Patrimoine breton en péril (5/6) : les patrimoines naturels et paysagers

Enquete publié le 17/02/12 20:59 dans Patrimoine par Louis Bouveron pour Louis Bouveron
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la rivière d'Ellé menacée par la carrière d'Arzano
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Le village de Plumelin suspendu au-dessus de la carrière de sable.
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Une manifestation contre la carrière à Arzano
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PLouray - projet de décharge où devaient être stockés les déchets de Brennilis - le groupe GDE a cédé devant la détermination des habitants.
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Les sites éoliens en Bretagne (ZDE)

Nous continuons cette semaine le cycle consacré aux patrimoines bretons en péril, menacés de démolition, de délaissement ou d'altération, par un article dédié aux paysages et patrimoines naturels de Bretagne menacés.


Étant donné le nombre de cas, nous ne pouvons faire l'inventaire exhaustif de tous les éléments de cette catégorie menacés et nous nous limiterons donc aux cas et aux luttes actuelles les plus représentatives. Nous laisserons aussi de côté l'épineuse question des algues vertes, qui à elle seule mérite plusieurs livres. Nous privilégierons une présentation thématique qui suivra l'exposé des problèmes généraux pour l'ensemble de la Bretagne.

Situation : une Bretagne qui attire et construit à tout va

La Bretagne historique comptait en 2007 4,4 millions d'habitants, 3,1 en Bretagne administrative et 1.3 en Loire-Atlantique. En 2040, avec 1.630.000 habitants en Loire-Atlantique et 4,1 millions dans la patrie administrativement désignée, la population bretonne s'approchera des six millions d'habitants. Il est hautement naïf de supposer que cette augmentation, si elle se poursuit selon le rythme et les pratiques actuelles, ne causera pas des atteintes irréversibles à l'environnement breton, qui est une part de l'identité de notre pays et de son patrimoine. Cette croissance sera propulsée par la Haute-Bretagne, mais n'épargnera pas la Basse-Bretagne et les terres agricoles du centre.

Accroissement, c'est-à-dire lotissements à tout va, mitage des terres agricoles (même si les PLU se concentrent maintenant sur le comblement des « dents creuses », par exemple les champs oubliés en pleine ville) et difficultés de gestion de cet accroissement. Combien de communes peuvent-elles faire comme BOUVRON (44) qui longtemps n'a accordé aucune construction de lotissement après avoir, une fois seulement, construit un grand lotissement à l'ouest du bourg dans les années 1970 ? Le cas est plus ardu encore dans les communes littorales, par exemple à MOËLAN sur MER (29) où un projet de lotissement au Brigneau a été arrêté en 2005 suite à l'intervention de l'association des amis des chemins de ronde puis repris, et où la construction continue à ce jour. Accroissement en zone littorale, cela veut aussi dire multiplication des mobil-homes, dont la SPPEF dénonce la prolifération dans l'estuaire de la Rance dans les Côtes d'Armor. Accroissement, cela veut dire construction ou augmentation d'infrastructures, et notamment le passage en 2x3 voies de la RN 165 vers SAUTRON. Le nœud routier de SAVENAY (44) où la RN 165 (vers Vannes) s'écarte de la RN 171 (vers Saint-Nazaire) s'étire maintenant sur plusieurs kilomètres. Et la déviation de la RN 171 à travers les terres agricoles de LA GRIGONNAIS, BLAIN et BOUVRON n'a pas fini de faire parler d'elle.

En Haute-Bretagne, la population de certaines communes s'accroît de 25 % entre deux recensements (entre 1999 et 2007 par exemple). Cela est sans commune mesure avec la normale en France (des communes stagnantes, en diminution ou en légère augmentation), c'est pourquoi les maires bretons sont un peu seuls pour faire face à la gestion de l'afflux de gens et à la natalité locale. Cette croissance a priori sans limite donne des ailes aux promoteurs, comme à ceux du golf-château de Rimaison en BIEUZY (56) qui ont imaginé la construction de onze villages de golfeurs pour 400 logements en tout (voir notre article). Alors même que le golf reste un sport qui peine à décoller, et qui dévore à la fois des terres arables et de l'eau alors que le besoin s'en fait le plus cruellement sentir. Dans le même genre, le projet pharaonique de Notre-Dame des Landes dont l'utilité peine toujours à être justifiée. Pour faire face à l'accroissement de sa population, la Bretagne manque de terres.

