Parution : "Hagiographie bretonne et mythologie celtique"

Communiqué de presse publié le 24/07/16 16:06 dans Littérature par Valéry RAYDON pour Valéry RAYDON
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Hagiographie bretonne et mythologie celtique

Nous sommes une petite maison d'édition marseillaise qui édite une collection d'essais consacrés à la mythologie celtique. Notre prochain ouvrage à paraître s'intitule «Hagiographie bretonne et mythologie celtique». Il s'agit d'un livre collectif réalisé sous la supervision d'un comité scientifique international et qui compte parmi les auteurs l'écrivain breton Bernard Rio, le médiéviste Philippe Walter et le mythologue Claude Sterckx.

«Hagiographie bretonne et mythologie celtique»

Recueil de textes réunis par André-Yves Bourgès et Valéry Raydon

(Collection Au coeur des mythes, 4)

410 pages, 27,5 €

éd. Terre de Promesse et Cénacle

ISBN : 978-2-9541625-6-0

ISBN : 978-2-916537-19-1

version ebook, 10 €

ISBN : 978-2-9541625-7-7

Présentation

La Matière hagiographique de Bretagne a été soumise à des influences multiples tout au long de son histoire. Un apport vraisemblablement notable, mais difficilement évaluable, concernant la composition des Vies des saints bretons dans ce foyer de langue brittonique, a consisté dans le recyclage d’anciennes traditions orales celtiques, remontant à des mythes et rites préchrétiens, qui, toujours plus dépouillées au fil du temps de leur ancienne portée religieuse et culturelle, avaient pu être mises par écrit et toilettées par des lettrés chrétiens, ou continuaient de figurer dans les répertoires des conteurs bretons armoricains, mais aussi corniques, gallois ou bien encore ceux d’Irlande, de Man et d’Écosse.

Cet apport n’est pas toujours évident à identifier, du fait que notre connaissance des anciennes mythologies des sociétés celtiques est largement fragmentaire ; du fait aussi que ces biographies de saints et les chroniques de leurs miracles sont en général des oeuvres composites et hybrides que les hagiographes ont élaborées en combinant données historiques et motifs littéraires puisés aussi bien à des thèmes épiques, folkloriques que bibliques ou d’autres fonds hagiographiques antérieurs, et en les adaptant avec une grande liberté au système de valeurs de la société de leur temps. Il en résulte qu’il est souvent plus aisé d’authentifier un petit substrat celtique en cours de narration que d’affirmer la structuration d’un personnage ou d’une Vita entière à partir du décalque d’un ancien mythe celte. Il n’est pas moins délicat de tenter d’évaluer le caractère volontaire de l’emprunt, de comprendre s’il était détenu de première ou d’énième main, d’identifier sa source de provenance - parfois une autre oeuvre hagiographique -, de savoir s’il fut motivé par un objectif religieux précis, enfin de jauger la part de «resémentisation», d’adaptatio christiana qu’il contenait.

On l’aura compris, le thème Hagiographie bretonne et mythologie celtique est périlleux, épineux, et a toujours cristallisé bien des débats entre hagiologues sourcilleux et celtisants hyper-spéculatifs. Il n’en demeure pas moins d’un formidable intérêt pour la compréhension de la littérature hagiographique bretonne et la connaissance des anciennes croyances païennes. Il méritait bien qu’un ouvrage tente une mise à jour de l’état de cette question, et peut-être la renouvelle par le biais des approches diverses de la recherche actuelle dans les domaines des sciences sociales et d’histoire des religions. C’est aujourd’hui chose faite avec ce livre collectif rassemblant une série d’essais validés par un comité scientifique. Une bonne occasion de redécouvrir sous un jour nouveau, entre autre, la légende des sept saints de Bretagne, le duo formé par saint Corentin et son anguille, et le bâton merveilleux de saint Goëznou...

Sommaire

Avant-propos, par André-Yves Bourgès

Résumé : Retour sur les diverses approches du matériel hagiographique breton développées par les historiens depuis la fin du XIXe siècle.

