Pour cette fin d'été, l'Agence Bretagne Presse vous propose chaque semaine, sous forme de dictionnaire, un tour d'horizon des mouvements, organisations et revues politiques bretons.
En effet, tout article sur le mouvement breton dans la «presse nationale» (c'est-à-dire la presse parisienne) entraîne l'arrivée d'un journaliste venu de Paris en TGV sillonnant durant une semaine (dans le meilleur des cas) la Bretagne dans une voiture de location. L'article résultant de ce périple sera, malheureusement, bien souvent perclus d'erreurs et d'approximations.
Le mouvement breton («an emsav») étant complexe et fluctuant, il convient d'en rappeler les réalités actuelles.
Cette semaine, la lettre D. (À noter que quelques précisions ont été apportées après publication)
Défi breton/Dae Breizh. Revue nationaliste sur internet.
Rédacteur en chef : Denez Leroy.
Le Défi breton est une revue originale dans le sens où elle se consacre majoritairement à la reprise d'article ayant trait à la Bretagne ou aux combats des peuples minorisés à travers le monde.
Malgré un taux de fréquentation présenté comme «en hausse», le Défi Breton vient d'annoncer la fermeture de son site cette semaine (voir notre article)
Dihunomp («Réveillons-nous»). Revue nationaliste de droite diffusée sur internet.
Rédacteur en chef : Paul Chérel.
Contrairement à la revue vannetaise du même nom («Dihunamb» créée au début du siècle dernier), Dihunomp n'est pas rédigée intégralement en breton mais majoritairement en français (avec quelques articles en breton et en anglais). Les 9 pages de Dihunomp s'adressent à un public nationaliste de droite : poids de l’État jacobin, dénonciation de la fiscalité, «gabegie européenne» et les traditionnelles revendications bretonnes sont ses thèmes de prédilection.
An Drouizig («Le petit druide»). Association pour l'usage du breton dans le monde des nouvelles technologies.
Créée en 2003, An Drouizig a traduit et adapté en breton un nombre considérable de logiciels. Un clavier adapté à l'écriture du breton et de l’espéranto a également été conçu et commercialisé par An Drouizig.
An Drouizig ne s'inscrit pas dans l'Emsav stricto sensu mais le but avoué de An Drouizig est d'oeuvrer pour que le breton retrouve une place de premier plan dans la société bretonne.
Dihun - Diwan - Divyezh. Écoles bilingues breton/français (Dihun et Divyezh) ou par immersion en breton (Diwan).
Dihun («Réveil»), Div Yezh («Deux langues/bilingue») et Diwan («Germe») sont surnommées «les 3 Di».
— Diwan
Créée en 1977, Diwan est la plus ancienne des trois filières. Son histoire est connue et disponible notamment sur Wikipédia : [[École Diwan]]. Par contre, devant le succès de Diwan, un certain nombres de critiques a vu le jour :
– Diwan est-elle un réseau d'écoles d'enfants de «militants bretons» ?
Les écoles Diwan sont, 34 ans après leur création, des écoles de village ou de quartiers. Toutes les sensibilités sont représentées et surtout les non-sensibilités. Diwan comptent à peine plus de «militants bretons» que les écoles publiques ou privées tant elles sont sorties du public strictement «militant breton». La propagande politique est interdite sous toutes ses formes dans les écoles Diwan, il existe, par conséquent, une forme d'auto-censure de la part des parents ou enseignants militants politiques ou syndicaux. Ce qui implique que, paradoxalement, les écoles Diwan bruissent souvent moins de discours politiques ou partisans que les écoles publiques.
– Les écoles Diwan sont-elles des écoles d'enfants blancs appartenant aux couches sociales supérieures style «Bobos Breizh» ?
Une idée reçue popularisée par certains milieux jacobins veut que Diwan serait une école de bobos attirés par «l'exotisme du breton».
La réalité est pourtant bien différente. En effet, nombre d'écoles sont installées dans des quartiers populaires : Zup-Sud à Rennes, Bellevue à Nantes, Kerledé à Saint-Nazaire, Penhars à Quimper, Le Manio à Lorient, Coulée verte à Guérande, Gumunenn à Auray, etc...
Ces écoles se sont donc développées comme des «écoles de quartiers» accueillant des enfants de toutes origines. En campagne, certaines écoles sont tout bonnement les seules de la commune ou de certains hameaux importants (Loguivy à Lannion, Bohalgo à Vannes, collège de Plesidy, etc...).
