La Ville de Québec a été fondée le 3 juillet 1608 et on fêtera donc jeudi le 400e anniversaire de cet événement. Depuis des semaines, de nombreuses manifestations ont déjà été organisées de part et d'autre de l'Atlantique et c'est ainsi que vendredi dernier, à Paris, une messe solennelle a été célébrée en l'église Saint-Germain-des-Prés, archicomble, par l'évêque co-adjuteur de la ville de Québec, Monseigneur Blais. Chœurs et musiciens faisaient de cette messe une célébration à la fois très joyeuse et très belle. Il s'agissait naturellement de la fameuse «Messe Québécoise», composée il y a 35 ans par un compositeur qui a pour nom Pierick Houdy. C'est sur la mélodie de la «Messe Québécoise» qu'est d'ailleurs chanté le Notre Père le dimanche dans la plupart des églises du Québec.
Le nom de Pierick Houdy est bien connu dans le monde de la musique au Canada, où chacun est bien persuadé qu'il s'agit d'un musicien franco-canadien. Il a, du reste, profondément influencé plusieurs générations de musiciens québécois qui l'ont eu comme professeur. Pierick Houdy n'en est pas moins breton, né en 1928 à Rennes où il réside à nouveau depuis plusieurs années.
Ses premières compositions datent de 1935 (lorsqu'il n'avait que sept ans !). En 1937, il les joue en public à l’opéra de Rennes et elles sont éditées chez Henry Lemoine.
En 1939, la seconde guerre mondiale oblige l’Orchestre National de la Radio à se replier à Rennes. L’ingénieur du son, également professeur au Conservatoire de Paris, prend le jeune Houdy dans sa classe. Il y étudiera avec Maurice Duruflé, Nadia Boulanger, Olivier Messiaen et Darius Milhaud. Un premier prix de composition, un second prix de Rome et le Grand Prix de la Ville de Paris viendront couronner sa jeune carrière.
En 1954, il épouse Ghislaine de Winter, élève de harpe au conservatoire (1er prix 1955), dans la classe de Pierre Jamet. Il écrit pour elle La Sonate, qui connaît un certain succès. La même année, il participe à la création d’un ballet avec Serge Lifar et Yvette Chauviré.
En 1955, il est nommé directeur du Conservatoire de Tours et organiste à la basilique Saint Martin, postes qu’il quittera en 1960 sous la pression du maire de l’époque, un certain Jean Royer !
Il revient alors à Paris, où Jean Cocteau lui demande d’écrire la musique de sa pièce : «L’impromptu du Palais Royal» et André Roussin le charge de mettre en musique sa pièce : «La petite hutte», commande de l’État.
Pierick Houdy est nommé Maître de Chapelle à l’église Saint Séverin en 1965. En 1966 il devient Chef de chœur de la Maîtrise d’enfants de Radio France. La même année, il écrit la « Cantate à Saint Michel», commande de l’État pour les célébrations du millénaire du Mont.
En 1970, il est invité au Canada comme professeur de composition à l’université Laval à Québec où il est également organiste de la paroisse universitaire, puis au Conservatoire de musique et au Conservatoire d’Art Dramatique de Québec. Il mène conjointement ces deux activités en plus de sa carrière de compositeur. Il participe aussi à la vie théâtrale canadienne par des musiques de scène à Québec, Montréal et Toronto.
Radio Canada lui demande en 1972 d’écrire une messe inspirée de la tradition musicale québécoise. C'est ainsi qu'il écrit la «Messe Québécoise». Cette œuvre, accueillie avec réserve par le milieu intellectuel musical, recevra le Grand Prix du Disque en 1978 !
Pierick Houdy et sa femme sont invités à de nombreuses manifestations musicales où l’on joue sa musique sur les cinq continents.
En 1992, ils reviennent en Bretagne et s'installent à Étel, dans le Morbihan, puis ils décident de revenir à Rennes. Pierick n'a jamais cessé de composer et c'est à lui que l'on doit en particulier la musique de l'opéra «Anne de Bretagne», qui a marqué la vie musicale de la Bretagne ces dernières années.
(voir le site) de Piérick Houdy
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