Pas assez de codeurs en Bretagne

Reportage publié le 30/08/15 17:48 dans Economie par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Lors du débat sur les élections régionales organisé par le club Erispoë à l'Institut de Locarn samedi, un des thèmes abordés fut la fuite des cerveaux bretons. Le constat est inquiétant car beaucoup ne reviennent pas en Bretagne. Le rapport présenté par [[Sébastien Le Corfec]], juste après le débat, a été aussi plutôt pessimiste. Pour le moment aucune startup internet de stature mondiale ou même juste «nationale» n'a vu le jour en Bretagne. Pire, les informaticiens ou plus simplement ceux qu'on appelle les «codeurs» , et qui sont à la base de toute entreprise innovante dans le domaine internet, se font très rares. Ceux qui ne sont pas déjà salariés, et donc déjà très occupés à Rennes, Brest, Lannion ou à Nantes, sont partis à Londres, dans la Silicone Valley ou même en Chine. La Bretagne a-t-elle besoin d'une Ecole 42 ? (voir le site) . Nous avons demandé à Sébastien Le Corfec.


Vos commentaires :
Christophe David
Vendredi 27 décembre 2024
Témoignage.
Je travaille dans une des plus grande société de l'informatique mondiale. Mon activité tourne autour des technologies du cloud. Tous les décideurs pour cette partie du business sont sur la côte ouest des US (silicon valley / Seattle). Les architectes aussi.

Les développeurs sont répartis sur le continent américain, l'Inde, la Brésil et le royaume uni.

En France rien.

La mentalité en France est que le codeur/développeur est un graisseux. Il est aussi peut considéré que les «travaileurs manuels» dans les années 70/80. Le travail noble c'est l'avant-vente, la vente. Alors si vous êtes jeunes codeur et ambitieux vous comprenez vite que votre avenir en France ne sera pas dans le développement. Alors soit vous vous orientez vers les métiers de la vente ou de l'avant vente (technico-commercial), soit vous allez là où votre valeur sera reconnue.

Pour enrayer la fuite des cerveaux, il faut commencer par reconnaître la valeur des dits cerveaux. Et pas seulement dans les beaux discours, ce qui est le cas aujourd'hui.


Damien Kern
Vendredi 27 décembre 2024
Voilà un bon témoignage.

J'ai participé à quelques audits sur le sujet. J'ai vu le choc des cultures lors de l'achat d'une entreprise française par une entreprise US.

En France l'organisation du développement informatique est militaire avec les développeurs, les testeurs, validation ... Et les moins bien payés sont les codeurs.

C'est l'inverse chez les américains, c'est une organisation qui repose sur le «codeur», ils considèrent que si le boulot est bien fait en amont, il y aura moins de besoin et donc d'employés en aval.

Evidemment le codeur anglo saxon est très bien payé surtout si il est très fort et souvent avec des stock options et évidemment une fiscalité attrayante.

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La Bretagne est en France, les codeurs et les projets ne viendront pas.

Ajouter des écoles ne sert à rien surtout le modèle éducatif français. Pour s'en rendre compte, il faudrait aller faire un tour dans les campus pour voir comment se forment les geeks.

Commencez par le début, mettez en Bretagne la fiscalité anglo saxon et ils viendront tout seul, sans discours, sans école. Quand on peut proposer 10 k$/mois, on en trouve.


P. Argouarch
Vendredi 27 décembre 2024
Ces deux commentaires son édifiants et confirment mon expérience en Californie. Quand la bulle internet a explosé en 2001, un recruteur m'a appelé de France pour un job de codeur. Il m'a demandé pourquoi à mon âge je n'étais pas devenu manager insinuant que c'était la norme. Ca m'avait surpris car en Californie les bons codeurs gagnent bien plus que les manageur--ils ne veulent pas devenir manageur--sauf peut-etre les mauvais ! car ils gagneront moins. On peut remplacer un manager on ne peut pas toujours remplacer un codeur. Pire le codeur ou l'ingénieur, si pas content, peut partir avec les sources codes ou les secrets de fabrication de la maison. Voire le livre de Andy Grove , ancien PDG d'Intel, «Only the paranoid survive». La est la différence entre la Californie et la France. La culture héritée de l'empire et de l'administration républicaine a affecté l'entreprise française en général. C 'est l'administrateur qui est valorisé, pas le créateur.

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