Tout ceci entraîne une inévitable mixité sociale semblable à celle des écoles publiques. La plus grande école Diwan, celle de Nantes, compte par exemple des enfants de toutes origines et notamment beaucoup d'enfants d'immigrés. Dans un autre registre, à Saint-Nazaire, un enfant parlant une langue rwandaise a été encouragé par son instituteur à «sensibiliser» ses camarades de classe à sa langue maternelle.
Le bilinguisme des enfants scolarisés à Diwan, entraînant une capacité cognitive améliorée, expliquerait plutôt les résultats scolaires sans pareil dans l'hexagone. Malheureusement, la question de l'enseignement des langues étant un sujet trop sensible en France (l’Éducation nationale étant, il faut le dire, en échec permanent sur le sujet), le succès des enfants Diwan apparaît comme incompréhensible pour certains esprits.
– Le Breton enseigné à Diwan est-il artificiel ?
Cette critique est récurrente concernant le breton enseigné à Diwan, notamment dans certains milieux ne connaissant pas la langue. La réalité est beaucoup plus complexe.
Aujourd'hui il est difficile de trouver un bretonnant de naissance, ayant reçu le breton par transmission naturelle, âgé de moins de 70 ans. La quasi-totalité des personnes âgées de 20 à 60 ans sont des locuteurs ayant appris ou réappris le breton en cours du soir ou qui ont été scolarisés en école... Diwan. De surcroît, l'écrasante majorité des bretonnants âgés vivent à la campagne (ceux résidant en ville ont souvent passé une bonne partie de leur vie à la campagne). De ce fait, il est de plus en plus difficile de trouver un professeur des écoles édenté, roulant les «R» et pratiquant un breton, certes savoureux, mais souvent perclus d'argot rural. Le breton du professeur des écoles lambda de chez Diwan ne trouve donc (pratiquement) jamais grâce aux oreilles des détracteurs à la recherche d'une «authenticité totale».
D'autre part, les concepts et les mots utilisés dans le cadre scolaire étant bien différents du monde rural, il existe, il est vrai, un décalage entre le breton parlé par un ancien agriculteur de 85 ans et un jeune élève de CE2. La spécificité de l'école et du monde moderne a entrainé la création de néologismes en breton que certains critiques jugent «blasphématoires» car incompréhensibles par «les anciens». Mais ce constat est également valable pour le français. En effet, à l'école Jules Ferry du 4e arrondissement de Paris, il est rare d'entendre qu'un ordinateur «c'est une mécanique que t'éclis dessus et qu'tu vas sul intelnet avec».
Le breton de Diwan est donc un breton adapté au monde actuel. La difficulté, qui existe parfois, pour certains enfants, à comprendre les personnes âgés en breton est souvent la même qui existe quand un jeune scolarisé à Paris va voir Mémé dans sa ferme du Loir-et-Cher.
Diwan a, par contre, réussi à garder globalement un enseignement en dialecte vannetais dans les écoles du pays vannetais, léonard dans les écoles léonardes, etc., garantissant ainsi un lien entre le breton de l'école et le breton entendu et parlé dans l'environnement proche.
Le noeud du problème est qu'il existe une tendance actuelle chez certains jeunes bretonnants à se comporter en «néo-vieux». C'est-à-dire à prétendre parler comme des personnes de 90 ans, à utiliser pléthores de mots français à la place de néologismes dont certains sont implantés dans la langue depuis fort longtemps, voire à écrire en écriture phonétique pour mieux restituer «l'essence du breton populaire», parce que «c'est comme ça que feraient les vieux».
Bien entendu, les «néo-vieux», comme les détracteurs jacobins des écoles Diwan considèrent que toute personne ne parlant pas un breton totalement calqué sur le breton «des anciens» est par nature «indigne de l'enseigner aux enfants».
Cette tendance est, il est vrai, une réponse à la tendance précédente qui consistait à parler breton avec une syntaxe et un accent francisés à l'extrême et à inventer des mots nouveaux imprononçables et ce afin de chasser la moindre trace de «roman».
Adepte d'une «voie médiane», le corps enseignant de Diwan s'efforce, dans sa majorité, de transmettre un breton respectant le plus possible la syntaxe, l'accent et la prosodie des bretonnants de naissance tout en l'adaptant au monde et aux réalités actuelles.
— Div Yezh est un réseau de classes à parité horaire «breton-français» dans les écoles publiques.
