Notre-Dame-des-Landes : référendum en vue ?

Point de vue publié le 18/02/15 18:58 dans Economie par Christian Rogel pour Christian Rogel

Quelques élus d'Europe-Ecologie-Les Verts piaffent d'impatience de pouvoir entrer au gouvernement. François de Rugy, député de Nantes, ainsi que Barbara Pompili avec laquelle il co-préside le groupe parlementaire vert à l'Assemblée nationale, fait partie de ceux qui sont considérés comme susceptibles de donner ainsi un coup de main à un gouvernement en panne de soutiens électoraux depuis les bruits de vaisselle cassée qui ont accompagné la sortie de Cécile Duflot et de Pascal Canfin en avril dernier. Le sénateur écologiste, Jean-Vincent Placé est encore plus explicite sur son désir d'être ministre.

L'affaire pourrait se faire bientôt, s'il n'y avait le différend sur le projet de nouvel aéroport nantais, à Notre-Dame-des-Landes, que François de Rugy combat ouvertement et avec détermination, mais, sans la rhétorique outrancière d'un Ronan Dantec ou d'un Jean-Philippe Magnen, élus locaux verts.

Le terme de «démocratie participative », appliqué au projet, comme une concession à faire par le gouvernement aux ministrables est apparu, mais, cela reste très vague, car on ne sait s'il s'agit de réformer les procédure d'enquête publique pour l'avenir (et pas les projets déjà en route), car, ou un référendum local, qui ne peut être organisé que par un conseil municipal, un conseil de communauté ou d'agglomération, un conseil départemental ou un conseil régional.

La question posée ne peut concerner qu'un objet relevant de la compétence de la collectivité.

Dans le cas de l'aéroport, le seul niveau indiscutable est la Région Pays-de-la-Loire qui, depuis la loi de 2004, est seule habilitée à gérer et à prévoir les aéroports régionaux. C'est elle qui a attribué à Vinci Airports la concession de Nantes-Atlantique et de Saint-Nazaire-Montoir et qui a mis en place le partenariat public-privé pour la future réalisation (encore avec Vinci).

Mais l'État est-il en position de demander à cette Région de manger son chapeau, alors qu'elle a mené tout le processus en se conformant aux lois, sans avoir jamais passé en force et en ayant obtenu sa reconduction aux élections régionales de 2010 ? Cela confirmerait que Paris ne voit les élus locaux que comme ses marionnettes.

Nantes-Métropole, qui a le soutien des milieux d'affaires nantais, intéressés au premier chef, ne pourrait pas organiser une consultation sur son territoire, car l'aéroport n'est pas dans sa compétence.

L'alternative serait de réformer la procédure d'enquête publique avant la présidentielle, mais, cela impliquerait d'avouer qu'on va laisser la déclaration d'utilité publique pour Notre-Dame-des-Landes devenir caduque (elle le sera en 2018), ce qui équivaudrait à l'abandon et au lâchage en rase campagne des acteurs politiques économiques de gauche, comme de droite. C'est possible, mais très risqué pour le PS.

Comme vient de le préciser Dominique Voynet, il y a plus d'écologistes en dehors d'EELV que dedans et une part de ceux qui y sont restés sont des extrémistes de gauche, prêts à s'allier au Front de Gauche. L'abandon de Notre-Dame-des-Landes n'aurait, en lui-même, que peu d'impact sur le résultat des élections.

La porte pour entrer au gouvernement est donc très étroite pour un élu nantais, qui a vaillamment combattu Bernard Cazeneuve, André Vallini et toute la nomenklatura du PS, pour obtenir une réunification de la Bretagne qui n'a jamais été à l'ordre du jour d'aucune formation politique parisienne.

Christian Rogel

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Vos commentaires :
Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
.1 «Saint-Nazaire-Montoir» ?

«Saint-Nazaire Montoir-de-Bretagne» !

Les communes de Loire-Atlantique qui ont décidé, à une époque, d'adjoindre le suffixe «de Bretagne» à leur nom ne l'ont pas fait par hasard, mais certainement en anticipant les difficultés que nous voyons aujourd'hui, et en vertu d'une lucidité géographique et politique qui mérite d'être saluée, et respectée.

.2 Pourquoi présenter NDDL comme un projet «régional» en PDL.

Si vous habitez Le Mans ou même Angers, le plus simple et le moins cher est de passer par Paris.

Même en tenant compte du pré-acheminement - n'oublions pas que les billets d'avion au départ de Nantes sont notablement plus coûteux qu'au départ de Paris -. Je parle de l'international (hormis peut-être quelques destinations soleil de proximité).

En dépit de tout le barouf (le buzz) qui est fait autour du supposé trafic aérien de Nantes, et de ses projections supposées, l'activité aérienne reste de taille modeste. Avec une petite ambiance très locale, certes sympathique, mais sans comparaison possible avec les hubs internationaux.