L'épineux problème des carrières

Le besoin de granulats pour les routes et de graviers pour les bétons pousse les propriétaires de carrières à en ouvrir de nouvelles. Ainsi la Bretagne connaît, comme à la fin du XIXe, un boom de demandes d'ouvertures en tous genres, qui rencontrent l'opposition des riverains. Ainsi, à LE SAINT l'extension d'une carrière de granit pour la taille (4.000 T/an) en une carrière de granulats d'une production estimée à 100.000 T/an fait grincer des dents. Mais le cas le plus emblématique reste celui d'ARZANO (29) où le groupe PIGEON veut ouvrir une carrière de granulats et creuser, à 360 m de la zone Natura 2000 de la rivière de l'Ellé, une excavation qui atteindra 36 m au bout de 30 ans. L'association Collectif contre la carrière recueille 5.183 signatures grâce à une pétition, une autre association, Ellé vivante, réunit les élus pour plusieurs manifestations, la mobilisation est importante et huit registres vont être remplis pendant l'enquête publique. Le commissaire enquêteur pointe « la rédaction du dossier » en indiquant qu'« il n'est pas normal qu'autant d'erreurs, d'omissions et d'inexactitudes soient relevées ! » pour justifier son avis défavorable au projet (voir notre article) aussi justifié par la présence de vestiges archéologiques romains dont la mention est omise sur le dossier du demandeur, l'affleurement de la nappe à 6,65 m sous le niveau du sol, l'opposition massive au projet, les risques non évalués pour le village de Saint-Adrien dont les maisons, posées directement sur la roche, sont sans fondations et que les tirs de mines peuvent fissurer et l'étroitesse des voies d'accès. Le projet attend maintenant la décision du préfet : il semble que l'on soit dans le même cas que le projet des Carmes chez nos voisins d'outre Couesnon : un projet très impopulaire, dont les justifications sont sujettes à controverse (voir notre article), au cœur d'un débat politisé et sur lequel le préfet est appelé à se prononcer à quelques mois des élections : on peut donc s'attendre à ce que la réponse du préfet vienne après l'apaisement des débats électoraux.

Dans son rapport, le commissaire enquêteur estime qu'actuellement, les carrières de Bretagne administrative peuvent produire une fois et demie les besoins de granulats des quatre départements. Si on ajoute les capacités de production en Loire-Atlantique (Barel en Guenrouët, le Grand Betz en Campbon, la carrière d'Herbignac…), la Bretagne est largement excédentaire en graviers et granulats… ce qui ne devrait pas décourager les ouvertures de carrière. Pourtant, si l'on se penche sur une aire géographique précise où les carrières sont nombreuses, par exemple autour de BLAIN (44), l'on peut constater à travers les âges, c'est-à-dire depuis le XIIe siècle pour les plus anciennes (Saint-Roch ou La Rabatelais) l'impact que les carrières ont sur le paysage. A Mespras, Peslan, La Barre, Barel, au Pont de Barel, au Bois de Beaumont, en forêt de La Groulais, etc., le paysage est tavelé par des carrières (de surface) anciennes ou en cours d'exploitation. Doit-on en arriver, pour certains lieux de Bretagne, à la situation de SAINT-MALO de PHILY (35) où on a l'impression nette que la carrière de sable mangera le bourg près duquel elle creuse ? (voir le site)

La population augmente : donc les décharges seront plus nombreuses

Une population qui augmente, même si elle recycle, nécessite aussi, parce qu'elle produit plus de déchets ménagers et électro-ménagers, des centres d'enfouissement plus nombreux. C'est ainsi que si une décharge a été évitée de justesse sous le champ de bataille de SAINT-AUBIN-du-CORMIER (35) en 2001, d'autres projets de décharges fleurissent, si l'on ose dire. Alors même que la gestion des anciennes décharges est problématique. Exemple celle de l'ancienne décharge de Peslan en GUENROUËT (44) sur laquelle un livre est sorti, disponible en mairie de Guenrouët, et dans laquelle des mâchefers de fonderies auraient notamment été déversés.

