Alors que le multilinguisme est reconnu partout dans le monde comme la clé de voûte de l'éducation de demain, la France s'entête à parler un discours d'un autre âge, celui d'un monolinguisme monolithique.
Alors qu'une famille sur quatre en région parisienne ne parle pas français à la maison, alors que les enfants des classes immersives en langues minoritaires sont obligées de refuser des élèves (150 en Catalogne nord) en raison d'une demande sociale grandissante, l'État continue à ignorer la richesse linguistique de son territoire et le potentiel énorme que cela représente pour sa jeunesse tant au niveau local qu'international.
Alors, on reprend la dictature du tableau noir des hussards de la République, on nie les identités, on fait comme si la France n'avait pas dans de nombreux pays humilié des enfants pendant des générations parce qu'ils parlaient mal, qu'ils baragouinaient un «patois», un «mauvais» français.
Sans savoir que le vieux français n'était en fait que de l'occitan, la langue des troubadours. Et qu'une langue ne peut appartenir à personne, qu'elle vole de bouche en bouche, de bouche à oreille, de la bouche au coeur.
Et qu'elle continue à être parlée et transmise, malgré les horreurs, le symbole, la vache, le «No Welsh», les humiliations des écoliers africains à qui l'on suspendait une tortue vivante, ou celles des jeunes Irlandais à qui l'on disait que leur bouche allait s'abimer, car leur bouche était faite pour prononcer de l'anglais...
■