Petit dictionnaire du mouvement breton à l'attention de ceux qui racontent n'importe quoi : D

Enquete publié le 7/09/11 17:25 dans Politique par F. Lécuyer pour F. Lécuyer
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Pour cette fin d'été, l'Agence Bretagne Presse vous propose chaque semaine, sous forme de dictionnaire, un tour d'horizon des mouvements, organisations et revues politiques bretons.

En effet, tout article sur le mouvement breton dans la «presse nationale» (c'est-à-dire la presse parisienne) entraîne l'arrivée d'un journaliste venu de Paris en TGV sillonnant durant une semaine (dans le meilleur des cas) la Bretagne dans une voiture de location. L'article résultant de ce périple sera, malheureusement, bien souvent perclus d'erreurs et d'approximations.

Le mouvement breton («an emsav») étant complexe et fluctuant, il convient d'en rappeler les réalités actuelles.

Cette semaine, la lettre D. (À noter que quelques précisions ont été apportées après publication)


Défi breton/Dae Breizh. Revue nationaliste sur internet.

Rédacteur en chef : Denez Leroy.

Le Défi breton est une revue originale dans le sens où elle se consacre majoritairement à la reprise d'article ayant trait à la Bretagne ou aux combats des peuples minorisés à travers le monde.

Malgré un taux de fréquentation présenté comme «en hausse», le Défi Breton vient d'annoncer la fermeture de son site cette semaine (voir notre article)


Dihunomp («Réveillons-nous»). Revue nationaliste de droite diffusée sur internet.

Rédacteur en chef : Paul Chérel.

Contrairement à la revue vannetaise du même nom («Dihunamb» créée au début du siècle dernier), Dihunomp n'est pas rédigée intégralement en breton mais majoritairement en français (avec quelques articles en breton et en anglais). Les 9 pages de Dihunomp s'adressent à un public nationaliste de droite : poids de l’État jacobin, dénonciation de la fiscalité, «gabegie européenne» et les traditionnelles revendications bretonnes sont ses thèmes de prédilection.


An Drouizig («Le petit druide»). Association pour l'usage du breton dans le monde des nouvelles technologies.

Créée en 2003, An Drouizig a traduit et adapté en breton un nombre considérable de logiciels. Un clavier adapté à l'écriture du breton et de l’espéranto a également été conçu et commercialisé par An Drouizig.

An Drouizig ne s'inscrit pas dans l'Emsav stricto sensu mais le but avoué de An Drouizig est d'oeuvrer pour que le breton retrouve une place de premier plan dans la société bretonne.


Dihun - Diwan - Divyezh. Écoles bilingues breton/français (Dihun et Divyezh) ou par immersion en breton (Diwan).

Dihun («Réveil»), Div Yezh («Deux langues/bilingue») et Diwan («Germe») sont surnommées «les 3 Di».

Diwan

Créée en 1977, Diwan est la plus ancienne des trois filières. Son histoire est connue et disponible notamment sur Wikipédia : [[École Diwan]]. Par contre, devant le succès de Diwan, un certain nombres de critiques a vu le jour :

Diwan est-elle un réseau d'écoles d'enfants de «militants bretons» ?

Les écoles Diwan sont, 34 ans après leur création, des écoles de village ou de quartiers. Toutes les sensibilités sont représentées et surtout les non-sensibilités. Diwan comptent à peine plus de «militants bretons» que les écoles publiques ou privées tant elles sont sorties du public strictement «militant breton». La propagande politique est interdite sous toutes ses formes dans les écoles Diwan, il existe, par conséquent, une forme d'auto-censure de la part des parents ou enseignants militants politiques ou syndicaux. Ce qui implique que, paradoxalement, les écoles Diwan bruissent souvent moins de discours politiques ou partisans que les écoles publiques.

Les écoles Diwan sont-elles des écoles d'enfants blancs appartenant aux couches sociales supérieures style «Bobos Breizh» ?

Une idée reçue popularisée par certains milieux jacobins veut que Diwan serait une école de bobos attirés par «l'exotisme du breton».

La réalité est pourtant bien différente. En effet, nombre d'écoles sont installées dans des quartiers populaires : Zup-Sud à Rennes, Bellevue à Nantes, Kerledé à Saint-Nazaire, Penhars à Quimper, Le Manio à Lorient, Coulée verte à Guérande, Gumunenn à Auray, etc...

Ces écoles se sont donc développées comme des «écoles de quartiers» accueillant des enfants de toutes origines. En campagne, certaines écoles sont tout bonnement les seules de la commune ou de certains hameaux importants (Loguivy à Lannion, Bohalgo à Vannes, collège de Plesidy, etc...).

Tout ceci entraîne une inévitable mixité sociale semblable à celle des écoles publiques. La plus grande école Diwan, celle de Nantes, compte par exemple des enfants de toutes origines et notamment beaucoup d'enfants d'immigrés. Dans un autre registre, à Saint-Nazaire, un enfant parlant une langue rwandaise a été encouragé par son instituteur à «sensibiliser» ses camarades de classe à sa langue maternelle.

Le bilinguisme des enfants scolarisés à Diwan, entraînant une capacité cognitive améliorée, expliquerait plutôt les résultats scolaires sans pareil dans l'hexagone. Malheureusement, la question de l'enseignement des langues étant un sujet trop sensible en France (l’Éducation nationale étant, il faut le dire, en échec permanent sur le sujet), le succès des enfants Diwan apparaît comme incompréhensible pour certains esprits.

Le Breton enseigné à Diwan est-il artificiel ?

Cette critique est récurrente concernant le breton enseigné à Diwan, notamment dans certains milieux ne connaissant pas la langue. La réalité est beaucoup plus complexe.

Aujourd'hui il est difficile de trouver un bretonnant de naissance, ayant reçu le breton par transmission naturelle, âgé de moins de 70 ans. La quasi-totalité des personnes âgées de 20 à 60 ans sont des locuteurs ayant appris ou réappris le breton en cours du soir ou qui ont été scolarisés en école... Diwan. De surcroît, l'écrasante majorité des bretonnants âgés vivent à la campagne (ceux résidant en ville ont souvent passé une bonne partie de leur vie à la campagne). De ce fait, il est de plus en plus difficile de trouver un professeur des écoles édenté, roulant les «R» et pratiquant un breton, certes savoureux, mais souvent perclus d'argot rural. Le breton du professeur des écoles lambda de chez Diwan ne trouve donc (pratiquement) jamais grâce aux oreilles des détracteurs à la recherche d'une «authenticité totale».