Le groupe Guy Dauphin Environnement monopolise l'attention en ce moment même en Bretagne. Par son projet de PLOURAY, une méga-décharge près de la rivière l'Ellé et du point de captage de l'agglomération de Quimperlé (12.000 habitants), rivière dont les saumons sont menacés (voir notre article) Le projet devait occuper 150 hectares de terres agricoles, recevoir 150.000 tonnes de déchets annuels, et voir circuler 150 camions par jour (voir le site) Le dossier présentant des faiblesses et se heurtant à une forte hostilité locale, le groupe a préféré faire marche arrière en mars 2011 (voir notre article) … pour faire planer le risque ailleurs en Bretagne, sur 65 hectares de terres agricoles au lieu-dit Fry, entre MASSERAC et GUEMENE-PENFAO (44) où les maires et le député de Châteaubriant se sont émus du manque de transparence de la part du groupe (voir le site) Une pétition circule localement depuis le début de l'été 2011 (voir notre article) pour collecter des signatures contre le projet et « tuer dans l'œuf » toute tentative de méga-décharge dans le nord du 44, qui compte déjà le centre d'enfouissement de TREFFIEUX. La gestion des décharges existantes comme l'« Ecopôle » NOYAL-PONTIVY (56) est déjà à prendre en compte car ces sites doivent être surveillés et aménagés pour ne pas faire barrage à la biodiversité.

Mais deux questions restent à envisager et à régler, en élaborant une stratégie commune à tous les acteurs et collectivités bretons : le recyclage des déchets informatiques et électro-ménagers (une entreprise s'en occupait pourtant à Issé, C.E.D.R.E, mais elle a fermé) et l'endroit où il faudra bien mettre les déblais, parfois radioactifs, de Brennilis qu'il n'est pas envisageable d'exporter hors de Bretagne, au centre de la France ou dans le tiers monde, loin des yeux, loin du cœur.

Une agriculture à maîtriser

On aura assez parlé des porcheries, dont la Bretagne est saturée. L'extension d'une porcherie à PLOUVORN a mis en exergue les positions des uns et des autres à ce sujet (voir notre article) mais depuis les agriculteurs ont commencé à se rendre compte du déficit d'image que cette saturation cause pour la Bretagne et les problèmes tendent à se raréfier. Même si les éleveurs de porc continuent à faire parler d'eux (voir le site) il ne faut pas oublier que l'agroalimentaire est au cœur de la force économique de la Bretagne qui est quasiment auto-suffisante sur bien des produits de son alimentation et même nettement exportatrice. Le problème de l'épuisement des sols disponibles et du manque de place pour l'avenir mérite cependant d'être posé.

La porcherie est aussi l'arbre qui cache la forêt des élevages avicoles. Un exemple parmi d'autre, l'extension de l'élevage avicole de GLOMEL contre lequel bataille l'association B.A.G.N.E présidée par Jean Kergrist, association qui pointe le risque de voir cet élevage rejeter dans l'air quelques 525.000 m3 de gaz divers chaque heure (voir notre article). Enfin il y a, brochant sur le tout, le problème des bâtiments agricoles anciens et abandonnés, hangars en tôle, ou couverts de fibrociment amianté. Pour un agriculteur, le coût de la destruction d'un bâtiment de ce genre se monte à 5.000 €, plus encore s'il le fait réaliser par une entreprise spécialisée, note la SPPEF pour le cas des Côtes d'Armor.

Energies renouvelables : espoir ou menace sur la nature ?