— Dihun est un réseau de classes à parité horaire «breton-français» dans les écoles privées.
À noter que cette parité horaire est théorique et dépend beaucoup de la volonté des maîtres et, parfois, de «l'ambiance» dans l'école. Certaines équipes pédagogiques voient en effet d'un très mauvais oeil l'arrivée de classes bilingues. La cause de cette hostilité est parfois liée à des raisons de maintien ou non de postes en unilingues mais parfois liées à des raisons plus idéologiques.
Dihun a mis en place un poste d'intervenante en langue gallèse pour les écoles en faisant la demande.
Dans les écoles Diwan, une école primaire (Questembert) et un collège (Vannes) proposent des cours de gallo.
Divyezh ne propose aucune possibilité de cours de gallo.
■- Je suis effectivement originaire de Haute-Bretagne (région du Mené) mais j'ai vécu ne nombreuses années en Basse-Bretagne où j'ai eu l'occasion d'aller confronter mon breton aux bretonnants de naissance. J'ai notamment commis un (modeste) glossaire du breton de Saint-Yvi/Sant-Ivi en complément de celui d'Alan Heussaf.
Et depuis quelques années je m'efforce de faire la même chose pour le breton si particulier du Faouët/Ar Faoued.
- Mes écrits ne visent en aucune manière le «breton populaire» qui est une réelle passion pour moi (comme l'est le gallo populaire) et que j'essaye de transmettre, le mieux possible, à mes élèves mais bien le «néo-vieux» qui en est la maladie infantile.
- Concernant «l'échec de Diwan», je laisserais la parole aux faits : Diwan 36 écoles, «néo-vieux»: combien ?
Bien à vous/'Benn wech !
Fabien Lécuyer
RESTACHOU MAD 'ZO MAD DA GAOUD ! a zo kentel brezoneg vidoh 'hwi
gwella zonjou e bro Plouk (c'hoaz e jom din-me tost da zaou ugent bloaz araog koll péz a jom euz va rastell)
Par contre, intéressant cette attaque sur le breton unifié.
En Allemagne, plus personne ne parle l'Allemand du 19ème siècle, ni même celui de mémé. L'Allemand est une langue unifiée. La majorité des Allemands ne comprennent pas le dialecte de leurs grands-parents!
En Europe, l'Allemand et le breton sont loin d'être les seules langues unifiées, c'est d'ailleurs le cas pour la majorité des langues. Dans des petits pays comme la Slovaquie ou la République tchèque, on ne parle pas exactement la même langue de l'est à l'ouest, mais tous apprennent une langue unifiée à l'école.
En France, il ne s'agit pas d'une langue unifiée, mais d'un dialecte imposé aux autres (un autre style). Fait t-on le procès du français? Pourtant cette version, elle aussi n'a pas grand chose à voir avec les parlés de la population française du 19ème siècle.
Oui, en Bretagne comme en Europe, il y a une différence entre la langue rurale et la langue unifiée.
Mais la plus grande différence est surtout que les britophones maternels actuels n'ont jamais reçus d'enseignement sur leur propre langue, ce qui n'était pas le cas des anciens au 19ème siècle. De plus, cette unification de la langue est intervenue au 20ème siècle et non au 19ème.
Si au 21ème siècle, il suffit d'être un locuteur maternel pour prétendre connaître sa langue, pourquoi l'école donne des cours de grammaire jusqu'en 3ème, pourquoi enseigne t'on la littérature jusqu'au Lycée?
François, pouvez-vous nous démontrer qu'un francophone n'ayant jamais reçu le moindre cours de grammaire ou de littérature s'exprime de manière identique à celui qui a reçu un enseignement?
Monsieur Joseph le Bihan disait qu'on lui avait fait comprendre une chose : «Je suis breton, donc je suis CON!»
Ici, on peut dire : «La plus part des langues européennes sont unifiées, mais SEULE l'unification de la langue bretonne est une preuve de connerie!»
Edo va mam mur vrzehonegerez a-vihanik. Ma mère était bretonnante de naissance. Je l’ai entendue dire, sur le tard, qu’elle appréciait le breton moderne, entendu dans les médias (TV, radio), et notamment de la bouche des générations Diwan.
J’interprète cela de deux façons :
. le breton du Kreiz-Breizh - sa langue native - possède un accent tonique très marqué. Découvrir un accent un peu adouci la surprenait agréablement, d’après ce que j’ai compris.