D'autre part, les concepts et les mots utilisés dans le cadre scolaire étant bien différents du monde rural, il existe, il est vrai, un décalage entre le breton parlé par un ancien agriculteur de 85 ans et un jeune élève de CE2. La spécificité de l'école et du monde moderne a entrainé la création de néologismes en breton que certains critiques jugent «blasphématoires» car incompréhensibles par «les anciens». Mais ce constat est également valable pour le français. En effet, à l'école Jules Ferry du 4e arrondissement de Paris, il est rare d'entendre qu'un ordinateur «c'est une mécanique que t'éclis dessus et qu'tu vas sul intelnet avec».

Le breton de Diwan est donc un breton adapté au monde actuel. La difficulté, qui existe parfois, pour certains enfants, à comprendre les personnes âgés en breton est souvent la même qui existe quand un jeune scolarisé à Paris va voir Mémé dans sa ferme du Loir-et-Cher.

Diwan a, par contre, réussi à garder globalement un enseignement en dialecte vannetais dans les écoles du pays vannetais, léonard dans les écoles léonardes, etc., garantissant ainsi un lien entre le breton de l'école et le breton entendu et parlé dans l'environnement proche.

Le noeud du problème est qu'il existe une tendance actuelle chez certains jeunes bretonnants à se comporter en «néo-vieux». C'est-à-dire à prétendre parler comme des personnes de 90 ans, à utiliser pléthores de mots français à la place de néologismes dont certains sont implantés dans la langue depuis fort longtemps, voire à écrire en écriture phonétique pour mieux restituer «l'essence du breton populaire», parce que «c'est comme ça que feraient les vieux».

Bien entendu, les «néo-vieux», comme les détracteurs jacobins des écoles Diwan considèrent que toute personne ne parlant pas un breton totalement calqué sur le breton «des anciens» est par nature «indigne de l'enseigner aux enfants».

Cette tendance est, il est vrai, une réponse à la tendance précédente qui consistait à parler breton avec une syntaxe et un accent francisés à l'extrême et à inventer des mots nouveaux imprononçables et ce afin de chasser la moindre trace de «roman».

Adepte d'une «voie médiane», le corps enseignant de Diwan s'efforce, dans sa majorité, de transmettre un breton respectant le plus possible la syntaxe, l'accent et la prosodie des bretonnants de naissance tout en l'adaptant au monde et aux réalités actuelles.

Div Yezh est un réseau de classes à parité horaire «breton-français» dans les écoles publiques.

Dihun est un réseau de classes à parité horaire «breton-français» dans les écoles privées.

À noter que cette parité horaire est théorique et dépend beaucoup de la volonté des maîtres et, parfois, de «l'ambiance» dans l'école. Certaines équipes pédagogiques voient en effet d'un très mauvais oeil l'arrivée de classes bilingues. La cause de cette hostilité est parfois liée à des raisons de maintien ou non de postes en unilingues mais parfois liées à des raisons plus idéologiques.

Dihun a mis en place un poste d'intervenante en langue gallèse pour les écoles en faisant la demande.

Dans les écoles Diwan, une école primaire (Questembert) et un collège (Vannes) proposent des cours de gallo.

Divyezh ne propose aucune possibilité de cours de gallo.


Vos commentaires :
François
Vendredi 22 novembre 2024
A propos de, je cite :«De plus, il existe une tendance actuelle chez certains jeunes bretonnants de se comporter en «néo-vieux». C'est à dire de parler comme des personnes de 90 ans, d'utiliser pléthores de mots français à la place de néologismes dont certains sont implantés dans la langue depuis fort longtemps». Cela s'appelle tout simplement «parler breton». Celui que l'on attendu à la maison. Celui pour lequel on s'est mis à l'apprendre parce qu'il vous avait bercé, enfant. DIWAN est un échec quasi total à ce sujet, qui enseigne une langue quasiment coupée de la réalité du breton, tant au regard de la syntaxe que de la phonétique. Quelqu'un ayant pour base le breton «populaire» (entendez «le breton») peut y introduire, par la suite, des tournures néologiques selon le contexte. Cela s'appelle en linguistique «jouer sur les niveaux de langues» ou encore le «code switching».DIWAN a mis la charrue avant les boeufs sur ce point précis, mais d'autres que moi ont écrit des ouvrages sur le sujet (M. Madeg...). Par ailleurs, votre manière d'opposer de la sorte deux états de langue est, scientifiquement parlant, totalement puérile et ne vous sert qu'à justifier, d'une façon militante, l'échec de DIWAN à transmettre une langue cohérente par rapport à la réalité historique de la langue bretonne. Votre méthode est en plus méprisante, car, en gros, les bretonnants «naturels» ou s'en inspirant sont des ploucs qui n'ont rien compris («perclus d'agot rural», «édenté», «c'est une mécanique..», «mémé dans sa ferme»...) et qui vont bientôt crever («90 ans»).
Elle reflète surtout vos carences en linguistique et votre méconnaissance de la Basse Bretagne dans ce qu'elle a de plus intime.
Le fait que vous soyez employé par DIWAN et originaire de Haute Bretagne ne doit pas vous faire perdre votre neutralité et votre objectivité au sujet de la langue bretonne.

Fabien Lécuyer
Vendredi 22 novembre 2024
Bonjour, je me permets de réagir à ce commentaire qui m'attaque directement :

- Je suis effectivement originaire de Haute-Bretagne (région du Mené) mais j'ai vécu ne nombreuses années en Basse-Bretagne où j'ai eu l'occasion d'aller confronter mon breton aux bretonnants de naissance. J'ai notamment commis un (modeste) glossaire du breton de Saint-Yvi/Sant-Ivi en complément de celui d'Alan Heussaf.
Et depuis quelques années je m'efforce de faire la même chose pour le breton si particulier du Faouët/Ar Faoued.

- Mes écrits ne visent en aucune manière le «breton populaire» qui est une réelle passion pour moi (comme l'est le gallo populaire) et que j'essaye de transmettre, le mieux possible, à mes élèves mais bien le «néo-vieux» qui en est la maladie infantile.

- Concernant «l'échec de Diwan», je laisserais la parole aux faits : Diwan 36 écoles, «néo-vieux»: combien ?

Bien à vous/'Benn wech !

Fabien Lécuyer


Frank Bodenes
Vendredi 22 novembre 2024
ga'd ar vez aotrou Fabian Ar Floh, war peseurt bern teil ez oh eet da bignad ? Ha ni a joumo war leur ar porz, da lipad 'on dour hañvouez ?