Ces dernières années, le fait que la Bretagne soit une région ventée est enfin devenu une qualité. Aux yeux des exploitants comme des pouvoirs publics, qui couvrent la Bretagne de « zones de développement de l'éolien » (ZDE) et implantent un peu partout des moulins du 3e millénaire.

Mais les opposants à l'éolien invoquent, à l'appui de leur opinion, des arguments qui ne manquent pas de sens. D'une part, l'éolien met à mal les trames bleues (réseau des étangs, rivières, zones humides) et verte (espaces boisés) que le Grenelle II vise au contraire à protéger pour pallier la perte de la biodiversité. Idéalement, il faut que les espèces vivantes puissent s'ébattre sur un territoire donné sans rencontrer de barrières, telles que les routes à grand trafic, voies ferrées électrifiées, des barrages électriques et leurs retenues ou encore… les éoliennes dont le gigantisme et le bruit font fuir les animaux. Ces trames sont occultées pour l'implantation des ZDE, comme celle de JOSSELIN dont le périmètre est en pleine forêt de Lanoue, ou celle de KERFOURN à 500 m du bourg. Pire encore, les documents censés guidés les autorités administratives pour juger de l'opportunité de l'implantation des ZDE au regard de la protection de la nature établissent une classification des paysages selon leur intérêt… interdite par les directives européennes ! (voir notre article) comme l'Atlas des Paysages du Morbihan récemment sorti le fait, en définissant des paysages protégés car ayant une forte valeur touristique et identitaire (Golfe du Morbihan) et des « poubelles à éoliennes » comme le plateau de Pontivy.

Dans les régions littorales, le problème est aggravé par des infractions possibles à la loi Littoral, ainsi des éoliennes de Frossay (voir le site) Que dire aussi des projets d'éoliennes off-shore comme celui de douze éoliennes longtemps prévu sur le plateau de la Banche devant LA BAULE, heureusement enterré mais remplacé depuis par le projet titanesque du plateau du Four devant LE CROISIC : 100 à 115 éoliennes de 150 m de haut, produisant l'équivalent d'une tranche nucléaire (750 MW), un milliard d'investissements. Des chiffres qui laissent à penser que cela soit un énième projet pour la gloriole, car personne ne dit dans quelles conditions seront installées ces éoliennes, et surtout comment elles seront remplacées quand elles viendront à point grâce aux tempêtes hivernales, embruns salés et autres coups de tabac. Des éoliennes cinq fois plus grandes que les phares, dont les feux rouges clignotants seront vus à 30 km à la ronde la nuit et qui perturberont la plaisance comme la pêche côtière ; seuls apports positifs : la création – éventuelle – d'une filière industrielle à Saint-Nazaire et de 450 emplois.

Actuellement, le vent souffle pour l'abandon des projets éoliens en covisibilité avec les Monuments Historiques et les sites naturels les plus emblématiques : l'Atlas des Paysages du Morbihan suggère clairement de faire la paix au Golfe du même nom, donc on peut espérer que le parc prévu à LANGONNET en covisibilité avec les Montagnes Noires ne se fera pas. De même, l'impact des éoliennes commence enfin à être pris en compte dans la protection des abords des monuments bretons, qu'ils soient emblématiques comme le MONT-SAINT-MICHEL (voir le site) ou tout simplement importants comme le château de Goulaine à HAUTE-GOULAINE (44) près Nantes. C'est pourquoi on a toutes les raisons d’espérer que la raison finira par triompher pour BANNALEC (29) où des éoliennes doivent être implantées à deux kilomètres d'une église classée du XVIe, d'une autre du XVe et d'une chapelle, de trois clochers donc dont les abords vont être troublés par les mâts des éoliennes. Mais l'implantation des éoliennes remet aussi en cause les périmètres de protection des monuments : 500 m ne sont plus rien par rapport à des éoliennes visibles à des kilomètres. Par exemple, celles du Séry en CAMPBON sont visibles à dix kilomètres à vol d'oiseau.