. tout locuteur, instruit par l’expérience de l’observation et les années, a pu constater qu’une langue est mouvante, et tend à bourgeonner. La langue bretonne n’échappe pas à ce risque et à cette règle. La nouveauté et la complexité du monde amène à créer, ou à emprunter et colorier, du nouveau vocabulaire lorsque c’est nécessaire.
Reste la grande question de la phonologie, au-delà du simple accent. Ce point en effet reste à travailler dans la transmission et le développement du breton.
J’entendais encore récemment des bretonnants natifs. Quel plaisir ! Quelle musicalité ! Un vrai trésor ! Un teñzor !
A galon deoc’h, tudoù !
Nota : le Kreizh-Breizh ne roule pas les R !
– Brest. Presses populaires de Bretagne, 1980. 88 p. Photo M. Letissier. Préf. de l'Occitan Robert Lafont.
Une remarque : Dihun est l'association liée à l'Enseignement Catholique -nom officiel-, non aux «écoles privées».
La terminologie est importante, nous ne sommes pas l'école de l«arc'hant bras», des bourgeois ou du sarkozysme, mais nous inscrivons dans le projet éducatif de l'Eglise. Arrêtez avec ses «écoles privées», terminologie qui touche aussi bien les écoles Diwan, coraniques, intégristes, Frenet...que les écoles catholiques.
«Skolioù kristen» tout ha mat pell 'zo.
Il y a aussi des critiques contre l'enseignement dans les écoles «purement» françaises, dans lesquelles les enfants maitrisent parait-il plutôt mal le français (en fait, le français officiel).
Il y a deux types de critiques à l'égard de Diwan :
- Celles qui visent à l'excellence pour Diwan, et à un enseignement du breton riche et le plus proche possible du breton «traditionnel».
- Et celles qui voudraient la disparition de Diwan, pour raison «politique» !
Alors, oui, il faut chercher à transmettre au mieux la langue «traditionnelle», mais cela aussi bien à Dihun et Divyezh qu'à Diwan.
Et personne n'a jusqu'à présent trouver une altenative à Diwan (il n'y en a pas !). La critique est facile, faire est plus difficile.
Les élèves Diwan du lycée de Kerampuilh peuvent rencontrer quelques bretonnants natifs à la maison de retraite de Persivien. Ils n’ont pour cela qu’à traverser une prairie ! Il suffit d’oser. D’écouter, de rester simple. Il y a sûrement aussi d’autres contextes.
Je signale aussi qu’un projet de messe en breton est dans les tuyaux à Karaez (à l’initiative de laïcs). Pourquoi l’Eglise, au sein de laquelle se trouvent un certain nombre de prêtres bretonnants natifs ,ne pousse-t-elle pas dans ce sens ? La preuve est faite que l’on peut trouver de très bon réglages entre français et breton (voir ce qui se fait au Minihi-Levenez , en 29).
Alors au risque de me répéter, l'une des principales urgences est la création d'une chaîne de TV bilingue pour qu'il y ait au moins un espace facile d'accès où la langue bretonne serait présente naturellement et dans toute sa richesse et sa diversité.
Ok, c'est une violation des droits de l'homme, mais la France ne le nie pas. Elle n'a signé aucun texte sur le sujet.
Son usage et son apprentissage n'est que le résultat de la volonté de l'état français, non celui du peuple concerné. (Sauf pour ces furieux de Diwan qui refusent de comprendre que ce n'est pas à eux de décider)
Malgrè tout le peuple concerné se reveille un peu, il arrive à mettre des panneaux bilingues pour les touristes, pas encore pour une utilisation réelle, quotidienne et normale des bretons.
Tant que la Bretagne n'aura pas d'institutions et donc la subsidiarité pour former ses professeurs et réaliser ses propres programmes scolaires. On aura encore ce genre de discussion qui tourne en rond.
Bizarre, mais personne ici ne demande le droit de disposer de notre langue. Donc, les français garderons encore longtemps les clès de son avenir.
Désolé, pour la traduction en Breton... Pas encore le niveau comme 4 millions de nos concitoyens, mais ça progresse.
Et pourquoi ça progresse? Parce que mes grands-parents 0% francophones de naissance ne voulaient pas me l'apprendre, de peur que je subisse ce qu'ils avaient enduré.
Je ne sais pas si c'est mieux maintenant mais j'avais été surprise que mes petits-fils à Diwan Karaes (fin années 90) ne l'y aient pas appris. Pourtant des chansons de maligorn ça ils savaient !