RESTACHOU MAD 'ZO MAD DA GAOUD ! a zo kentel brezoneg vidoh 'hwi

gwella zonjou e bro Plouk (c'hoaz e jom din-me tost da zaou ugent bloaz araog koll péz a jom euz va rastell)


François
Vendredi 22 novembre 2024
Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par «néo-vieux». Un apprenant en anglais tentera par tous les moyens de s'exprimer avec l'accent anglais. Quoi de plus ridicule qu'un Charles Trenet parlant anglais avec l'accent français ? C'est pourtant ce que l'on entend souvent chez les enfants «Diwan». Des petits qui parlent breton avec l'accent français. Et croyez moi ou pas, mais cela fait mal aux oreilles de tout bretonnant «naturel». Tant est si bien qu'il ne le ressent pas comme du breton, mais comme une langue étrangère. C'est cet aspect qui n'a pas été assez pris en compte par Diwan. Alors oui, si vous voulez, «on imite pépé», comme bébé au berceau, mais au moins on se rapproche de la réalité... quitte ensuite à évoluer ou à enrichir sa langue de néologismes. C'est le processus d'apprentissage logique de toute langue. Alors certes, le travail de Diwan est respectable, mais certainement pas irréprochable. Votre propos me font par ailleurs penser à la brutalité de ceux de Staline («le Vatican ? Combien de divisions blindées ?»). Alors certes, 36, on a la quantité, mais la qualité, le coeur, l'âme ? Pas vraiment toujours. Diwan est perfectible et ses membres doivent l'accepter. Par ailleurs, je regrette que vous sentiez «attaqué», car ce sont surtout vos propos que j'ai qualifié de «méprisants» qui m'ont sans doute fait sur-réagir. Soyons clair : Diwan est une nécessité et ,sur quelques points, un véritable succès. On se doit quand même de débattre sur les échecs et les points faibles de cette filière au niveau pédagogique. Ensuite, pour moi, le breton est un tout: je ne classe pas les locuteurs entre «néo» ou «rétro» ou que sais-je : on a affaire à différents niveaux de langue, même si ils ne sont pas toujours facilement compatibles les uns avec les autres. Mais le «diwaneg» n'est qu'un aspect de la langue bretonne, et certainement pas son «alpha et oméga», très loin de là, du moins au vu de ce que j'ai pu en entendre au travers des médias. Contentons nous, si vous le voulez bien, de résonner de façon dépassionnée en terme de linguistique: syntaxe, phonologie, «code switching», lexique. A ce propos, avec vous lu l'ouvrage de M. Madeg que j'évoquais ? Les arguments qu'il y développe me semblent tout à fait pertinent concernant l'apprentissage du breton aux enfants tel qu'il est dispensé, entre autres, par Diwan. Une dernière remarque : j'apprécie le fait que mon premier message, qui v vous a apparemment déplu, n'ait pas été censuré. C'est une preuve d'intégrité de votre part.

Yann Le Bleiz
Vendredi 22 novembre 2024
Un peu long la définition de Diwan pour un dico.

Par contre, intéressant cette attaque sur le breton unifié.

En Allemagne, plus personne ne parle l'Allemand du 19ème siècle, ni même celui de mémé. L'Allemand est une langue unifiée. La majorité des Allemands ne comprennent pas le dialecte de leurs grands-parents!

En Europe, l'Allemand et le breton sont loin d'être les seules langues unifiées, c'est d'ailleurs le cas pour la majorité des langues. Dans des petits pays comme la Slovaquie ou la République tchèque, on ne parle pas exactement la même langue de l'est à l'ouest, mais tous apprennent une langue unifiée à l'école.

En France, il ne s'agit pas d'une langue unifiée, mais d'un dialecte imposé aux autres (un autre style). Fait t-on le procès du français? Pourtant cette version, elle aussi n'a pas grand chose à voir avec les parlés de la population française du 19ème siècle.

Oui, en Bretagne comme en Europe, il y a une différence entre la langue rurale et la langue unifiée.

Mais la plus grande différence est surtout que les britophones maternels actuels n'ont jamais reçus d'enseignement sur leur propre langue, ce qui n'était pas le cas des anciens au 19ème siècle. De plus, cette unification de la langue est intervenue au 20ème siècle et non au 19ème.

Si au 21ème siècle, il suffit d'être un locuteur maternel pour prétendre connaître sa langue, pourquoi l'école donne des cours de grammaire jusqu'en 3ème, pourquoi enseigne t'on la littérature jusqu'au Lycée?

François, pouvez-vous nous démontrer qu'un francophone n'ayant jamais reçu le moindre cours de grammaire ou de littérature s'exprime de manière identique à celui qui a reçu un enseignement?

Monsieur Joseph le Bihan disait qu'on lui avait fait comprendre une chose : «Je suis breton, donc je suis CON!»

Ici, on peut dire : «La plus part des langues européennes sont unifiées, mais SEULE l'unification de la langue bretonne est une preuve de connerie!»


François
Vendredi 22 novembre 2024
Yann. Vous raisonnez en «politique», en «militant», pas en linguiste. Chaque petit allemand a l'allemand comme langue maternelle, ce qui n'est pas le cas de la très grande majorité des petits bretons qui sont scolarisés en langue bretonne et dont les parents peuvent ignorer jusqu'au premier mot de breton. Ces élèves apprennent le breton comme une langue «étrangère», qui n'est pas leur langue première... au même titre que 99% de leurs professeurs dont la langue maternelle est le français. Le «diwaneg» est une très largement une langue «hors sol» dans la mesure où elle est déconnectée d'un véritable et solide ancrage socio-linguistique, ce qui n'est pas le cas de la langue allemande en Allemagne, unifiée ou pas. Et par ailleurs, sachez qu'un bretonnant «naturel» ne parle pas non plus exactement la même langue que ses grands-parents. Comparaison n'est donc pas raison. Enfin, je n'attaque pas du tout le principe «d'unification du breton». Je suis même très largement pour une norme écrite stricte et unifiée (peurunvan). La question est ensuite : comment parle t'on le breton. Et c'est à partir de là qu'interviennent mes remarques diwar-benn ar mod ma kustum dont hor yezh diwar muzelloù bugale Diwan. Ces remarques portent sur des aspects qui dérangent et choquent plus d'un acteur du milieu linguistique. Il s'agit là de points importants qui ne doivent pas être un tabou.

J-Luc Le Floc'h
Vendredi 22 novembre 2024

Puis-je apporter une modeste pierre au débat ?

Edo va mam mur vrzehonegerez a-vihanik. Ma mère était bretonnante de naissance. Je l’ai entendue dire, sur le tard, qu’elle appréciait le breton moderne, entendu dans les médias (TV, radio), et notamment de la bouche des générations Diwan.

J’interprète cela de deux façons :

. le breton du Kreiz-Breizh - sa langue native - possède un accent tonique très marqué. Découvrir un accent un peu adouci la surprenait agréablement, d’après ce que j’ai compris.

. tout locuteur, instruit par l’expérience de l’observation et les années, a pu constater qu’une langue est mouvante, et tend à bourgeonner. La langue bretonne n’échappe pas à ce risque et à cette règle. La nouveauté et la complexité du monde amène à créer, ou à emprunter et colorier, du nouveau vocabulaire lorsque c’est nécessaire.

Reste la grande question de la phonologie, au-delà du simple accent. Ce point en effet reste à travailler dans la transmission et le développement du breton.

