La presse vient de nous apprendre que Le Voyage à Nantes (l’Office du tourisme nantais) lançait un nouveau produit “La traversée moderne d’un vieux pays” en collaboration avec les Villes de Rennes, Saint-Nazaire et Saint-Malo.,
C’est une excellente chose que Nantes s’intéresse au reste de la Bretagne et se rende enfin compte que sans la Bretagne, elle n’existe pas internationalement parlant.
Mais ce qui est curieux pour le moins, c’est la manière dont Mme Rolland, maire de Nantes, a tout fait, lors de la conférence de presse présentant le projet, pour éviter de prononcer le mot “Bretagne”. Il faut donc comprendre que l’expression ”vieux pays” parle de la Bretagne, qualifie la Bretagne, sous-entend la Bretagne tout en évitant le mot tabou.
Au Comité Bro Gozh, nous savons ce qu’est le “vieux pays”, c’est notre Bro Gozh et c’est la Bretagne tout simplement. Reprendre une expression de l’hymne national breton pour évoquer la Bretagne tout en évitant d’en parler est pour le moins curieux et paradoxal.
Bref, pour en finir avec ces non-dits, ces palinodies ridicules, la solution est pourtant simple, la réunification de la Bretagne, tout le monde y gagnera, y compris Nantes qui entrera enfin dans le club assez restreint finalement des capitales connues et reconnues de régions connues et reconnues internationalement à l’instar de Cardiff au Pays de Galles ou encore Munich en Bavière et bien d’autres.
Et pour ce jour que nous espérons proche et qui verra enfin la démocratie respectée et la grande famille bretonne réunie, notre Comité s’engage à organiser un “Bro Gozh” d’enfer au centre de Nantes. Notre “vieux pays” dans toute son actualité et sa modernité.
Comité Bro Gozh
■Y A PAS PHOTO !
Pourtant, en breton, que je sache, l'adjectif «kozh» n'a pas tout-à-fait la même valeur qu'en français. « Dans ce cas, il évoque clairement, à mon sens, l’ancienneté, la pérennité, la stabilité à travers les siècles et les millénaires (avez-vous remarqué la présence d’une terre émergée à travers la succession des âges géologiques européens dans ce qui allait devenir l’actuelle péninsule armoricaine ? N’y-a-t’il pas là de quoi être impressionné?). Cette vieillesse là qui porte dans sa chair l’Histoire et tout ce qui a précédé l’histoire humaine, diffuse comme un parfum de jeunesse éternelle. Une permanence en filigrane. C’est pourquoi j’ai pensé à l’adjectif « séculaire », a-minima.
« Ar re gozh» en breton, «les vieux» ou « les anciens » n'est pas infâmant, cela comporte même une part sinon de respect au moins de reconnaissance de l'expérience, voire une touche d'affection, alors que «les vieux» en français est ambivalent, au moins dans la culture contemporaine récente
Enfin ne pas oublier que, dans notre langue bretonne, l’adjectif, dans la généralité des cas, se place derrière le nom (d’où Bro Gozh). Les cas où on le trouve devant signale une insistance qui peut aller jusqu’à en modifier le sens. Exemple : Ker gozh, la vieille maison. Ar c’hozh kêr (combien de Cosquer, ici ou là dans notre toponymie champêtre !), la très vieille maison, à la limite la maison déglinguée, vue quasiment comme une ruine. Je lis ceci sur une plaque de rue bilingue d’une commune drapée dans l’Histoire de la Bretagne : « straed ar c’hozh kastell » pour traduire « rue du vieux-château ». Ce qui porte plutôt l’idée d’un château dévasté, en ruine, dans ce cas il eût mieux valu traduire «« straed ar c’hastell kozh » pour rendre à l’édifice (ou à son souvenir) sa fierté défiant le temps.
Conclusion : « Bro gozh » est donc une terminologie valorisante, et même hautement valorisante. En breton ! E brezhoneg !