Le problème est du reste sensiblement le même avec les centrales solaires (voir notre article). Solaire ou éolien apparaissent aujourd'hui comme des énergies dont l'avenir est incertain et flouté par les dispositifs de subventions et le lobby dont leur développement dépend fortement, si ce n'est entièrement. Ainsi, l ex-tarif de rachat de l'énergie photovoltaïque par EDF, à raison de 55 centimes d'€ au kilowatt/heure, quatre fois plus cher que l'énergie issue des centrales nucléaires, était clairement une subvention déguisée à la filière et la maintenait dans une bulle spéculative dont elle ne pouvait se départir, et à cause de laquelle elle s'est effondrée, entraînant avec elle des milliers d'emplois avortés de la « croissance verte ».

Toutes ces subventions typiques du modèle économique français qui s'évertue à nier la mondialisation depuis la IIIe République pour mieux garder le contrôle sur ses citoyens, détournent les efforts d'énergies renouvelables ou semi-renouvelables qui, elles, pourraient assurer l'avenir tout en tirant parti des caractéristiques de la Bretagne, telle qu'elle est et non telle que les penseurs de Paris ou de Copenhague voudraient qu'elle devienne. La Bretagne a beaucoup de forêts et de bois, si ceux-ci devenaient une ressource énergétique comme BESANÇON l'a osé (voir le site) il y aurait enfin une raison d'en assurer une gestion cohérente et respectueuse de la bio-diversité tout en créant des centaines d'emplois liés au bois, à sa transformation en granulés (à forte valeur énergétique) et à la gestion de la bio-diversité forestière. Quant à la bio-masse, oubliée des énergies renouvelables, elle permettrait de tirer parti des nombreuses exploitations agricoles bretonnes ; rappelons qu'en Allemagne, 6.000 fermes ont des installations utilisant cette énergie, c'est-à-dire celle que produisent leur fumier ou leurs animaux.

On ne peut permettre le gaspillage du patrimoine naturel breton, parce que plus que tous les autres, il n'est pas renouvelable et se trouve au cœur de l'attrait qu'exerce la Bretagne sur le monde, au cœur de son identité. C'est pourquoi il faut que chacun soit attentif à l'environnement dans lequel il vit, aux atteintes qui peuvent y être faites, comme à celles qui peuvent être faites à la richesse des paysages et de la diversité de la nature bretonne. C'est aussi pour cela qu'il est de plus en plus urgent de réunir l'ensemble des partenaires pour que la Bretagne réponde enfin aux défis que lui posent l'accroissement de sa population et le XXIe siècle. Alors que d'autres persévèrent dans des affrontements stériles et artificiels, la seule perdante est la Bretagne.

La semaine prochaine
 

Nous achevons ce dossier par l'étude du petit patrimoine menacé, du patrimoine paysan, tels que four, croix de chemin, bâtiments de ferme, moulins, ponts... le petit patrimoine qui est près de chez vous et qui est en péril. Signalez-nous les éléments du patrimoine que vous savez en mauvais état ou risquant la démolition en cliquant sur « Ecrire à l'auteur » en bas de cet article !

Louis BOUVERON, avec l'aide précieuse de Fanny CHAUFFIN et d'Anne-Marie ROBIC.


Vos commentaires :
Blain Michel
Jeudi 14 novembre 2024
Excelente étude qui décrit fort bien les menaces qui altèrent les paysages bretons.
Outre les éoliennes parfois décriées en certains lieux et le «mitage» du paysage du à des constructions dispersées (phénomène typiquement breton) ; il convient de mentionner les multiples zones d'activitées et zones commerciales qui colonisent les abords des voies rapides et des ronds points.
Ces espaces pris sur le foncier agricole sont occupés par des bâtiments dont l'architecture et l'urbanisme sont une insulte au regard.
Comme si celà ne suffisait pas, ces multiples zones et les entrées de ville sont «décorées» par une profusion anarchique de publicités et d'enseignes et toutes tailles et de toutes couleurs.
On est bien loin de l'image idylique de la Bretagne vantée dans les prospectus des offices du tourisme.
Le paysage étant une notion non délocalisable, il est est grand temps de réfléchir à une requalification des entrées de villes et des zones d'activité qui ont été urbanisées sans vision d'ensemble.