J’entendais encore récemment des bretonnants natifs. Quel plaisir ! Quelle musicalité ! Un vrai trésor ! Un teñzor !

A galon deoc’h, tudoù !


Nota : le Kreizh-Breizh ne roule pas les R !


Enora Latimier
Vendredi 22 novembre 2024
Une précision utile, je crois : si Diwan est en effet une association portée en très grande partie par des parents qui mettent en place des écoles, ce n'est absolument pas le cas de Div Yezh et Dihun.
Ces deux dernières associations, qui regroupent des parents (respectivement dans le public et le privé), ne sont pas du tout décisionnaires, contrairement à Diwan, dans l'ouverture, la fermeture, le choix des sites où installer une filière bilingue. Elles peuvent être une force de proposition, de lobbying, mais les décisions d'ouverture, de poursuite et de continuité des filières/classes bilingues relèvent des instances l'Education nationale et des DDEC.
C'est bien la raison pour laquelle il leur faut manifester ou négocier pour une ouverture de filière.
Votre présentation laisse croire que Div Yezh et Dihun ont un autre rôle que celui que je précise ici, c'est dommage et illusoire.
Ça ne remet bien entendu en rien leur travail en cause, et la mobilisation des parents qu'elles réussissent souvent à mettre en place, et qui aboutit à une décision, favorable ou non, des autorités concernées.
Le fonctionnement de Diwan est tout à fait différent, et il n'est pas possible de les mettre sur un plan aussi symétrique.
A galon.

Maryvonne Cadiou
Vendredi 22 novembre 2024
À noter que la première école maternelle en breton ouverte en 1977 l'a été à Lampaul-Ploudalmezeau.
Le livre de Fañch Morvannoù «Le breton, la jeunesse d'une vieille langue» porte en couverture cette photo émouvante (avec le recul) de Denez Abernot menant à cette «école» les cinq premiers très jeunes élèves Diwan.

– Brest. Presses populaires de Bretagne, 1980. 88 p. Photo M. Letissier. Préf. de l'Occitan Robert Lafont.


Fabrice Coupechoux
Vendredi 22 novembre 2024
Intéressante cette série.

Une remarque : Dihun est l'association liée à l'Enseignement Catholique -nom officiel-, non aux «écoles privées».

La terminologie est importante, nous ne sommes pas l'école de l«arc'hant bras», des bourgeois ou du sarkozysme, mais nous inscrivons dans le projet éducatif de l'Eglise. Arrêtez avec ses «écoles privées», terminologie qui touche aussi bien les écoles Diwan, coraniques, intégristes, Frenet...que les écoles catholiques.

«Skolioù kristen» tout ha mat pell 'zo.


Alwenn
Vendredi 22 novembre 2024
La «problématique» de l'enseignement bilingue se pose exactement de la même façon à Dihun, Diwan, et Divyezh. Elle se pose d'aileurs pour toute langue minorisée qui se trouve dans la même situation que la langue bretonne.

Il y a aussi des critiques contre l'enseignement dans les écoles «purement» françaises, dans lesquelles les enfants maitrisent parait-il plutôt mal le français (en fait, le français officiel).

Il y a deux types de critiques à l'égard de Diwan :

- Celles qui visent à l'excellence pour Diwan, et à un enseignement du breton riche et le plus proche possible du breton «traditionnel».

- Et celles qui voudraient la disparition de Diwan, pour raison «politique» !

Alors, oui, il faut chercher à transmettre au mieux la langue «traditionnelle», mais cela aussi bien à Dihun et Divyezh qu'à Diwan.

Et personne n'a jusqu'à présent trouver une altenative à Diwan (il n'y en a pas !). La critique est facile, faire est plus difficile.


pascal rannou
Vendredi 22 novembre 2024

Je suis totalement d’accord avec François et trouve également l’expression « néo-vieux » méprisante pour les générations de bretonnants authentiques dont tous ceux qui souhaitent parler breton correctement devraient s’inspirer. Dans le topo de M. Lécuyer, d’ailleurs, ces « vieux » ont 70, puis 85, enfin 90 ans...:jusqu'où ira-t-il? Cette gérontophobie me paraît inquiétante, et fausse: on trouve encore pas mal de bretonnants authentiques qui ont 50 ou 60 ans, notamment à Carhaix. J’y ai souvent entendu des lycéens de Diwan parler entre eux une langue que les gens du coin sont incapables de comprendre, et vice-versa: à quoi bon alors bâtir un lycée Diwan à Carhaix? Autant le faire aux Kerguelen... Ce n’est certes pas de la faute des élèves, mais des enseignants qui, dans leur majorité, leur inculquent une langue aseptisée, sans accent. Sans viser à « l’authenticité totale » (qu’est-ce?) on peut au moins essayer de parler breton avec un accent correct, et un minimum de néologismes. « Telephone » et « television » sont aussi des mots anglais... La plupart des termes techniques et affectifs (« tristidigezh », par ex.) sont ou peuvent être construits dans toutes les langues à partir de racines gréco-latines, auxquelles on greffe les affixes locaux. Cela n’empêche pas de créer des néologismes avec discernement, mais là n’est pas l’essentiel.
Avoir appris le breton en cours du soir ou à Diwan ne dispense personne d’améliorer sa langue & son accent en parlant avec les « vieux », qui sont en général très heureux de voir qu’on s’intéresse à eux dans la langue qui leur a valu brimades et coups jadis! C’est autre chose que le mépris que leur porte M. Lécuyer... Quand je parle breton avec mes parents octogénaires et « édentés » (sic!), j’entends toujours un mot qui ne figure dans aucun dico: c’est dommage! Ce serait plus utile de les recueillir que de crée du breton chimique...
M. Lécuyer assimile le breton populaire à un patois: or, c’est le néo-breton qui en est un. On ne peut assimiler le breton des campagnes au patois du Loir-et-Cher, qui reste du domaine de la langue française. Les patois de France s’opposent à une norme, alors que le breton populaire ne s’oppose pas à la norme Diwan, car celle-ci n’est pas une norme: elle s’auto-proclame telle. Ce n’est pas du « diwaneg », d’aileurs, ni du « roazhoneg », mais la langue de la majorité des néo-bretonnants qui ont, en effet, comme l’écrit François, mis la charrue avant les bœufs: leur investissement pour la langue bretonne est admirable – quel dommage, seulement, qu’ils aient oublié de l’apprendre correctement!
Pour répondre à Yann-Vleiz, on ne peut comparer l’Allemagne et la France. L’unité allemande s’est essentiellement construite sur l’unité linguistique, qui n’existait pas en France avant 1914. Il m’étonnerait, d’ailleurs, que les Allemands d’aujourd’hui ne comprennent pas celle de leurs grands-parents: l’Alsacien a pour forme écrite l’Allemand, et l’intercompréhension ne pose pas problème entre eux. J’imagine qu’il en va de même pour l’Allemand et le Bavarois. Un francophone scolarisé parle certes différemment qu’un aïeul non scolarisé, mais leurs deux idiomes ont des sources authentiques, et ils se comprennent! Le parisien qui rend visite à sa famille normande la comprend mieux que des vieux bretons ne comprennent les élèves de Diwan ou d’autres structures qui enseignent le néo-breton. Le français actuel est certes le dialecte d’Ile-de-France, mais c’est une langue authentique, ce qui n’est pas le cas du néo-breton, sorte d’espéranto insipide qui n’a jamais été parlé par le peuple. On peut unifier le breton, mais pourquoi le faire en néo-breton? C’est créer un nouveau dialecte là où il y en a déjà quatre...
Voilà pourquoi il m’étonnerait fort que les écoles Diwan ait réussi à s’exprimer en vannetais et en léonais (il y a sûrement des exceptions, du moins je l'espère): pourquoi n’ont-elle pas été capables de le faire en kerneeg à Carhaix? « Le breton de Diwan est adapté au monde actuel », écrit F. Lécuyer: c’est faux. Il n’est adapté qu’à un monde: le sien, et celui des néo-bretonnants, universitaires et militants (en majorité, pas tous), un monde qui circule en vase-clos, s’auto-reproduit sans avoir le courage de se mettre en question: il est certes plus facile de mépriser les « vieux » et « néo-vieux ».
Élèves des écoles Diwan, exigez de vos enseignants qu’ils apprennent un breton correct avant qu’ils vous inculquent leur novlangue. Faites l’école buissonnière et allez au contact des vrais bretonnants, qui n’ont pas tous 90 ans, et même s’ils avaient tous cet âge? Quand on pense que ce dictionnaire est écrit à « attention de ceux qui racontent n’importe quoi »: j’espère que son auteur se le dédicacera! Et ne criez pas à l'attaque ad hominem: c'est l'argument de ceux qui n'en ont pas...