Aéroport international ne signifie pas aéroport géant.

Alors, quelle justification pour un nouvel aéroport neuf, quand les problèmes de circulation au sol, eux, sont bien réels et quotidiens et ne semblent pas émouvoir nos élus?

Il est vrai que résoudre le problème du franchissement de la Loire ou désengorger les abords de Nantes est moins sexy, et surtout, beaucoup plus difficile que de bétonner dans le bocage...

Gwelet e vo. Nous verrons. Mais je crains que le contribuable local soit (très) durement sollicité. Bien sûr, ce n'est pas Ayrault ni Auxiette qui en souffriront le plus. Côté portefeuille, pas de problème pour eux! :-)


LHERITIER Jakez
Vendredi 15 novembre 2024
Les verts n'existaient pas il y a 40 ans!

je suis pour l'aéroport depuis le lancement du projet avec la fermeture et la réorientation des aéroports environnants.

Sinon un 49/3 ,sans référendum,car on vient de voir que les élus en surnombre ne sont plus utiles.

Réunir la Loire Atlantique à sa Bretagne en abrogeant le décret de PETAIN ,....sans référendum.... ,cela ferait gagner du temps et de l'argent.


Christian Rogel
Vendredi 15 novembre 2024
@Naon-e-dad
NA n'est régional qu'au sens de la loi de 2004 par laquelle l'Etat a transféré aux Régions les aéroports des grandes villes. Il a gardé Lyon, Nice, Strasbourg, Toulouse et les aéroports de Paris.
A Nice (370 ha, 2 pistes, 9 M passagers), l'Etat a 60% des parts dans la société qui le gère. Il est question que ces parts soient vendues, probablement à un groupe étranger, sans que l'Etat cesse d'être propriétaire du sol et d'attribuer la concession.

Christian Rogel
Vendredi 15 novembre 2024
@Naon-e-dad
J'ai revérifié : le nom officiel est bien «Aéroport de Saint-Nazaire-Montoir».
Autant donner le nom précis de chaque chose, l'officiel quand il y en a un.

Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
@Christian Rogel

Bien sûr, dans les intentions politiques,et al confusion ambiante, il faut bien comprendre que ce projet d'aéroport est «inter-régional».

Je pense d'ailleurs, depuis le début, que sa principale justification est «politique» et non pas «économique»: réaliser un marqueur «Grand-Ouest». On y revient toujours, hélas!

En effet, hormis Nantes, et selon vous Quimper (cf d'autres posts anciens), qui aurait besoin d'un nouvel aéroport à NDDL?

Vous pensez qu'en habitant Le Mans, Brest ou Rennes, vous allez faire un «crochet» vers Nantes, pour le seul plaisir de payer plus cher une liaison aérienne plus rare? Je pense le contraire.

Le public n'existe pas ou pas en assez grand nombre pour se lancer dans une telle opération.

En revanche, j'y reviens, la facture sera «salée» pour le contribuable local.

Il ne s'agit pas des participations de l'Etat sur la plateforme, mais de tous les accès , non budgétés. En France, faut-il le rappeler, le réseau routier «national» n'est plus «national» quand il s'agit de payer (par contre, il l'est encore quand il s'agit de mettre des panneaux bilingues dans les zones concernées!).

Enfin, n'oublions pas que la plateforme actuelle devra rester en activité. sinon, c'est Airbus qui dégage e va chercher fortune. ainsi le bilan emploi, n'est pas de +2000 (encore moins de +4000, comme l'affirme très malhonnêtement les supporters), non le bilan emploi à l'arrivée est de +0! Ou proche de zéro!

En revanche, les terrains détruits le seront définitivement. nous entrons dans un nouveau modèle de société, un nouveau rapport aux technologies, à la planète, une nouvelle organisation de l'espace notamment urbain et périurbain.

Mais ces nouveaux scénarios, Ayrault et Auxiette, semblables à deux dinosaures égarés, ne les ont manifestement pas envisagés ou compris. Englués dans des extrapolations douteuses, sur la base de chiffres soigneusement sélectionnés, ils sont, sur le fond, incapables d'apercevoir le monde qui vient.

Koulskoude, emañ an dazont o tont. Cependant, l'avenir approche.


jocharruau
Vendredi 15 novembre 2024
En ce qui concerne la faisabilité de l'aéroport NDDL, j'ai toujours lu que la décision finale revenait à l'Etat français.
A NDDL, les achats de terrains ont commencé dans les années 1970... et depuis quarante ans l'on a construit autour de NA , l'aéroport actuel.