Alors je l'ai inclus dans le répertoire des berceuses, en anglais (un rock d'Elvis), en italien (un morceau d'opéra), en langue africaine (Diaraby, chanson d'amour) !...
En école primaire en France (années 50) j'avais pourtant appris la Marseillaise !...
«En France, il ne s'agit pas d'une langue unifiée, mais d'un dialecte imposé aux autres»
Faux les linguistes ont démontré que ce n'est pas un dialecte mais une langue qui s'est unifiée des apports de l'ensemble des dialectes du royaume. Il y avait d'ailleurs une intercompréhension du nord au midi entre les différentes personnes.
«J'aimerai faire remarquer que la langue bretonne est un patrimoine français, très officiellement elle n'appartient PAS aux bretons.»
Vous êtes français donc votre remarque n'a pas de sens.
Il faudrait être capable de créer des «assises de la langue bretonne», qui se réuniraient chaque année pour faire le point sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas et qui aborderait les questions une à une : formation des enseignants, media (radio, TV), visibilité de la langue bretonne, nécessité ou non de réformer l'orthographe, utilisation d'internet, programmation pour l'ouverture de nouvelles classes, manières de sensibiliser les Bretons à la langue bretonne, analyse de ce qui se fait ailleurs (Pays de Galles, Pays Basque, etc.), etc.
Ces assises devraient réunir les associations, en particulier Dihun - Diwan - Divyezh, les syndicats (enseignants, parents, ...), les différents partis politiques, les collectivités (départements, maires, etc.), le rectorat, ...
Il faut impliquer tout le monde et que tout le monde se sente impliqué.
Le «Finistere» a initié «Klaskerien ha treizherien sonjoù». Pourquoi les autres département ne l'ont pas imité ????
Le même Finistère essaie de proposer à tous les enfants une sensibilisation au breton. Les autres départements le font-il ?
Pour le moment le travail en faveur du breton se fait trop en fonction des bonnes volontés, il faut être capable de créer une dynamique qui fasse que la mauvaise volonté soit rendu difficile, et que quand quelque chose d'intéressant est réalisé, comme «Klaskerien ha treizherien sonjoù», ce soit rapidement étendu ailleurs.
Les partis politiques sont trop aux abonnés absents. Même un parti comme l'Udb, dont l'utilité est quand même réelle, semble hiberner entre deux communiqués et être incapable d'initiative forte, et d' «échanges» avec la «socité civile».
Créer de telles «Assises» qui rassemblerait tout le monde donnerait du poids à la recherche de financements et à la création de médias, en particulier TV, et obligerait tout le monde à collaborer tout en pointant du doigt ceux qui freinent des quatres fers et font preuve de mauvaise volonté.
Ceux qui viennent commenter sur ABP le font trop souvent de manière réactive et pour montrer leur «indignation» et l'idéalisme dont il sont capables. Mettre les mains dans le camboui est une autre histoire. L'indignation et l'idéalisme sont un peu courts pour faire progresser les choses.
Je pense qu’il y a sur ABP des personnes de tous les âges. Des personnes qui réfléchissent avec leurs moyens, au travers aussi d’expériences dont ils ont retiré ce qu’ils ont pu !
Je pense aussi que beaucoup de commentateurs sur ABP veulent que cela change en Bretagne donc l’on peut intelligemment considérer que les « Assises « que vous proposez est une des premières choses à mettre en place, sinon la première !
Alors il faut passer le cap de l’indignation, de la réactivité… verbale, conserver l’idéalisme équilibré ? Que vous comme moi nous « pratiquons », et mettre en place les assises machines-outils !!!
Au fait, pour être pratique, qui va organiser ces assises générales ?
Où est-ce « qu’on » les fixe ? Bien sûr la question ne se pose pas qu’à vous…
Vos linguistes doivent être ceux qui affirment que le breton est un patois.
Pour votre information, un dialect est une variante d'une langue, donc c'est tout à fait évident qu'il y a intercompréhension.
Pour le midi, désolé mais leur langue est l'occitan qui est la langue d'oc. Le dialect parisien (le français) est l'un des dialectes de la langue d'oil, dont fait parti le gallo.
Vos linguistes doivent être aussi crédibles que les historiens qui écrivent que la Bretagne est une terre française depuis le 5ème siècle.
Désolé, je ne suis pas français de nationalité, je suis français de citoyenneté. Le fait que l'état refuse cette distinction est une violation des droits de l'homme, pleinement assumée par celui-ci.