Christian Bougeart
Vendredi 22 novembre 2024
Tout à fait d'accord avec F. Lécuyer. Cette mode du «néo-vieux» ne rend ni hommage aux anciens ni au breton populaire. C'est du boboïsme à la sauce scrongneugneu. «Diwan c'est nul», «tout est du breton chimique», «ça devient n'importe quoi», «les vieux disent pas comme ça».
Mais les vieux n'en ont rien à foutre de vos conneries et de vos houkases à trois lurs ! Effectivement, le breton de Diwan est parfois un peu «hors-sol» mais le français de l'Education National est, lui, carrément une nov-langue, comme le français des hommes politiques est une nov-langue, comme le français des communiqués syndicaux est une nov-langue. Le breton populaire, c'est comme le français populaire ou l'anglais populaire, il s'apprend dans la rue, au bistrot, au club de foot, etc... mais dans une Bretagne où les brittophones ne sont plus qu'une minorité, où le breton n'est plus que rarement entendu dans un cadre social autre que le club du troisième âge où est-ce que les enfants Diwan (voir même les profs Diwan trentenaires ou quarantenaire) vont entendre du breton populaire ??? La réalité c'est ça et c'est elle que décrit Fabien Lécuyer.

J-Luc Le Floc'h
Vendredi 22 novembre 2024
Personne ne parle de l’expérience des Treizherien sonjoù (les Passeurs de mémoire), initiée avec succès depuis plusieurs années déjà, en Penn-ar-Bed (Finistère) par le département. Voir le site du CG29.

Les élèves Diwan du lycée de Kerampuilh peuvent rencontrer quelques bretonnants natifs à la maison de retraite de Persivien. Ils n’ont pour cela qu’à traverser une prairie ! Il suffit d’oser. D’écouter, de rester simple. Il y a sûrement aussi d’autres contextes.

Je signale aussi qu’un projet de messe en breton est dans les tuyaux à Karaez (à l’initiative de laïcs). Pourquoi l’Eglise, au sein de laquelle se trouvent un certain nombre de prêtres bretonnants natifs ,ne pousse-t-elle pas dans ce sens ? La preuve est faite que l’on peut trouver de très bon réglages entre français et breton (voir ce qui se fait au Minihi-Levenez , en 29).


Virginie K
Vendredi 22 novembre 2024
Mankout a ra Divskouarn ! Il manque Divskouarn !

Cheun
Vendredi 22 novembre 2024
Les question de phonologie n'ont jamais été une priorité pour les premiers militants de l'Emsav. Je suis le premier à reconnaitre le mérite des créateurs de Diwan. Seulement, le fait de ne pas pouvoir se faire comprendre à Carhaix de bretonnants locaux est plus qu'un détail: il est symptomatique d'un échec. Comment les dirigeants de cette école ont-ils pu se couper ainsi des racines de la langue bretonne ? Je ne remets pas en question la bonne volonté de certains professeurs, j'en connais quelque uns dont le breton est excellent... mais d'autres dont ce n'est vraiment, mais vraiment pas le cas. Peut être y aurait il un effort à faire au niveau du recrutement. Mais je ne crois pas que cela soit suffisant: c'est la politique des instances de Diwan qui est à revoir sur ce point. En même temps, difficile, vu l'état de la langue, d'être trop regardant sur le niveau phonologique du breton des professeurs... surtout que ce n'est pas une priorité... le serpent se mord la queue. Une réelle prise de conscience est néanmoins nécessaire. Quant à Christian Bougeard, jamais aucun des intervenants n'a dit: « Diwan c'est nul », «tout est du breton chimique», «ça devient n'importe quoi», «les vieux disent pas comme ça». Là, c'est vous qui, comme François, sur-réagissez. Mais il fait dire que le sujet est tellement passionnant et passionné. Le vrai problème, pour moi, c'est qu'il semble y avoir souvent une coupure entre les deux états de langue, comme en témoigne Pascal. Et cela va au-delà d'une simple problématique de registre de langue, registre populaire ou relevé. Le breton Diwan n'est de surcroit pas particulièrement un breton relevé, il est même assez pauvre sur le terrain de l'expression spontanée, marqué de maladresse et d'emprunts au français au regard de l'accent et la syntaxe, voire tout simplement du vocabulaire. Tout est perfectible, certainement, mais ce breton de Diwan, celui que parlent les élèves, n'est en aucun cas supérieur au breton des locuteurs dont il est la langue maternelle.

David Peru
Vendredi 22 novembre 2024
Divskouarn n'eus ket gand an Emzao en e heriadur. Piou a gavo droll p'eo hanter vouzar ? -)

JY Le Touze
Vendredi 22 novembre 2024
En tant que parent d'élève Diwan et lorientais, je fais juste un constat : en dehors de l'école et des camps de l'été, la plupart des enfants scolarisés à Diwan Lorient (idem pour la filière bilingue publique) n'ont AUCUNE occasion d'entendre parler breton naturellement et de façon spontanée. Et je suppose que c'est le cas dans une grande partie de la Bretagne.

