Dans le mensuel Le Peuple Breton du mois d'octobre 2009 on trouve, à la page 8, un article de M. Christian Guyonvarc'h intitulé : «Un espace politique pour un parti de droite».
On peut y lire ceci :
«Si l'histoire des démocraties occidentales, en particulier celle de la république française, nous enseigne que la droite finit souvent par s'approprier les avancées idéologiques de la gauche (laïcité, droit des femmes, sécurité sociale, décentralisation), il n'en est pas moins vrai que ces avancées se sont concrétisées lorsque la gauche était forte dans la rue et de préférence au pouvoir.»
Les fédéralistes girondins étaient la droite
Nous prions M. Guyonvarc'h de revoir son Histoire de France. En 1792, lors de la Convention nationale, les gens qui se trouvaient en haut et à gauche de l'hémicycle étaient les montagnards (issus du club des jacobins), centralisateurs et phagocyteurs de nations, appelés «jacobins» entre 1794 et 1815. À droite se trouvaient les [[Girondins]], les partisans d'un régime fédéral, démocratique et décentralisé. Les termes de «gauche» et «droite», qui se sont répandus partout dans le monde, découlent même de cet arrangement initial.
Ce qui s'est passé est exactement le contraire de ce qu'affirme M. Guyonvarc'h, c'est la gauche, et une partie de la gauche seulement, qui a fini par accepter les concepts girondins de la droite initiale, mais bien longtemps après avoir guillotiné la plus grande partie de ses représentants.
Il faut aussi rappeler que c'est la droite, celle du général de Gaulle, qui a proposé la régionalisation en 1969, comme d'ailleurs le vote des femmes en 1945, que le Front Populaire, quand il était au pouvoir, n'avait même pas instauré, pas plus que le Premier mai, jour férié, qui fut instauré sous Pétain ! Oui, oui, le Front Populaire nous a donné les congés payés, mais tout le monde le sait car c'est dans tous les livres d'histoire.
Il est important de rappeler que la gauche a voté CONTRE le référendum qui aurait institué la régionalisation dès 1969. Pour ensuite reprendre le projet à son compte, presque mot pour mot, avec la loi Deferre de 1982, 13 ans plus tard. On ne savait pas non plus que Raffarin, auteur des lois de décentralisation, était de gauche. Ce n'est certainement pas la gauche dans la rue qui a fait pression pour lui forcer la main. Le syndicalisme français, très ancré à gauche, a toujours été contre toutes formes de décentralisation et de régionalisation. Ce n'est pas conforme au «centralisme démocratique»... sans doute une autre «avancée idéologique» de M. Guyonvarc'h.
Bismark instaure la sécurité sociale
Quant à la sécurité sociale, elle a été instaurée pour la première fois par un régime de droite : l'Allemagne de Bismark, dans une Allemagne qui n'était même pas une démocratie et dans laquelle il n'y avait certainement pas de «gauche dans la rue».
Les femmes pouvaient voter aux municipales sous l'Ancien régime
Le vote des femmes qui existait pour les élections municipales sous l'Ancien régime (si si, il y avait des élections sous l'Ancien régime), a été aboli par les jacobins en 1791. (voir le site) . À noter que les pays anglo-saxons, dont la gauche française hait le libéralisme, ont donné le droit de vote aux femmes bien avant la France. Leurs femmes y sont partout, en politique comme dans les affaires, et sans parité imposée.
Les avancées idéologiques
Un peu de sérieux, M. Guyonvarc'h, le monde est bien plus complexe que votre division manichéenne entre une bonne gauche généreuse et génératrice de nouvelles idées et une vieille droite qui ne serait capable que de récupérer «des avancées idéologiques» de gauche, pour reprendre votre expression qui dénote un souci évident d'essayer de revaloriser le mot idéologie, vomi par tous depuis quelque temps. Pathétique : l'idéologie n'aurait pas uniquement produit les régimes totalitaires du XXe siècle, elle aurait aussi produit des «avancées»...
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