Alwenn
Jeudi 14 novembre 2024
«Ces espaces pris sur le foncier agricole sont occupés par des bâtiments dont l'architecture et l'urbanisme sont une insulte au regard.

C'est le moins que l'on puisse dire !

Effectivement excellent travail de Louis Bouveron. L'ensemble des articles sur le »Patrimoine breton en péril« est remarquable.

Quand on voit la mocheté des constructions moderne, comparé à ce qui était construit autrefois, du manoir à la simple maison, on voit que les gens »modernes« sont dénué de »goût« et de »sensibilité".


ex site bretagne.unie.free.fr
Jeudi 14 novembre 2024
«La Bretagne a beaucoup de forêts et de bois»

certes mais pas tant que cela c'est une des régions les moins boisées.13% de la region B4
(moyenne française 29%)

pas de chiffres pour la Loire-Atlantique mais les PDL c'est 10% de la surface en forêt ,sans doute la région la moins boisée (avec l'ile de france?)


Avel Glaz
Jeudi 14 novembre 2024
Merci pour ce très bon article. Nos 'élites« politiques seraient bien inspirés d'en prendre connaissance!
Je souhaiterais attirer l'attention sur le patrimoine architectural régional qu'il soit remarquable, historique ou simplement commun.
Que ce soit un village de chaumières, de maisons en pierres avec toitures en ardoises ou nos plus récentes maisons néo-bretonnes, nous savons, et le touriste qui visite notre région sait, que nous sommes et qu'il est en Bretagne.
Demain, qu'en sera t il? Au nom du développement durable et des économies d'énergies qu'il n'est pas question de remettre ici en cause, nous voyons des constructions de tous genres sans aucune cohérence avec le bâtit existant, sans qu'un style régional ait été défini au préalable, du mât »
provençale" au toit presque plat, à la maison bois qui ressemble à un cube gris, en passant par la maison aux formes improbables avec toiture en bac acier.
A quoi ressemblera notre Bretagne demain? Quel touriste fera le déplacement pour voir une Bretagne sans âme, les mêmes centres commerciaux, les mêmes sorties de villes avec leurs ZAC et les panneaux pubs qui vont avec, et donc bientôt des villages et des villes qui n'auront rien de différent, que l'on soit ici ou en d'autres régions? Que restera il si ce n'est par ci par là, des villages musées sans vie autres que commerciales ?


JBB
Jeudi 14 novembre 2024
Avel Glaz : ... la mer ! (et encore !)

YANN MOREL
Jeudi 14 novembre 2024
cet article reflète parfaitement la triste réalité de ce que devient la Bretagne,loin des clichés d'une Bretagne vivifiante pour placard publicitaire.On constate,les bretons confrontés quotidiennement à tous ces problèmes, que les villes bretonnes,par exemple, sont autant polluées que d'autres cités de France,la disparition programmée de sites naturels au profit de la spéculation et d'intérêts très privés.Bref on se dirige vers une seconde côte d'Azur à très brève échéance.

mamm soaz
Jeudi 14 novembre 2024
- «une Bretagne qui attire et construit à tout va» - Eh oui ! Ca bétonne de partout et les promoteurs se frottent les mains. D'accord il faut des logements mais que va-t-il rester de nos terres agricoles, de nos paysages côtiers ?
Depuis le 2 avril Cap-Lorient se fait appeler : Lorient-Agglomération. Non content de leurs 19 communes ils font désormais pression pour englober celles de la Communauté des Communes de Bellevue Océan... Quand on voit l'appétit de «cet ogre» comme certains l'ont déjà appelé, les temps ne sont plus loin où la ville s'étendra à perte de vue et où des noms comme Ploemeur, Queven, Riantec, Plouay etc... disparaîtront tout simplement de la carte pour ne plus être qu'un seul et unique «Lorient-Agglomération» ! C'est d'autant plus insoutenable que pour en arriver là, les Lois sont le plus souvent contournées, bafouées... On est en train de perdre notre identité ! Indignez-vous nous a dit un certain Stéphane Hessel ! Eh bien oui, nous sommes indignés !!!