Saint-Corentin et l'anguille de la fontaine, par Philippe Walter

Résumé : Le poisson découpé qui se régénère lui-même est l’épisode merveilleux principal de la Vie de saint Corentin (XIe siècle). Loin d’être une simple fantaisie hagiographique ou une imitation naïve des Évangiles (Marc, 8,8), l’épisode gagne à être rattaché à la mythologie celtique après qu’on ait cerné la nature exacte dudit poisson (une anguille) et l’imaginaire mélusinien qu’il engage : poisson d’abondance et poisson de science à la fois.

Saint Goëznou et la fourche du Dagda, par Valéry Raydon et Claude Sterckx

Résumé : Les auteurs se sont penchés sur l’épisode de l’hagiographie du saint bas-léonard Goëznou relatif au miracle d’arpentage qu’il accomplit à l’aide d’un bâton merveilleux lors de la fondation de son monastère. Ils proposent de renforcer, à l’aide du comparatisme structural, le parallèle déjà signalé entre le bâton de Goëznou et un des principaux attributs du dieu gaélique et panceltique Dagda, et démontrer ainsi que cet épisode hagiographique a incontestablement adapté un ancien motif mythologique celtique. Le miracle de l’arpentage avec le bâton merveilleux connaissant d’autres applications hagiographiques en Armorique et à Meaux, les auteurs défendent l’antériorité et l’influence du cas mettant en scène Goëznou. Ils avancent des arguments faisant du monastère de Langouesnou le foyer où fut forgé ce miracle, peut-être à partir d’anciennes traditions locales, et vraisemblablement entre le Xe et le XIIe siècle.

Les Sept Saints, par Bernard Rio

Résumé : Samson, Patern, Corentin, Pol-Aurélien, Tugdual, Brieuc et Malo, les saints évêques de Dol-de-Bretagne, Vannes, Quimper, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier, Saint-Brieuc et Saint-Malo, font l’objet d’un culte septenaire en Bretagne. Ils patronnent également le Tro Breiz, en français le « Tour de Bretagne », un pèlerinage datant du Moyen Âge qui connaît un regain de popularité au XXIe siècle. Les légendes populaires associées aux sept saints de Bretagne offrent une source d’étude complémentaire à la littérature médiévale. Elles confirment que le culte des sept saints de Bretagne véhicule des mythes celtiques. Cette dévotion peut être interprétée comme une croyance pré-chrétienne structurant une tradition pérégrine.

Raven et Rasiphe : des jumeaux mythologiques ?, par Patrice Lajoye

Résumé : La Vie - ou plus correctement la Passion - des saints Raven et Rasiphe, deux frères donnés comme Bretons, est un texte sans aucune valeur historique, mais qui contiendrait un nombre important de motifs issus de la mythologie celtique. À l’issue d’une mise à jour du dossier hagiographique, impliquant un examen des manuscrits et tenant compte des variantes tardives, le subtil assemblage de ces motifs est mis en évidence, assemblage qui ne permet cependant pas la reconstitution d’un mythe précis.

Les actes des Saints de Redon, par Bernard Robreau

Résumé : L’auteur des Gesta Sanctorum Rotonensium possède une solide culture antique et biblique qui dissuade souvent de rechercher des traces de celticité dans ce texte. Pourtant, plusieurs des miracles énoncés y attestent d'un phénomène de recyclage mythologique, notamment de celui de la roue apocalyptique du Jupiter celtique. Plus largement, l’ouvrage semble imprégné d’une certaine mémoire du calendrier et de l’idéologie royale pré-chrétiens, probablement parce qu’il témoigne des ambitions de Nominoë et de ses successeurs.