Alors au risque de me répéter, l'une des principales urgences est la création d'une chaîne de TV bilingue pour qu'il y ait au moins un espace facile d'accès où la langue bretonne serait présente naturellement et dans toute sa richesse et sa diversité.


Sedrig Laur
Vendredi 22 novembre 2024
Ha DAO (Deskiñ d'An Oadourien)?

Dahud Ar Go
Vendredi 22 novembre 2024
oui bien sûr, tout ceci formulé dans un français impeccable, on aurait tort en-effet de ne pas attendre qu'une TV bilingue soit crée avant de songer à commencer à s'exprimer en breton pour le bien de ses enfants, an télé ha... BURZHUD DRE VOLONTEZ DOUE ! ma foi c'est confortable, on pose son séant devant l'écran plat et on s'y met... nag a vec'h a daper en e vizied, nag a bikouz en e zaoulagad, dal, poent eo sellet ouzh enezenn ar vugale !

Karine Viard
Vendredi 22 novembre 2024
Tudoù, skrivit e brezhoneg, souezhus e kavan bep tro gwelet tud o kaozeal diwar-benn ar brezhoneg hag e galleg. Ar wirionez zo etre daou e gwirionez : an nevezvrezhonegerien o deus strivoù d'ober, me en o zouez met diaes eo memes tra pa vezer o chom en ur gêr vras. Pa gomzan yezhoù estren e vez lavaret din alies ne vez ket merzet n'on ket eus ar vro. Evit ar brezhoneg avat n'eo ket aes. Skouerioù, patromoù a vank dimp me a gav. Tud zo a lavo din e c'hallfen mont da gomz gant brezhonegerien a-vihanik. Graet em boa met goude-se e vezer dre-vras gant nevezvrezhonerien ha tamm-ha-tamm e veer levezonet. Ezhomm zo sikour an dud a zesk, an dud o deus desket hag o deus poan da zistagañ ha da daolmouezhiañ mat. Er stad m'emañ ar yezh ez eus ezhomm eus an holl volontezioù mat. Memes tra ez eus ezhomm stummañ kement a vrezhonegerien, miliadoù, ma vo start e vefe distaget mat gant an holl. Trawalc'h eo gwelet ar pezh a c'hoarvez en Euskadi da skouer. Ne lavaran ket eo mat evel-just, din me ivez e plije din komz brezhoneg brav, gant troioù-lavar ar brezhoneg met ivez gant nevezc'herioù ar bed a vremañ. Un dra a vefe mat ivez : kaout kentelioù distagadur evit ar skolaerien ha kelennerien bugale ha tud deuet, ar re a «skign» ar yezh davet strolladoù tud allTudoù, ma distagit mat, sikourit ar re all !

François
Vendredi 22 novembre 2024
De toute manière, Diwan est une nécessité absolue. C'est la seule filière scolaire qui a assez de poids, d'indépendance et d'expérience pour tirer assurer la transmission du breton par la méthode de l'immersion, la seule méthode vraiment efficace. Mais il faut simplement que ses dirigeants et professeurs acceptent les remarques concernant l'amélioration de son fonctionnement. Le travail jusqu'ici effectué est gigantesque, mais qui aime bien chatie bien ! Il faudrait ensuite un pouvoir politique assez fort pour permettre le développement de la filière. Hag aze emañ an dalc'h, a gav din. Hep brezhoneg, Breizh ebet, moarvat, met hep youl politikel, brezhoneg ebet ivez. Ha, gwir eo Karin, m'en em lakafe Breizhiz da ober un tammig bihan muioc'h gant o yezh. Evel ma lavare Jacques-Yves, e vefe mat kaout mediaoù brezhonek (pe divyezheg), met aze ez eo un afer a c'halloud politikel c'hoazh. @Dahud: Kompren a ran e vefec'h chalet gant ar ral a dud a gustum ober gant hor yezh, memes pa 'z int tadoù pe mammoù bugale vrezhonegerien. Ar pezh a zo, n'eo ket aes d'an holl deskiñ ur yezh, forzh pehini e ve. N'eus ket an donezon-se gant tout an dud, siwazh. E mod-se eo. Ne vir ket ouzh an dud-se da garout o bugale ha d'o souten a-greiz kalon.

JY Le Touze
Vendredi 22 novembre 2024
@Dahud ar Gov... ah ah ah ... ben oui, c'est encore plus facile de fuir la réalité.... 95% au minimum des familles dont les enfants sont à Diwan ou dans les filières bilingues ne sont pas brittophones et ne le deviendront pas pour x raisons.... et plus de 95% de la société bretonne n'est actuellement pas brittophone et ne le deviendra pas. Alors au lieu de se regarder le nombril et de blablater sur des fantasmes, il est urgent de revenir sur terre et d'aller vers des réalisations concrètes: et la TV en est une de première importance. Vous croyez que les Gallois ou les Catalans ou les Écossais ou les Irlandais ont poussé à la création d'une TV dans leur langue juste pour le fun ?? ou pour comme vous le dites élégamment «ma foi c'est confortable, on pose son séant devant l'écran plat et on s'y met.» ??? La réalité est là et il faut faire avec... Je le répète , les enfants scolarisés à Diwan et en bilingue n'ont en majorité aucune occasion d'entendre parler breton en dehors de l'école et des camps de vacances.... Vous trouvez ça normal ?? Au lieu de s'étriper sur l'accent des uns ou des autres, il serait temps de progresser et d'obtenir des réalisations concrètes ouvrant de nouvelles perspectives pour la langue bretonne .....Et la Tv en tant que medium de masse est fondamental. ( Sans parler de l'aspect économique qui n'est pas négligeable ... 2000 emplois induits par la création de S4C au Pays de Galles).

Yann Le Bleiz
Vendredi 22 novembre 2024
J'aimerai faire remarquer que la langue bretonne est un patrimoine français, très officiellement elle n'appartient PAS aux bretons.

Ok, c'est une violation des droits de l'homme, mais la France ne le nie pas. Elle n'a signé aucun texte sur le sujet.

Son usage et son apprentissage n'est que le résultat de la volonté de l'état français, non celui du peuple concerné. (Sauf pour ces furieux de Diwan qui refusent de comprendre que ce n'est pas à eux de décider)

Malgrè tout le peuple concerné se reveille un peu, il arrive à mettre des panneaux bilingues pour les touristes, pas encore pour une utilisation réelle, quotidienne et normale des bretons.

Tant que la Bretagne n'aura pas d'institutions et donc la subsidiarité pour former ses professeurs et réaliser ses propres programmes scolaires. On aura encore ce genre de discussion qui tourne en rond.

Bizarre, mais personne ici ne demande le droit de disposer de notre langue. Donc, les français garderons encore longtemps les clès de son avenir.