69
Jeudi 14 novembre 2024
Génial !

FredN/Space Troubadour.
Jeudi 14 novembre 2024
Très bon !
J'ai habité si longtemps sur Blain/St Omer.....
Poète et parolier, désormais sur la charbonneuse Cordemais, je vous transmets ce souvenir !


La décharge de Peslan.

J'ai rêvé du bon temps,
où avec une remorque,
fait de bric et de broc,
on allait à Peslan.
Notre fumante diesel,
emmenant les poubelles,
vieux objets usagés,
ou un lave vaisselle,
dans le grand trou puant,
la décharge de Peslan.

On la voyait de loin,
aux milliers de mouettes,
pas besoin de dessin,
et même sans mirettes,
de très loin, on la sent,
la décharge de Peslan.

On pouvait y jeter,
ce qui nous encombrait.
Je me souviens,
du chien,
de l'immense fumée,
de nos clopes allumés,
des feux Follets d'argent,
du corps décomposé,
du vieil ane fumant,
des tractos remuant,
la décharge de Peslan.

De ces sacs de couleurs,
de ces milliers d'odeurs,
de la ferveur autour,
regardez les vautours !
Combien j'aimais ce champ,
qui bordait la forêt,
jamais ne reverrai,
La décharge de Peslan.

Aujourd'hui c'est un rêve,
on a des déchetteries,
aujourd'hui plus de trêve,
on est passé au tri.
Les cartons d'un côté,
des trucs qu'on jette pas,
le tout venant par là,
n'être bon qu'à trier,
que c'était le bon temps,
la décharge de Peslan.

Les sacs jaunes à la main,
la poubelle bien fermée,
compost dans le jardin,
objets pour le bon coin,
le seul endroit sûrement,
qui me rappelle tant,
la décharge de Peslan.

Grâce aux recycleries,
nos objets périmés,
trouvent une seconde vie,
et pour quelques euros,
tu rachète des merdes,
qui neuf coûtaient un bras !
Moi, je te jetterai tout ça,
au milieu de mes herbes,
dans ce magnifique champ,
la décharge de Peslan.

Il n'y plus rien qui traine,
monde désinfecté,
toutes nos vies de peines,
à la benne jetées.
Eh oui sur internet,
on vend ses veilles chaussettes,
et vieux machins sans âge,
sont devenus vintage,
revenir un instant,
la décharge de Peslan.

En voiture nucléaire,
j'ai su la retrouver,
des années de misère,
on l'avait dévasté.
De grandes herbes vertes,
recouvraient mes trésors,
mais par des failles secrètes,
l'odeur y est encore.
Je sens ma vieille Opel,
et mon chat écrasé.
je vais prendre ma pelle,
pour te ressusciter,
montrer combien t'es belle,
dans ton tombeau souillé,
retrouver mes dix ans,
et aux autres montrer,
la décharge de Peslan.

Et soudain un tracteur,
à jaillit sous mes yeux,
c'était l'agriculteur,
qui avait l'air Furieux.
Il m'a dit barrez vous,
il faut que je traite tout.
Je me suis retiré,
j'aurais presque pleuré,
et soudain dans mon nez,
le Bonheur du lisier !
Je me suis retourné, souriant,
de voir qu'encore,
on respectait ce champ,
de voir qu'avec trois bras,
ce gars là,
aimait tant,
la décharge de Peslan.

Oui, le monde à changé.
Du règne du tout plastique,
gasoil économique,
est né l'écologique,
nouveau monde électrique,
bardé d'ondes éclectiques.
Devenu saint Thomas,
on ne crois que ce qu'on voit,
la nature respectée,
par l'atome contrôlé.
Je peux vivre cent ans,
me faire incinérer,
je finirai pourtant,
comme un sac éventré,
et pour finir mon temps,
la décharge de Peslan.

Space Troubadour 12/20


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