La langue est liée à la nationalité, pas à la citoyenneté.
Relisez, la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales de l'Europe et les textes équivalents de l'ONU.
Connaitre un peu les droits de l'homme n'est pas interdit!
Le sujet de la langue passionne toujours ! Et finalement c’est ce qu’il y a de positif dans tous les commentaires précédents. J’aimerais ajouter quelques réflexions personnelles au débat en cours.
Les langues (toutes les langues) ont un cycle d’évolution qui va de paire avec le peuple dont elles dépendent. Prenons un exemple concret : La civilisation égyptienne a couru sur des milliers d’années or, nous avons tendance à imaginer naïvement, victimes de « l’imagerie populaire » (la même qui nous fais croire que tous les vikings étaient blonds) à ne pas faire de distinctions objectives entre les égyptiens de l’Ancien Empire et ceux du Nouveau. Soyez bien conscient qu’un soldat de Ramsès II aurait eu bien du mal à saisir les propos d’un aïeul servant sous les ordres de Narmer. Cette évolution amena la transformation du système d’écriture courante (hors hiéroglyphes, l’écriture sacrée) qui passera ainsi du hiératique au démotique. J’ai conscience que cela est un rien ampoulé mais, cela rejoint le débat sur notre langue. Toutes les langues se transforment sous l’effet du temps. Il n’y a pas de langue figée car il n’y a pas de peuple figé, l’Homme n’est pas statue de sel. C’est parfois le résultat d’une lente évolution (comme c’est le cas du français, et ce depuis Richelieu), parfois la résultantes de guerres et de conquêtes (le gallo-romain, assez éloigné d’ailleurs de la langue compliquée de Cicéron) ou parfois, et c’est notre cas, à cause de la disparition des locuteurs originaux, contraignant les survivants, dans cette arrogance toute humaine qui consiste à lutter jusqu’au dernier, à se réapproprier un savoir sur le déclin contraint, faute de mieux, de réinventer une partie du patrimoine linguistique.
Les anciens étaient les détenteurs d’un savoir hérité tandis que les néo-bretonnant, dont je suis, sont porteurs d’un savoir enseigné. Rien à voir donc ! Soit, pourquoi pas !
Certes, comme tant d’autres, je peine sur les expressions où accents issus de mon terroir, même si j’essaie d’en faire vivre le vocabulaire. Grosso modo… je fais de mon mieux pour notre langue survive, car le réel objectif est là et pas ailleurs ! Un bémol tout de même : Les anciens où du moins une partie d’entre eux ne savait ni lire, ni écrire (c’était le cas de mon grand-père né en 1904) or, à notre époque où tous ce véhicule via Internet, ils est heureux que les néo-bretonnants, peu doués à l’oral si vous voulez, mais tatillons à loisir sur l’écrit puissent « porter » via ce vecteur jusqu’au bout du monde, en l’espace d’un clic de souris, ce qui reste de notre langue, elle aussi millénaire.
Un vieux proverbe bien de chez nous qui m’a été transmis par un ami du Pays Pourlet dit ceci : « Mettez deux bretons dans une pièce ; vous aurez une alliance… mettez en trois et vous aurez une guerre ! ». C’est triste de constater que ce n’est pas seulement une légende. Qu’importe que l’on enseigne le breton avec tel ou tel néologisme (pas toujours heureux, certes, mais quand bien même.), qu’importe qu’on fasse le choix de Diwan, Dihun ou Div Yezh, c’est là un choix qui appartient à chacun guidé par des motivations morales, philosophiques… le plat est différent ; mais nous dînons tous dans le même restaurant. Qu’importe aussi que l’on ne puisse parler exactement comme nos grands-parents et pour cause, ils se font rares et contre cela nous ne pouvons rien. Il est, au-delà de tous, face à un Etat qui au mieux ne s’occupe guère notre culture, au pire la combat farouchement, de s’allier vraiment, sans arrière-pensées, chacun avec sa vision des choses (et au final c’est tant mieux), car lorsqu’on n’aura plus qu’à s’occuper de savoir s’il faut utiliser « tout », « holl » ou « razh »… je pense alors que notre langue sera sortie de l’ornière dans laquelle elle s’enfonce lentement. Il restera alors aux linguistes l’éternité pour se battre mais surtout pour débattre de ces questions qui n’ont, au final, rien de futiles, et qui, pour tout amoureux de la langue de Basse-Bretagne reste passionnantes.
A Galon.