Désolé, pour la traduction en Breton... Pas encore le niveau comme 4 millions de nos concitoyens, mais ça progresse.

Et pourquoi ça progresse? Parce que mes grands-parents 0% francophones de naissance ne voulaient pas me l'apprendre, de peur que je subisse ce qu'ils avaient enduré.


Renée Mazé
Vendredi 22 novembre 2024
Enseigner le Bro Gozh fait-il partie de la propagande politique ou de l'histoire et de la culture de la Bretagne (en le reliant aux hymnes gallois, et cornique par exemple) ?

Je ne sais pas si c'est mieux maintenant mais j'avais été surprise que mes petits-fils à Diwan Karaes (fin années 90) ne l'y aient pas appris. Pourtant des chansons de maligorn ça ils savaient !
Alors je l'ai inclus dans le répertoire des berceuses, en anglais (un rock d'Elvis), en italien (un morceau d'opéra), en langue africaine (Diaraby, chanson d'amour) !...

En école primaire en France (années 50) j'avais pourtant appris la Marseillaise !...


If
Vendredi 22 novembre 2024
@Renée. Ma klaskfe o mamm-gozh mont war ar brezhoneg dija ! Kalz spletusoc'h e vefe dezho eget deskiñ ar ganaouenn-mañ-kanaouenn, d'am soñj.

Julien
Vendredi 22 novembre 2024
@Yann Le Bleiz

«En France, il ne s'agit pas d'une langue unifiée, mais d'un dialecte imposé aux autres»

Faux les linguistes ont démontré que ce n'est pas un dialecte mais une langue qui s'est unifiée des apports de l'ensemble des dialectes du royaume. Il y avait d'ailleurs une intercompréhension du nord au midi entre les différentes personnes.

«J'aimerai faire remarquer que la langue bretonne est un patrimoine français, très officiellement elle n'appartient PAS aux bretons.»

Vous êtes français donc votre remarque n'a pas de sens.


Alwenn
Vendredi 22 novembre 2024
On ne peut pas se focaliser uniquement sur Diwan ou sur l'enseignement bilingue, il faut penser les choses globalement.

Il faudrait être capable de créer des «assises de la langue bretonne», qui se réuniraient chaque année pour faire le point sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas et qui aborderait les questions une à une : formation des enseignants, media (radio, TV), visibilité de la langue bretonne, nécessité ou non de réformer l'orthographe, utilisation d'internet, programmation pour l'ouverture de nouvelles classes, manières de sensibiliser les Bretons à la langue bretonne, analyse de ce qui se fait ailleurs (Pays de Galles, Pays Basque, etc.), etc.

Ces assises devraient réunir les associations, en particulier Dihun - Diwan - Divyezh, les syndicats (enseignants, parents, ...), les différents partis politiques, les collectivités (départements, maires, etc.), le rectorat, ...

Il faut impliquer tout le monde et que tout le monde se sente impliqué.

Le «Finistere» a initié «Klaskerien ha treizherien sonjoù». Pourquoi les autres département ne l'ont pas imité ????

Le même Finistère essaie de proposer à tous les enfants une sensibilisation au breton. Les autres départements le font-il ?

Pour le moment le travail en faveur du breton se fait trop en fonction des bonnes volontés, il faut être capable de créer une dynamique qui fasse que la mauvaise volonté soit rendu difficile, et que quand quelque chose d'intéressant est réalisé, comme «Klaskerien ha treizherien sonjoù», ce soit rapidement étendu ailleurs.

Les partis politiques sont trop aux abonnés absents. Même un parti comme l'Udb, dont l'utilité est quand même réelle, semble hiberner entre deux communiqués et être incapable d'initiative forte, et d' «échanges» avec la «socité civile».

Créer de telles «Assises» qui rassemblerait tout le monde donnerait du poids à la recherche de financements et à la création de médias, en particulier TV, et obligerait tout le monde à collaborer tout en pointant du doigt ceux qui freinent des quatres fers et font preuve de mauvaise volonté.

Ceux qui viennent commenter sur ABP le font trop souvent de manière réactive et pour montrer leur «indignation» et l'idéalisme dont il sont capables. Mettre les mains dans le camboui est une autre histoire. L'indignation et l'idéalisme sont un peu courts pour faire progresser les choses.


Max
Vendredi 22 novembre 2024
il est évident qu'il y a des différences entre le breton des locuteurs maternels et celui des jeunes bretonnants, cela paraît inéluctable puisque toute une génération (mes grand-parents) n'a pas transmis le breton à ses enfants (mes parents).
Mais n'oublions pas que l'unique responsable de ceci est l'Etat français, et que celui ci ne va pas commencer aujourd'hui à nous aider, après nous avoir brimé pendant 500 ans.
Ainsi diwan n'est pas parfait, mais en l'état actuel des choses peut on réellement faire beaucoup mieux au niveaux de l'enseignement?
le point essentiel pour moi est de réussir à réintroduire le breton dans la vie de tous les jours.

Léon-Paul Creton
Vendredi 22 novembre 2024

@lwenn

Je pense qu’il y a sur ABP des personnes de tous les âges. Des personnes qui réfléchissent avec leurs moyens, au travers aussi d’expériences dont ils ont retiré ce qu’ils ont pu !
Je pense aussi que beaucoup de commentateurs sur ABP veulent que cela change en Bretagne donc l’on peut intelligemment considérer que les « Assises « que vous proposez est une des premières choses à mettre en place, sinon la première !

Alors il faut passer le cap de l’indignation, de la réactivité… verbale, conserver l’idéalisme équilibré ? Que vous comme moi nous « pratiquons », et mettre en place les assises machines-outils !!!

Au fait, pour être pratique, qui va organiser ces assises générales ?

Où est-ce « qu’on » les fixe ? Bien sûr la question ne se pose pas qu’à vous…


iF
Vendredi 22 novembre 2024
@Max. Ar Stad c'hall, kablus ? Un tammig re aes eo. Ar Vretoned o-unan an hini eo a zo kablus. D'am soñj n'eus lezenn c'hall ebet a virfe ouzouc'h da zeskiñ yezh ho pro. Ha n'eus ket bet james ouzhpenn-se ! E gwirionez emañ ar gwir penn-da-benn gant Alwenn : d'ar Vretoned eo da gregiñ e-barzh.

