Nouvelle mesures pour l’enseignement des langues régionales parues au Journal Officiel

Communiqué de presse publié le 16/12/21 19:01 dans Langues de Bretagne par . UEB pour . UEB
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Comparaison du taux d’enseignement bilingue pour le breton et d’autres langues de France en primaire (source : Office Public de la langue Bretonne)

Comme l’avait annoncé le Premier Ministre, le 15 septembre dernier, suite à la censure partielle de la loi Molac par le Conseil constitutionnel, une nouvelle circulaire sur l’enseignement des langues régionales en France vient d’être publiée ce jeudi 16 décembre au Journal Officiel après un travail de co-rédaction entre le Ministère de l’Éducation Nationale, les Offices publics des langues régionales, le réseau des écoles associatives immersives en langues régionales et la Fédération des réseaux d’enseignement bilingue public.

Elle permettra notamment de reconnaître l’enseignement en immersion, comme le pratique Diwan, et de rendre possible une forme d’immersion dans les écoles publiques qui était, dans les faits, déjà pratiquée dans certaines écoles, notamment en maternelle. Une autre mesure annoncée par Jean Castex est également en train de se concrétiser avec la création d’un organisme de concertation permanent sur les langues régionales sous l’égide du premier Ministre.

Si cette circulaire est une avancée, et sécurise l’enseignement immersif, elle ne suffira pas, à elle seule, à résoudre les difficultés rencontrées pour l’enseignement de la langue bretonne et surtout relancer son enseignement en “changeant de braquet”. Le graphique (voir ci-après) publié par l’office de la langue bretonne ainsi que le dernier rapport (les chiffres de la rentrée scolaire de l’enseignement bilingue en 2021) rendent compte de la situation délicate de l’enseignement de la langue bretonne, et donc son avenir, quand on la compare à d’autres régions en France.

Alors que la région Bretagne a débattu ce 16 décembre des orientations budgétaires prônant un “renforcement de l’effort pour la langue bretonne”, nous attendons également du nouveau Conseil régional un véritable plan d’urgence pour la langue bretonne en référence au plan “Marshall” de l’accord programmatique entre la liste de Loïg Chesnais-Girard et Daniel Cueff

Les moyens financiers doivent également répondre aux enjeux pour l’avenir de la langue bretonne. Ils sont indispensables pour permettre son enseignement auprès de tous les jeunes bretons, que ce soit sous forme de l’enseignement bilingue ou de son apprentissage pour tous sur le temps scolaire dans le cadre de l’article 7 de la loi Molac.

Aujourd’hui le budget pour les langues de Bretagne se limite à peine à 0,5 % du budget de la région. Une augmentation progressive rapide à au moins 1 % du budget semble un strict minimum. Pour 2022, une dotation budgétaire supplémentaire d’au moins 4 M€ est nécessaire pour ne serait-ce que rattraper le retard des années précédentes.

L'État doit aussi prendre sa part de responsabilité dans cette urgence. Certains points, absents de la circulaire, sont renvoyés aux bonnes grâces des rectorats par le biais des conventions État-Région. Les conventions doivent décrire avec précisions les moyens à allouer tant qualitatifs que quantitatifs pour atteindre des objectifs fixés en étendant la généralisation de l'enseignement bilingue et en permettant le développement de toutes les filières de transmission.

CIRCULAIRE DU MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE SUR L’ENSEIGNEMENT DES LANGUES RÉGIONALES, DÉBAT D’ORIENTATION BUDGÉTAIRE A LA RÉGION POUR LE “RENFORCEMENT DES EFFORTS POUR LES LANGUES DE BRETAGNE”, CONVENTION ETAT RÉGION. DES ÉCHÉANCES DÉCISIVES DANS LES DEUX PROCHAINS MOIS POUR L’URGENCE LINGUISTIQUE DE LA LANGUE BRETONNE !

Nous rappelons que l’objectif de 50 000 élèves en bilingue permettra à minima de maintenir le nombre de locuteurs en Bretagne. Nous savons que le Conseil régional a fait des propositions ambitieuses à l’État de nature à mettre en œuvre ces objectifs : formation et recrutement des enseignants, développement des sites d’enseignement existants et ouverture de nouveaux sites.

Nous attendons de l’État et donc du Rectorat en Bretagne qu’il mette en œuvre les propositions de la Région. Nous n’accepterons pas une censure ou un rabais de ces propositions qui permettraient de préserver notre patrimoine commun en danger, la langue bretonne.


