Avant la création en 1989 – pour lutter contre les abstentions – de l'association« non partisane » Blanc C'est Exprimé, le « vote blanc » était presque inconnu en Bretagne.
Depuis 1989, la Bretagne a, relation de cause à effet, intégré le peloton de tête du Club des Régions attachées traditionnellement au civisme dont, particulièrement celles du Sud-Ouest. Lors des régionales de 1992, en apportant la preuve, par la voie des urnes, de la légitimité de cette expression et de son rôle de rempart face à la montée du Front National, le département des Côtes-d'Armor se situait, pour la première fois de son histoire, à la 19e place de la participation.
Lors du 2e tour de la présidentielle, les classements démontrent cet attachement de la Bretagne, dans laquelle les Côtes-d'Armor se distinguent, à l'expression de la Démocratie qu'est le droit de vote. La légitimité des votes blancs et de ses motivations est démontrée dans les chiffres.
Il est évident que le résultat final, sur le plan politique, est la résultante, certes d'une adhésion au vainqueur mais plus encore, du rejet de l'autre candidat.
Pour autant le sentiment largement partagé, y compris par ceux qui ont voté pour l'un ou l'autre des postulants, concernant le discrédit de la classe politique, sa volonté démontrée de ne pas se remettre en cause (cumul des mandats, inéligibilité, centralisme, privilèges, oligarchie…) et le manque de confiance qui en découle, ne doit pas être occulté.
Les votes blancs ont représenté la volonté des électeurs de participer au scrutin, de remplir leur devoir de citoyens, alors « qu'aucun des deux candidats ne répondait à leurs aspirations » en échappant au « vote par défaut » qui leur était, une nouvelle fois, imposé.
La déclaration en 2002 de Dominique Reynié, chercheur au Cevipof, analyse très bien cela : « le vote blanc est une démarche très sophistiquée, très élaborée, qui traduit une conscience politique aiguë et la volonté de contester une offre politique sans remettre en cause la procédure électorale et le vote démocratique ».
Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que nombre d'électeurs qui se sont déplacés avec l'intention de voter blanc peuvent avoir opté, dans l'isoloir, pour l'un des candidats.
En prenant en compte, fait semble-t-il admis, que le taux incompressible de bulletins nuls se situe entre 1,5 et 2 %, la question qui mérite d'être posée concerne la valeur qu'aurait aujourd'hui l'expression « la représentation de tous les Français » si les électeurs ayant voté blanc ne s'étaient pas déplacés ?
Le vote blanc est, quoi qu'en disent ses détracteurs, un vote citoyen. De là à en faire un Parti blanc, dans un but de récupération… ce n'est pas très démocratique. Encore moins responsable.
C'est une expression indispensable pour un développement durable de la Démocratie.