Mythes fondateurs de la Cornouaille. La quaternité cornouaillaise, une construction idéologique à l'époque carolingienne en Bretagne, par André-Yves Bourgès

Résumé : Au nombre des mythes fondateurs de la Cornouaille - «mythe fondateur» entendu ici au sens de représentation idéologique associée à un récit des origines - figure en tête de série le schéma quaternaire qui associe à trois saints tutélaires, l’évêque Corentin, l’abbé Guénolé et le moine Tugdual/Tudi, le personnage du roi Gradlon, qui n’est pas encore, longtemps s’en faut, le souverain de la fameuse ville d’Is. C’est à Landévennec que cette Quaternité apparaît pour la première fois sous la plume de l’hagiographe de Guénolé, Wrdisten : son succès s’avère durable dans la production littéraire locale jusqu’au XIIIe siècle au moins ; mais, dès le XIIe siècle, apparaît un concurrent sérieux, Ronan, protecteur privilégié de la dynastie comtale et dont la figure finira par éclipser localement celle de Tugdual/Tudi. Ainsi, au travers de cet opportunisme hagiographique, se dévoile la véritable nature de la Quaternité cornouaillaise : loin de renvoyer à la cosmogonie celtique et au mythème des Grands sages équipolés aux quatre coins du Monde, il s’agissait avant tout de rendre compte de l’organisation politico-religieuse de la Cornouaille, telle que l’avait imposée la normalisation carolingienne. Sublimation d’une réalité attestée par les actes de la pratique, la Quaternité cornouaillaise décrite par Wrdisten témoigne sans doute également de l’imprégnation mentale de l’hagiographe par les autres schémas quaternaires développés au sein du monachisme carolingien dont Landévennec est à l’époque le phare occidental.

Les miracles des abeilles dans l'hagiographie bretonne, par Chiara Garavaglia

Résumé : L’article se propose d’essayer de reconstituer un possible apport des littératures mythologiques celtiques à l’hagiographie bretonne et l’emprunt de certains mythèmes par la culture monastique à travers l’analyse des miracles des abeilles relatés dans les textes hagiographiques, en partant de la production hagiographique de la Bretagne continentale au haut Moyen Âge.

Conomor et Méliau. Des mythes insulaires à la littérature hagiographique, par Goulven Péron

Résumé : Les noms de Conomor et Méliau apparaissent réunis dans les Vitae de saint Mélar et de saint Malo mais aussi dans l’Historia Francorum de Grégoire de Tours. Ce dernier présente nos deux chefs bretons à la fois comme des personnages historiques et des contemporains. On devrait pour cela conclure assez naturellement que Conomor et Méliau sont des personnages réels évoluant au VIe siècle dans le monde politique du sud de la Bretagne. Pourtant le passage de l’Historia porte la marque de la fable, et les événements racontés par l’archevêque de Tours se superposent étrangement avec des événements historico-légendaires qui concernent, non pas la Bretagne continentale, mais le Gwynedd et la Northumbrie. Dans ces conditions on est en droit de se demander si Méliau n’est pas la matérialisation de ce côté-ci de la Manche du fameux Maelgwn de Gwynedd, et Conomor, celle d’un Domnonéen insulaire qui aurait cristallisé, dès la fin du VIe siècle, des légendes plus anciennes.

Buez Louis Eunius Dijentil ha pec'her bras. Un mystère breton, en deux journées, basé sur la légende du purgatoire de saint Patrick, par Frédéric Kurzawa

Résumé : La légende du Purgatoire de saint Patrick, oeuvre du XIIe siècle, a été largement répandue en Europe au point de devenir un best-seller du Moyen Âge. Son succès lui a valu d’être traduite dans de nombreuses langues vernaculaires. Réédité à travers les siècles, ce récit a également été adapté en Bretagne sous la forme d’un Mystère breton, en deux journées, basé sur le récit des aventures du chevalier Owein au Purgatoire de saint Patrick. Écrit dans la plus pure tradition des Mystères bretons et de la littérature de colportage, ce drame joué par des acteurs amateurs fait suite à un autre Mystère breton sur la vie de saint Patrick et, comme ce dernier, il fournit de précieuses informations sur la vie des Bretons à l’époque de sa rédaction, sur leur mentalité, mais aussi sur leur manière de jouer une pièce de théâtre. La comparaison avec le Tractatus d’Henry de Saltrey permet de distinguer les éléments propres aux deux récits, mais aussi les particularités et les innovations propres à chacun d’eux.

terredepromesse@gmail.com

(voir le site)


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