Vos commentaires :
Anne Merrien
Vendredi 15 novembre 2024
Qui a fait manger son chapeau au Conseil constitutionnel ?
Des langues d'illettré(e)s,
des langues tout juste tolérées dans la cordée,
des langues qui ne sont rien...

Jiler
Vendredi 15 novembre 2024
Ces graphiques sont extrêmement trompeurs. Une fois de plus on compare des choses qui ne sont pas comparables:
1 ) La Bretagne représente 5 départements avec plusieurs millions de personnes . La Corse, 2 départements avec 350 000 habitants; le pays basque 1/2 département avec 310 000 habitants; L'Alsace 2 départements avec 1, 9 millions d'habitants.
2 ) Le corse, l'alsacien et le basque sont parlés sur tout leur territoire concerné; Le breton, seulement sur un seul département en entier et sur 1/3 de 2 autres . Le reste est le territoire gallo.
3 ) Pour pouvoir comparer les courbes, il faudrait une courbe de l'enseignement du breton sur la basse-bretagne uniquement.
4 ) D'autre part, il faudrait aussi comptabiliser le nombre d'élèves enseignés en breton, et là nous serions tout à coup propulsés premier ou deuxième.
Ces courbes trompeuses légitiment sans doute une exigence culturelle forte , mais découragent les militants en faisant croire que nos sommes vraiment nuls parmi les nuls.

Besogneux militant de terrain , ce tableau fallacieux me révulse. L'office public de la langue bretonne n'a donc pas compris que les militants de terrain , sans qui rien ne se ferait , a besoin d'encouragements, de statistiques mettant en valeur les bons résultats obtenus.
Il serait bon de présenter systématiquement des courbes pour l'ensemble de la Bretagne et pour la zone bretonnante, et là nous pourrions tirer des conclusions


david resmond
Vendredi 15 novembre 2024
Jiler, le breton a comme l irlandais ou le gallois, le basque, le droit d etre enseigné dans toute la Bretagne et pas seulement la ou il etait parlé en 1950. Bayonne a perdu le basque en 1300 comme sans doute Lamballe ou Josselin et Ploermel mais pourtant il y a beaucoup d ecoles en basque. Tudele, a l extreme sud du pays a oublié le basque depuis encore plus longtemps voir ne l a jamais parlé et on y reapprends le basque. Il y a la meme chose avec le gallois et l irlandais .. Je ne crois qu il n y a qu une minorité de personne heureusement pas ecouté qui veulent interdire au breton d etre parlé dans sa zone berceau.

Alain E. VALLÉE
Vendredi 15 novembre 2024
Dans l'ordre jacobin s'il s'occupe des langues, une circulaire sur l'immersion ne pèse pas lourd sinon rien dans la hiérarchie des normes et de toutes les manières, ne fait certainement pas le printemps ...!
AV

Kristof
Vendredi 15 novembre 2024
Merci a vous Jiler pour votre commentaire :) Juste une petite precision (je suis originaire du Nantais) - Je dirais plutot '2/3' d'un departement (Morbihan) et merci de ne pas oublier (c'est helas tres frequent) les 5% d'un autre departement (Loire-Atlantique) avec la partie occidentale de la Presqu'Isle de Guerande (qui est bien entendu aussi concernee par le Gallo - l'un n'empeche pas l'autre) :) Merci a vous :)

Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
L'alsacien enseigné actuellement est enseigné à l'écrit selon l'allemand standard (orthographe du hoch deutsch). On peut donc penser, du mins je le suppose, que celà à une incidence sur le choix des parents.
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Le basque bénéficie de la proximité du pays basque sud (versant espagnol).
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Il faut avoir ses éléments en tête pour procéder à la lecture des chiffres.
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Enfin, pourquoi ne pas avoir choisi comme base de départ le millésime commun à tous, c'est à dire 1996. Rapporter les pourcentages d'évolution à 1996, permettrait déjà d'y voir plus clair.
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D'accord avec la remarque de Jiler, ci-dessus. On ne peut se satisfaire d'une seule série de chiffres, sans commentaires explicatifs notamment par rapport à ce qui se passe ailleurs (Pays basque, Alsace, Corse, etc...), et dont on parle peu (pas assez) en Bretagne.
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Le chiffre de 50.000 commence à être intéressant .mais il faut évidemment viser 100.000 à terme si l'on veut que la langue bretonne dispose d'un vivier suffisant de locuteurs bien formés,capable de lire, écrite, parler, tenir une conversation de la vie courante...Cette ambition est légitime, elle n'est pas irréaliste.
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Pour info, ma défunte mère qui avait appris le français - langue autrement plus difficile que le breton - à l'école à l'âge de six ans, l'avait fait en six mois environ. (je lui ai posé un jour la question). Et, sans parti-pris, son français était supérieur à celui de la quasi-totalité de l'élite que l'on entend s'exprimer dans les médias contemporains.
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Reste à faire l'inverse, ou plutôt à enseigner les deux langues (breton, et français aussi. Et pas le charabia dit français inclusif !. Que l'on commence déjà par faire comprendre la différence entre un infinitif et un participe passé! )
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Chom a ra un dra da ober: kelenn ar brezhoneg, hag ar galleg ivez (ha n'eo jket galleg saout!)..

