous la Route du Rhum-La Banque Postale par rapport aux autres grandes courses que vous pilotez (Transat Jacques Vabre, AG2R, Trophée BPE) ?

Pierre Bojic : Chaque course à son charme, sa spécificité et ses atouts. Mais ce n'est pas faire injure aux autres rendez-vous nautiques que de dire que cette Route du Rhum-La Banque Postale reste incontestablement la première des grandes courses françaises. C'est elle qui par son histoire et sa légende possède la plus forte identité, génère la plus grande charge émotionnelle auprès du public. La Route du Rhum-La Banque Postale symbolise la course océanique en France. Dans l'imaginaire collectif, elle porte en elle toutes les valeurs que véhicule la mer, l'angoisse et l'attrait de l'inconnu, le dépassement de soi, le rapport avec la nature et les vrais éléments.


ABP : N'avez-vous pas peur que le retour des grands bateaux augmente considérablement les risques d'accidents ?

P.B. : Bien au contraire. Il est clairement démontré par les marins et les architectes que les bateaux de plus de 30 mètres sont aujourd'hui beaucoup moins dangereux que les Orma de 60 pieds (18m28) d'hier. La raison ? Parce que ce sont des bateaux moins larges, ce qui limite les possibilités de chavirage. Les 60 pieds étaient des bateaux absolument fabuleux mais dont les capacités étaient poussées à l'extrême dans un rapport poids/puissance sur dimensionné. D'ailleurs, les marins eux-mêmes avaient parfois certaines réticences à partir en solitaire sur ces bateaux parce qu'ils se sentaient en permanence sur le fil. Mais il est vrai également qu'un multicoque reste un multicoque et que le risque zéro n'existe pas sur ce genre d'engin. Je continue à penser que les bateaux géants, sans limite de taille, constituent une vraie relance dans l'intérêt de cette course qui a toujours voulu être novatrice. La tendance des courses océaniques pour les années à venir passe obligatoirement par ces bateaux hors-normes. Ils sont avec les monocoques du Vendée Globe parmi les bateaux les plus évocateurs et les plus attractifs.


ABP : En dehors du retour des grands bateaux quelles sont les caractéristiques de cette 9e Route du Rhum-La Banque Postale ?

P.B. : Hormis la réouverture aux géants, nous souhaitons avant tout garder l'esprit d'origine, c'est-à-dire la rencontre entre les professionnels et les amateurs éclairés. C'est cette mixité, ce mélange entre le sport extrême et les aventures humaines personnelles qui nous intéressent. Avec l'arrivée du tout numérique, Internet va également prendre une place considérable dans la perception de la course. La Route du Rhum-La Banque Postale sera la première course océanique à proposer des images en temps réel et des solutions de suivi numérique sur les mobiles (I phone et Blackberry).


ABP : Pouvez-vous nous parler du Brest Ultime Challenge 2011, votre projet de course autour du monde en solitaire et multicoques ?

P. B. : Fin 2006, à l'issue de la précédente édition de la Route du Rhum-La Banque Postale, nous nous sommes dits que la course au large était en train de vivre une profonde mutation. Soit nous décidions d'ouvrir l'édition 2010 uniquement aux multicoques de 50 pieds, ce qui revenait à réduire la taille des bateaux. Soit nous allions dans le sens contraire en faisant le pari d'accueillir les très grands bateaux parce qu'ils écriront prochainement l'histoire de la voile. Après avoir bien réfléchi, nous avons opté pour cette deuxième solution. C'est vrai qu'en 2007, nous avions quelques appréhensions quant à la faisabilité de ce projet. Mais aujourd'hui, avec 8 multicoques inscrits dans la classe Ultime, je crois que le contrat est plutôt bien rempli. Cette neuvième édition de la Route du Rhum-La Banque Postale, va nous permettre de voir comment ces bateaux vont se comporter sur le plan maritime, sportif et médiatique. Elle constitue une première étape qui devrait nous mener vers le lancement - peut-être fin 2011 - du Brest Ultime Challenge. Nous aurons un jour un tour du monde en solitaire avec de grands multicoques au départ de Brest. Il s'agit maintenant de trouver des sponsors dans un contexte difficile de sortie de crise et de faire coïncider l'événement avec le calendrier des marins.


ABP : À l'arrivée, le contournement de la Guadeloupe est-il toujours prévu ?

P.B. : Le contournement de la Guadeloupe est plus que jamais d'actualité. Je sais que les marins aimeraient bien arriver par le sud et ne pas faire le tour de la Guadeloupe. Ce serait à mon sens oublier l'histoire de la course. À partir du moment où les bateaux arrivent au nord et touchent la première pointe, la Guadeloupe commence à vivre. Cette prise de contact en douceur avec l'île est magique. Les Guadeloupéens et notamment tous les habitants de Basse-Terre y sont très attachés et c'est ce qui fait en partie l'incroyable succès populaire de l'épreuve.


ABP : Propos recueillis par David Raynal


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