Alexandre
Vendredi 22 novembre 2024
A mon humble avis, l'auteur de l'article voulait se référer à certaines personnes, comme le musicien E. Marchand, en parlant de «néo-vieux». C'est un emploi abusif du breton populaire, qui tend à utiliser une version créolisée de la langue. Cet emploi est aussi regrettable que l'excès inverse, qui conduit effectivement à une piètre qualité de langue chez certains élèves de Diwan (je précise que je n'ai pas été à Diwan, mais j'ai appris le breton par ailleurs). L'emploi des néologismes me semble maîtrisé, mais les défauts du «diwaneg» portent plutôt sur la prononciation (souvent catastrophique) et sur l'utilisation de gallicismes alors que des tournures idiomatiques différentes existent en breton. Exemple simple: sur ce site dans une vidéo, on entend «se 'zo lâr» pour traduire «c'est-à-dire» au lieu de l'habituel «da lavaret eo». Etc... Les ouvrages de Mark Kerrain sont un bon exemple de l'emploi d'une langue moderne ET populaire. Trop peu de monde les consulte visiblement...

Max
Vendredi 22 novembre 2024
@if pas sur d'avoir bien compris (mon breton est faible) mais j'vais essayer.
oui je simplifie en accusant l'état français de tous les maux, mais ce que je veux en tirer c'est que c'est aux bretons de s'bouger l'arrière train pour faire évoluer les choses.
Et c'est pas facile, rien que pour faire comprendre à mes potes que la Bretagne était une nation indépendante je galère...
A propos je te remercie d'avoir écrit en breton, quand j'en serais capable je ferais de même.

Fabien Lécuyer
Vendredi 22 novembre 2024
Mod all, p'emaomp ganti : evit ar re a zo tomm o c'halon (evit gwir) ouzh brezhoneg ar bobl; emaon o paouez klevout ez eus ur brezhoneger ha ne gompren nemet ar brezhoneg (un den «unyezhek» neuzen) 'ba ti ar re gozh Trabrivan. An hini diwezhañ moarvat...

Yann Le Bleiz
Vendredi 22 novembre 2024
@Julien
Non,

Vos linguistes doivent être ceux qui affirment que le breton est un patois.

Pour votre information, un dialect est une variante d'une langue, donc c'est tout à fait évident qu'il y a intercompréhension.

Pour le midi, désolé mais leur langue est l'occitan qui est la langue d'oc. Le dialect parisien (le français) est l'un des dialectes de la langue d'oil, dont fait parti le gallo.

Vos linguistes doivent être aussi crédibles que les historiens qui écrivent que la Bretagne est une terre française depuis le 5ème siècle.

Désolé, je ne suis pas français de nationalité, je suis français de citoyenneté. Le fait que l'état refuse cette distinction est une violation des droits de l'homme, pleinement assumée par celui-ci.

La langue est liée à la nationalité, pas à la citoyenneté.

Relisez, la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales de l'Europe et les textes équivalents de l'ONU.

Connaitre un peu les droits de l'homme n'est pas interdit!


Benead
Vendredi 22 novembre 2024
Bonjour à vous tous, Demat d’an holl !

Le sujet de la langue passionne toujours ! Et finalement c’est ce qu’il y a de positif dans tous les commentaires précédents. J’aimerais ajouter quelques réflexions personnelles au débat en cours.
Les langues (toutes les langues) ont un cycle d’évolution qui va de paire avec le peuple dont elles dépendent. Prenons un exemple concret : La civilisation égyptienne a couru sur des milliers d’années or, nous avons tendance à imaginer naïvement, victimes de « l’imagerie populaire » (la même qui nous fais croire que tous les vikings étaient blonds) à ne pas faire de distinctions objectives entre les égyptiens de l’Ancien Empire et ceux du Nouveau. Soyez bien conscient qu’un soldat de Ramsès II aurait eu bien du mal à saisir les propos d’un aïeul servant sous les ordres de Narmer. Cette évolution amena la transformation du système d’écriture courante (hors hiéroglyphes, l’écriture sacrée) qui passera ainsi du hiératique au démotique. J’ai conscience que cela est un rien ampoulé mais, cela rejoint le débat sur notre langue. Toutes les langues se transforment sous l’effet du temps. Il n’y a pas de langue figée car il n’y a pas de peuple figé, l’Homme n’est pas statue de sel. C’est parfois le résultat d’une lente évolution (comme c’est le cas du français, et ce depuis Richelieu), parfois la résultantes de guerres et de conquêtes (le gallo-romain, assez éloigné d’ailleurs de la langue compliquée de Cicéron) ou parfois, et c’est notre cas, à cause de la disparition des locuteurs originaux, contraignant les survivants, dans cette arrogance toute humaine qui consiste à lutter jusqu’au dernier, à se réapproprier un savoir sur le déclin contraint, faute de mieux, de réinventer une partie du patrimoine linguistique.
Les anciens étaient les détenteurs d’un savoir hérité tandis que les néo-bretonnant, dont je suis, sont porteurs d’un savoir enseigné. Rien à voir donc ! Soit, pourquoi pas !
Certes, comme tant d’autres, je peine sur les expressions où accents issus de mon terroir, même si j’essaie d’en faire vivre le vocabulaire. Grosso modo… je fais de mon mieux pour notre langue survive, car le réel objectif est là et pas ailleurs ! Un bémol tout de même : Les anciens où du moins une partie d’entre eux ne savait ni lire, ni écrire (c’était le cas de mon grand-père né en 1904) or, à notre époque où tous ce véhicule via Internet, ils est heureux que les néo-bretonnants, peu doués à l’oral si vous voulez, mais tatillons à loisir sur l’écrit puissent « porter » via ce vecteur jusqu’au bout du monde, en l’espace d’un clic de souris, ce qui reste de notre langue, elle aussi millénaire.
Un vieux proverbe bien de chez nous qui m’a été transmis par un ami du Pays Pourlet dit ceci : « Mettez deux bretons dans une pièce ; vous aurez une alliance… mettez en trois et vous aurez une guerre ! ». C’est triste de constater que ce n’est pas seulement une légende. Qu’importe que l’on enseigne le breton avec tel ou tel néologisme (pas toujours heureux, certes, mais quand bien même.), qu’importe qu’on fasse le choix de Diwan, Dihun ou Div Yezh, c’est là un choix qui appartient à chacun guidé par des motivations morales, philosophiques… le plat est différent ; mais nous dînons tous dans le même restaurant. Qu’importe aussi que l’on ne puisse parler exactement comme nos grands-parents et pour cause, ils se font rares et contre cela nous ne pouvons rien. Il est, au-delà de tous, face à un Etat qui au mieux ne s’occupe guère notre culture, au pire la combat farouchement, de s’allier vraiment, sans arrière-pensées, chacun avec sa vision des choses (et au final c’est tant mieux), car lorsqu’on n’aura plus qu’à s’occuper de savoir s’il faut utiliser « tout », « holl » ou « razh »… je pense alors que notre langue sera sortie de l’ornière dans laquelle elle s’enfonce lentement. Il restera alors aux linguistes l’éternité pour se battre mais surtout pour débattre de ces questions qui n’ont, au final, rien de futiles, et qui, pour tout amoureux de la langue de Basse-Bretagne reste passionnantes.
A Galon.


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