Pcosquer
Vendredi 15 novembre 2024
Pouvez vous préciser les mesures proposées par la Région? SVP
L'enseignement est une chose, cela doit être fait mais le temps est venu de rendre hommage à la langue bretonne en lui permettant sa réelle expression sociale...en dehors des cours d'école et en dehors du monde culturelle; Deux objectifs à cela: le premier est un effet tampon pouvant amoindrir des décisions potentiellement catastrophiques pour l'avenir de la langue bretonne ( l'enseignement reste fragile, une société globale est bien plus solide)... Le second est un effet «cliquer»: l'utilité sociale du breton et la stratégie éducative choisie par les parents vont de paire ( j'ai bien peur qu'aujourd'hui, seul l'aspect cognitif accordé au bilinguisme guide le choix des parents; l'hémorragie entre primaires et bacheliers est une réalité que l'on doit inverser, de plus l'enseignement n'est pas une fin en soi, c'est plutôt un début qui doit se lègitimiser).
Les signaux sont au vert: image de la langue valorisée et «espérance» de sa survie, demande sociale d'une éducation en langue bretonne qui progresse... En revanche, il manque, aujourd'hui, la volonté de normaliser la langue dans la société. Cela passe par des emplois professionnels bilingues proposés aux jeunes bretonnants. Le commerce, celui de proximité peut jouer ce rôle d'amorce en créant des commerces bilingues( aidés peut-être?) avec une mission professionnelle et une mission sociale de fait (attirer des bretonnants et faire entendre la langue). Une langue a un coût; son utilité professionnelle sera un moyen du développement de l'enseignement et inversement. Les Bretons ne peuvent pas attendre indéfiniment que des emplois se créent en langue Bretonne ou en bilingue...Il faut lancer cette normalisation de la langue comme Diwan a lancé, en son temps, l'enseignement de la langue.

Killian Le Tréguer
Vendredi 15 novembre 2024
Jiler a évoqué une vraie problématique, à vrai dire, j'irais plus loin que lui dans le sens où à mon avis c'est justement la «diversité» deS langueS de Bretagne comme c'est devenu la doxa du moment qui fait que même en Basse-Bretagne le breton est moins considéré que le basque au pays basque, le corse en corse et l'alsacien en Alsace. Et puis il y a aussi tout simplement une différence politique, pas forcément une question de vote autonomiste. Je suis désolé mais le discours de la Gauche partagé par une bonne partie des bretons est en fait incompatible avec le développement du breton. On ne va pas «intégrer» Mohamed et Jacqueline venue de banlieue parisienne avec la langue bretonne. C'est en substance le propos plus ou moins explicite des Maires de communes de l'agglo de Rennes ou Brest notamment.

Killian Le Tréguer
Vendredi 15 novembre 2024
«Dans l'ordre jacobin s'il s'occupe des langues, une circulaire sur l'immersion ne pèse pas lourd sinon rien dans la hiérarchie des normes et de toutes les manières, ne fait certainement pas le printemps ...!»

Exactement, une circulation ne pèse strictement rien par rapport à une Constitution. La situation est très étrange et en fait l'idée est claire, à la moindre contestation politique, les écoles Diwan peuvent être fermées. C'est du chantage politique en bonne et due forme. Nous construisons rien de solide là, c'est un château de sable...


gregor
Vendredi 15 novembre 2024
@ Killian Le Tréguer «On ne va pas »intégrer« Mohamed et Jacqueline venue de banlieue parisienne avec la langue bretonne», c'est en effet un argument extrêmement stupide, dans tout pays les immigrés apprennent la langue, c'est la base pour comprendre son environnement. Après bien sûr de nos jours même les bretons sont un peu étrangers en leur pays...
Ensuite il n'y a qu'a voir en Catalogne, tout le monde apprend le catalan, peu importe qu'ils soient catalans, andalous, madrilènes, marocains, etc... Chacun parlera la langue qu'il veut dans sa vie mais à l'école tout le monde apprend le catalan pour que tout le monde puisse au moins le comprendre.

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