Parisianismes, anglicismes : Organisons la résistance avec nos bretonnismes
Suite du journal de campagne de Jean-Charles Perazzi
Donc, l'espace d'un été, la population de nos cinq départements va, une fois encore doubler. On s'en réjouit pour l'économie locale ; on peut le craindre si nos hôtes, ne respectant pas les us et coutumes de notre pays, se croient tout permis ou ne se comportent pas bien chez nous.
N'exagérons pas. Disons que l'on accepte mal qu'ils s'en prennent à notre climat, ignorant que nous avons des branchies en guise de poumons et qu'ils viennent en partie nous voir pour remettre en état les leurs (leurs poumons), encombrés des miasmes de la capitale ou autres villes et lieux de l'hexagone. Mais, par-dessus tout, nous n'acceptons pas qu'ils nous prennent, peu ou prou, pour des « provinciaux », voire des « ploucs ». En particulier en déplorant que nous n'employions pas un français châtié, comme ils pensent ou croient le faire. Vous en doutez ?
Tendez bien l'oreille en écoutant « Radio-Paris » ou « Télé-Paris » (titres génériques pour faire court) ; lisez un peu les colonnes des médias de la capitale. Pour voir tout ce qui s'y dit, s'y écrit. Vous découvrirez que les expressions à la mode, les tics de langages et autres perles y fleurissent et durent ce que durent les roses. Mais nous pouvons les faire nôtres si nous n'y prenons garde. Pas grave ? Peut-être. Sauf que c'est une certaine façon d'adopter inconsciemment une manière de parler ou d'écrire qui n'est pas de chez nous. Nous, nous avons nos bretonnismes (avec deux « n », comme tu y tiens, Hervé (1)) ; ils ont leurs parisianismes que rien nous oblige à utiliser au quotidien.
Hier nous avions ainsi droit, à longueur d'antennes et de colonnes, à « dans le cadre de »..., « tout-à-fait », « écoutez », « c'est récurrent », etc.
Aujourd'hui il est de bon ton d'«ouvrir une boîte à outils », de recevoir une « feuille de route », « de mettre la poussière sous le tapis », de « renverser la table », de constater que « c'est compliqué en matière de… ». Il est aussi question d'« impacter » et d'« acter » à tout bout de champ. Et ainsi de suite, étant entendu que le « tube » du moment est naturellement : « voilà ».
Mais ce n'est pas tout. Pour faire bonne mesure, on a droit encore à des pleins seaux d'exclamations qui, elles, n'ont rien de parisiennes. Cela va de « waou ! » à « yes ! », « sorry », « why not », en passant par « my God ! », « go on », « surbooking »… Une consoeur de la radio commence chaque jour son émission matinale par « Come on ! » Quant à la télé, elle met un soin particulier à choisir son programme, de préférence « people », du « prime time ». On en passe…
Félix Leclerc, le chanteur québécois, me confia un jour qu'il évitait soigneusement de parler anglais dans son pays. Sinon, ajouta-t-il, cela donne : « On shoote un corner. Il y a du suspense. Un drible. Le goal est battu ».
Il serait peut-être judicieux d'imiter ce grand bonhomme dont les souliers avaient beaucoup voyagé à travers le monde.
Cette singulière manie d'utiliser par snobisme ou toute autre raison l'anglais, arrive chez nous. Exemple un titre récent dans l'un de nos quotidiens : « Des prêtres au bord de l'épuisement risquent le « burn out ». Les malheureux, ils vont devoir faire un « sit-in » de protestation. On a pu lire aussi dans une autre gazette « bien de chez nous » ce titre : « Small is beautiful ».
A ce compte, en plus du chinois (plus exactement le mandarin) et de l'espagnol, la langue anglaise a un grand boulevard devant elle.
Pas grave encore, diront certains. Sauf que les deux à trois mille langues « minoritaires » de la planète - il en disparaîtrait deux à trois chaque semaine - sont condamnées à terme.
Indignons-nous. Résistons.
De quelle manière ?
Pourquoi pas par l'humour ? C'est l'une des armes les plus redoutables et… pacifiques de surcroît.
Alors, par exemple, n'hésitons pas à conseiller à nos hôtes de l'été de ne pas « ruser les pieds » en promenade ou « carguer leurs bottes » à la pêche.
Du labour il y a sur la planche, Hervé. Mais, c'est sûr, du plaisir on aura.
Jean-Charles Perazzi
(1)Hervé Lossec, auteur de «Les bretonnismes» 1 et 2, parus chez Skol Vreizh.
«Small is beautiful» est le titre d'un ouvrage phare de 1973 d'Ernst Friedrich Schumacher. Ce livre parle de choses négligeables comme la décentralisation des pouvoirs...
Historiquement quand même, dans les grandes lignes, c'est un cul de sac.
1/ Quand la civilisation celtique s'est effondrée, seule les bretons-insulaires et Vénètes ont continué à s'y accrocher.
2/ Quand Rome s'est effondrée, les derniers soldats de l'Empire étaient des bretons, sur la Loire, le Rhin etc.
3/ Quand la Monarchie s'est effondrée...les derniers défenseurs de la cause étaient dans notre magnifique bocage.
4/ Quand la religion s'est effondrée, la Bretagne y croyait toujours dur comme fer.
Prochaines étapes ??
- quand plus personne ne voudra de centrales nucléaires en France, les bretons en voudront chez eux.
- quand plus personne ne parlera français, les bretons manifesteront pour garder leur cours de français
- quand plus personne en France votera FN, le FN fera 20 % en Bretagne.
Le meileur moyen de ne pas les employer est de ne pas les connaître, et le meilleur moyen de ne pas les connaitre est de ne pas ecouter ni lire la presse/les media parisiens.
Sur les anglicismes dans le français, ça ne me gêne pas, bien au contraire, ça montre la perte d'influence du français et ça l'affaiblit.
Pour les langues minoritaires qui sont dominées par l'anglais c'est effectivement plus dure, la toute puissance de l'anglais ne fait pas leur affaire.
Les Bretons n'ont pas à se faire les défenseurs du français officiel. Dommage qu'ils n'aient pas leur propre français, clairement identifié comme breton, influencé par le gallo et le breton.
Il y a certes les bretonnismes, mais ils ne subsisteront guère à l'armada qui promeut le français officiel.
On peut d'ailleurs avoir l'impression que le français des banlieues, voire la culture de la banlieue, a plus d'influence sur les jeunes Bretons que le français comportant des bretonnisme de chez nous.
La seule façon de se défaire de l'influence parisienne et de se plonger dans la langue bretonne, dans Jules Gros, dans le dictionaire An Here, etc.
Quand à l'anglais, c'est une langue de base dont il est impossible de se passer. L'anglais est aussi, avec l'ensemble des autres langues du monde, l'autre moyen de se défaire du français.
En some, comme il n'y a plus rien à sauver en Bretagne, sauvons une «france» blanche au sein d'une Europe blanche, combattont la diversité et le multiculturalisme.
Le lien entre les Bretons et la langue bretonne n'est pas mort du tout, et quand bien même l'aurait-il été, rien n'est définitif, et l'histoire ne va pas toujours dans le même sens.
Si il faudra du temps pour que le breton retrouve une place substancielle dans la société, les choses se construisent et se mettent en place pour y arriver.
Et le discours d'un L. Berrou et de ses confrères a un côté «assassin» par rapport à tous ceux qui se démènent pour faire avancer le breton, et plus généralement par rapport à la Bretagne.
L'extrème droite bretonne à choisi son camp, celui de la france jacobine d'extrème droite, blanche et anti-multi-culturaliste.
Heureusement, elle est insignifiante.