Exposition présentée à la Chapelle des Paulines à Tréguier
du 30 juin au 30 septembre 2015 de 11 h à 18 h 30
L'École de Chaillot dispense depuis 1887 une formation à des architectes professionnels qui se spécialisent dans la conservation, la restauration et la mise en valeur du patrimoine. Dans le cadre de la seconde année d'enseignement, elle organise des ateliers sur site en France et à l'étranger. Moment important de la formation, cet exercice de terrain permet de mieux apprendre à lire les édifices et leurs abords, afin de comprendre et intervenir sur le bâti ancien en intelligence avec le contexte. En septembre 2014, 35 architectes-élèves ont résidé à Tréguier pour intervenir sur un patrimoine riche d'édifices anciens en quête de restauration.
L'objectif principal de l'atelier est de préparer les futurs Architectes du patrimoine à intervenir de façon appropriée sur un édifice ancien dégradé en prenant en compte la globalité des données essentielles pour mener à bien le processus complet d'un projet : depuis la 1ère visite sur place, jusqu'à la définition d'un parti de restauration et de mise en valeur. Le travail s'effectue en groupe, encadré par une équipe d'enseignants professionnels (architectes en chef des Monuments historiques, architectes du Patrimoine, archéologues) complétée par des intervenants ressources ; historiens et associations, artisans et compagnons, élus et services.
Les objets d'étude de l'Atelier sont des édifices anciens altérés présentant des enjeux patrimoniaux, des complexités constructives (charpentes, voûtes, escaliers), des stratigraphies historiques riches et des pathologies variées. Outre les édifices, sont pris en compte leurs abords et leurs périmètres d'influence, traitant aussi le patrimoine urbain et paysager. Les architectes-élèves sont positionnés comme 'meilleurs porte-parole' de ceux-ci. Ils s'appuient sur la rigueur d'une méthode visant à montrer les potentiels et les perspectives possibles du patrimoine architectural et urbain.
Tréguier, petite cité de caractère de Bretagne
Ancienne cité épiscopale, fondée au VIe siècle par Saint-Tugdual, Tréguier, capitale du Trégor, tire sa richesse patrimoniale essentiellement de son passé religieux mais aussi de son architecture civile. Outre l'ancien palais épiscopal, la cathédrale et son cloître - chef-d'½uvre de l'architecture religieuse bretonne, qui structurèrent la ville dès le Moyen-âge - on découvre sur la place du Martray et les rues adjacentes de grandes demeures en pans de bois sculptés et en granit ayant, pour beaucoup, appartenus aux chanoines du Chapitre, comme la trésorerie, la chantrerie, la psalette, ou la maison du scolastique.
A partir du XVIIe siècle, de vastes bâtiments conventuels sont construits par des communautés religieuses qui s'établissent aux abords de la ville. Les Lazaristes, les Ursulines, les S½urs de la Croix, les Paulines, les Augustines possédaient de vastes domaines clos, qui abritaient, séminaire, couvents, hôpital, hôtel Dieu, orphelinat, maison de retraite, écoles … Mais aujourd'hui, certains de ses ensembles conventuels qui structurent particulièrement l'espace et le paysage urbain de Tréguier sont en quête d'une nouvelle réaffectation.
Quant au port son activité est attestée dès le Moyen-âge; des bateaux chargés de sable, de pierre, de blé, de lin empruntaient l'estuaire créant un véritable négoce favorable au développement urbain de Tréguier. A 9 km de la mer, le trafic du port de commerce est aujourd'hui très modeste, la ville est à la recherche de nouvelles activités économiques qui irrigueraient simultanément le centre-ville.
Ainsi Tréguier a offert aux 35 architectes-élèves un formidable terrain de réflexion et d'application sur les problématiques étudiées à l'École de Chaillot au regard des édifices anciens qui la composent et donnant sur des espaces publics variés dont certains nécessiteraient d'être requalifiés.
La restitution au théâtre de l'Arche
Neuf mois après le premier séjour sur site, l'Ecole de Chaillot revient à Tréguier pour présenter publiquement le résultat des études réalisées.
La restitution est une occasion privilégiée de partager un nouveau regard sur la richesse patrimoniale de la ville de Tréguier avec les élus, habitants, professionnels, entreprises et associations ainsi qu'avec les instances régionales et départementales de l'État. L'apport de nouvelles connaissances permet de sensibiliser tous les acteurs sur l'importance que revêt le patrimoine. Instrument fondamental de la connaissance, le patrimoine est aussi un moteur d'intégration sociale et une ressource socio-économique de premier ordre pour le développement durable des territoires et participe fortement à l'attractivité de nos régions et de leurs représentations culturelles et sociales.
L'exposition « Nouveaux regards sur le patrimoine de la Cité de Tréguier »
Cette exposition monographique présente la synthèse des études menées par les architectes-élèves pendant neuf mois à Tréguier et à l'École de Chaillot à Paris. Elle s'articule autour de cinq édifices caractéristiques de l'architecture régionale civile et religieuse : la « Porte maritime'' de la ville donnant sur le quai du Jaudy, la maison à pan de bois dite ''du Tisserand'', l'ancienne Psalette, la maison du Théologal dit 'Vieil évêché' et le couvent des S½urs du Christ. Une introduction rappelle l'implantation historique de la ville, l'évolution de son urbanisation, ses caractéristiques propres et enjeux patrimoniaux.
L'exposition retrace pour chaque édifice, à travers une série de panneaux, les étapes successives (relevés du bâtiment, recherches documentaires et historiques, diagnostics architecturaux, bilan sanitaire, etc.), qui ont permis d'aboutir à une proposition de conservation, de restauration, de requalification, de réhabilitation et de mise en valeur. Ces études ont notamment permis d'affiner les connaissances de ce patrimoine et de mieux comprendre son évolution au fil du temps. Elles révèlent également le potentiel et les perspectives possibles de ces architectures remarquables, en leur assurant un avenir et une transmission aux futures générations.
En parallèle, dix architectes de l'École de Chaillot se sont rendus dans la province du Guizhou, en Chine où se trouve le village de Zeng Chong, enclavé dans une vallée entourée de collines et de cultures en terrasses dont la population est à minorité Dong. Le village possède un remarquable système hydraulique. Il est marqué par un patrimoine identitaire ancien, symbolisé notamment par la Tour du Tambour du XVIIe siècle, les ponts et les maisons Han, etc. Accompagnés de dix étudiants de l'Université de Tongji à Shanghai et deux de leurs professeurs, ils ont procédé à une étude globale du village et ont concentré leur travail sur une maison Dong dite « Maison du soleil » ainsi que sur les différents ponts dit du « Vent et de la Pluie » permettant d'accéder à la vallée.
En Chine comme en France, les ateliers in situ occupent une place importante dans la pédagogie du Diplôme de Spécialisation et d'Approfondissement de l'École de Chaillot et représente un moment privilégié de rencontre et d'échanges avec les autorités locales et les habitants. Ils contribuent à faire avancer la reconnaissance du patrimoine comme outil de développement.
«Grâce au mécénat de la Fondation Total, la Fondation du patrimoine a apporté son soutien à la réalisation des ateliers sur site de l'École de Chaillot. Les ateliers ont reçus l'appui de la municipalité de Tréguier et ses services, l'accueil et la disponibilité des trécorrois.»
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