Dans son livre best-seller du New York Times Who we Are and How we Got Here qui vient d'être traduit en français sous le titre «Comment nous sommes devenus ce que nous sommes» paru aux éditions Quanto, le biologiste et généticien américain David Reich résume ses recherches opérées depuis quelques années sur les génomes anciens collectés sur les squelettes de nos ancêtres. Recherches effectuées sur des milliers d'échantillons analysés dans son laboratoire de l'université de Harvard.
Son livre apporte des éclaircissements, voire des remises en question des origines des populations des cinq continents qui avaient été établies par les archéologues et à leur suite par les historiens.
Avant de commencer autant rappeler, et David Reich le fait très bien, qu'il n'y a pas de races pures mais que nous avons tous hérité d'origines génétiques diverses y compris venant de l'homme de Néandertal. Cette mise au point est d'autant plus importante que les Nazis justifiaient l'invasion de l'URSS au nom de la reconquête de terres ancestrales «aryennes» de l'Est de l'Europe.
Les découvertes fondamentales de David Reich et de ses chercheurs pour les populations européennes est que nous ne descendons pas des anciens chasseurs cueilleurs qui chassaient dans nos denses forêts du paléolithique peuplées grassement de gibier depuis la fin de l'ère glaciaire il y a 10 000 ans (sauf en Sardaigne et un peu en Sicile) , ni même des agriculteurs venus d'Anatolie qui se sont installés progressivement en Europe depuis aussi le réchauffement climatique. Nous descendons de nomades éleveurs venus des steppes qui s'étendent de l'Ukraine jusqu'à l'Asie centrale. Une zone bordée au sud par la Crimée, le Caucase et au nord par les monts Altaï. Les Européens descendent presque tous de ce peuple appelé Yamna ou appelé aussi la [[culture Yamna]] ou Yamnaya culture en anglais. Génétiquement à 100% quasiment ! En soi une révolution pour les historiens.
Jusqu'en 2015, avant la révolution de l'ADN ancien, la plupart des archéologues peinaient à croire que les changements génétiques dus à la diffusion de la culture yamna puissent être aussi spectaculaires que les évolutions archéologiques [...] La génétique a montré qu'il en allait tout autrement__David Reich
David Reich propose une explication plausible basée sur ses découvertes génétiques. Une peste similaire à celle qui a tué un tiers de la population européenne au Moyen âge aurait éradiqué les premiers agriculteurs et nos bâtisseurs de mégalithes. Seule la population de la péninsule ibérique y aurait en partie échappé. La population des îles britanniques aurait été entièrement renouvelée comme presque toute l'Europe (France 85%, GB 100%, Hollande 100%, Hongrie 90% mais Espagne seulement 25% selon la carte fournie dans le livre). Pour les îles britanniques cela se serait passé vers 2500 av J.C, 500 ans après les débuts de la construction de Stonehenge et 1000 ans avant l'arrivé des Celtes, aussi descendants des Yamna.
Les nouveaux arrivants en Europe auraient apporté des inventions capitales : la domestication du cheval et la roue. lls inhumaient leurs morts dans des grands tumulus recouverts de terre et accompagnés à l'occasion de leurs chariots. Des caveaux appelés [[Kourgane]] en Ukraine et en Russie et que l'on a aussi retrouvés chez les Celtes. Les Yamna seraient à l'origine de toutes les langues indo-européennes et eux-mêmes descendraient de populations venant du Caucase, de l'Arménie et probablement aussi de l'Iran, croisés avec des chasseurs cueilleurs des steppes selon David Reich.
Evidemment la comparaison avec la conquête de l'Ouest par des hordes de colons blancs à cheval ou conduisant des chariots est troublante. D'autant plus que les populations locales d'Amérique du Nord ne connaissaient ni la roue ni le cheval et ont aussi été décimées par toutes sortes de maladies apportées cette fois pas les nouveaux arrivés.
Il y a ainsi eu plusieurs repeuplements de l'Europe comme le montre David Reich. Les pandémies joueraient-elles un rôle fondamental pour expliquer l'histoire comme il a été écrit avec la peste jaune et l'effondrement de l'empire romain, voire le saturnisme généralisé dû à l'utilisation systématique de canalisations en plomb dans les villas romaines ? Sommes-nous aussi condamnés à disparaître un jour face à l'arrivée d'un nouveau virus en conjonction avec une isolation artificielle exagérée due à une propreté excessive et un affaiblissement de notre système immunitaire ? That is que question.
■«Au cours de la dernière décennie, il est devenu possible de séquencer l’ensemble du génome d’humains qui vivaient il y a des dizaines de millénaires. Aujourd’hui, on peut séquencer un fragment de squelette bien conservé pour moins de 500 euros. Conséquence : la somme des données disponibles a explosé, ce qui transforme l’archéologie. Sur la seule année 2018, les génomes de plus d’un millier d’hommes préhistoriques ont été établis – le plus souvent, à partir d’ossements mis au jour il y a des lustres et conservés dans des musées ou des laboratoires d’archéologie.»
Déjà, les études sur le sang des populations avaient bousculé quelques certitudes ou représentations, aujourd'hui les études sur la paléo-génétique (ADN des squelettes anciens) nous promettent quelques beaux bouleversements.
Et les Celtes dans tout çà? Et Néanderthal versus Homo Sapiens ? Espérons que Reich soit plus sérieux que nos journalistes d'Arte, parfois (souvent?) mâtinés d'idéologie à peine dissimulée.
Bref, la boite à surprise continue de s'entrouvrir!
Souezhadennoù a-bep-seurt a vo a-dra-sur!
A partir de – 3300, les populations nomades de la culture dite des « tombes à fosses » (Yamnaya/kourgane) qui résidaient dans les steppes pontiques au nord de la Caspienne, migrent vers la Sibérie méridionale à l’Est puis l’Europe du Nord et la Baltique pour fonder respectivement vers – 3100 et – 2800 la culture « Afanasievo » et la culture des « céramiques cordées ». A l’autre bout de l’Europe, vers – 2800, des populations non indo-européennes migrent par la mer de l’estuaire du Tage le long de la façade atlantique et de la côte languedocienne qu’elles occupent dès – 2600. A partir de -2500, ces migrants atlantiques rencontrant les populations indo-européennes des céramiques cordées donnera la culture des « vases campaniformes ». On a tout lieu de penser que c’est cette rencontre qui provoquera la séparation entre l’Italique et le Celtique. A cette même époque, la population des îles britanniques est remplacée à 90 % (Ballynahatty / Rathin). Une population parlant une langue celtique, génétiquement et géographiquement stable, est donc présente dans les îles britanniques quelques 1400 ans avant que ne soient forgées les premières épées à Hallstatt.Une autre étude récente, celle-ci basée sur la glottochronologie , de Václav Blažek, professeur à l’Université de Brno en République Tchèque, conclue que le Brittonique et le Goïdélique se seraient séparés vers – 1100 tandis que le gaulois et le Brittonique divergeaient vers -1000