Référendum en vue? , pourquoi pas, ce n'est pas dans les habitudes de nos professionnels de la politique. Le pays nantais est favorable à NDDL et à la réunification bretonne. ce n'est pas un scoop.


Christian Rogel
Vendredi 15 novembre 2024
@Naoin-e--dad
Compte-tenu des projets d'urbanisation de la plate-forme de NA par Nantes-Métropole, je n'ai jamais été convincu du fait que le transfert de l'aéroport à si peu de distance de la ville ait masqué un sujet ausi vaste que la question du Grand Ouest, même si le nom d'AGO lui a été donné pour refléter une importance relative par un terme géographique banal dans le langage des aménageurs (DATAR). C'est typiquement une surinterprétation d'un positionnement logique de Nantes comme la plus grande ville de sa zone, ce qu'elle est, sans discussion possible.

Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
@Christian Rogel

Nantes est la plus grande ville de sa zone, certes.

Mais prenons la question autrement: quelle est la zone (d'influence) de Nantes?

Si l'on s'intéresse à l'économie, c'est clairement la Loire-Atlantique.

Si l'on adopte un point de vue administratif, c'est l'ensemble des départements attachés à la «région administrative» PDL.

Si l'on se place du point de vue médiatiquement affiché (par exemple la "comm' (unication) dans laquelle Nantes est championne), le périmètre est beaucoup plus large. Il est aussi flou que large.

Je serai toujours étonné par la surévaluation qu'ont les Nantais de longue date de l'importance de leur ville.

A galon


Christian Rogel
Vendredi 15 novembre 2024
@Naon-e-dad
La caractéristique d'un équipement de transport, gare ou aéroport, est de n'avoir pas de périmètre défini puisque les usagers peuvent s'y rendre selon l'offre ou selon leurs possibilités.
Savez-vous que des agences de voyage de Brest, Quimper, Lorient affrètent en commmun des cars hebdomadaires pour transporter leurs clients jusqu'à Nantes-Atlantique ?
C'est en sachant cela que je mentionnais que le transfert vers l'Ouest de NA ne laisserait pas indifférents beaucoup de voyageurs habitant entre Quimper et la nouvelle plate-forme.
Mais, cela ne pourrait amener que 2 ou 3% de clientèle en plus, d'autant qu'elle ne serait pas toujours régulière

Guillaume Machy
Vendredi 15 novembre 2024
un referendum d'initiative populaire ?

Louis Le Bars
Vendredi 15 novembre 2024
« Dans le cas de l'aéroport, le seul niveau indiscutable est la Région Pays-de-la-Loire qui, depuis la loi de 2004, est seule habilitée à gérer et à prévoir les aéroports régionaux. C'est elle qui a attribué à Vinci Airports la concession de Nantes-Atlantique et de Saint-Nazaire-Montoir et qui a mis en place le partenariat public-privé pour la future réalisation (encore avec Vinci).

Mais l'État est-il en position de demander à cette Région de manger son chapeau, alors qu'elle a mené tout le processus en se conformant aux lois, sans avoir jamais passé en force et en ayant obtenu sa reconduction aux élections régionales de 2010 ? Cela confirmerait que Paris ne voit les élus locaux que comme ses marionnettes. »


La Région Pays-de-la-Loire était loin d'être le plus gros financeur prévu pour cet Aéroport, le département, Nantes-Métropole l'Etat français et la Région Bretagne sont les autres financeurs.

Surtout, il faut rappeler que en proportion de son PIB, la Région Bretagne (Brest, Rennes, Lorient, St Brieuc etc etc) financerait plus l'Aéroport que la Région Pays-de-la-Loire ce qui est à mon sens l'un des points les plus scandaleux de cette opération !!

Où voit-on ce genre de choses ??


Christian Rogel
Vendredi 15 novembre 2024
@Louis Le Bars
«Surtout, il faut rappeler que en proportion de son PIB, la Région Bretagne (Brest, Rennes, Lorient, St Brieuc etc etc) financerait plus l'Aéroport que la Région Pays-de-la-Loire ce qui est à mon sens l'un des points les plus scandaleux de cette opération !!»
Il y a pourtant une explication évidente : les participations sont calées sur la vraie zone de chalandise qui n'inclut pas la Mayenne et la Sarthe, ainsi que la Bretagne Ouest, au PIB nettement plus faible. La Région Bzh paye pour ses zones à haute valeur ajoutée, le Golfe et le Sud de Rennes.
On aperçoit ici l'incohérence de la «banane» PdL.

Alain E. VALLEE
Vendredi 15 novembre 2024
C'est amplement démontré : les gens ne répondent pas à la question posée mais à celui qui la pose dans le contexte politicien créé pour l'effet escompté.
Ainsi, on a même vu récemment (TCE) des politiciens soutenir le «Oui» et organiser méticuleusement le succès du «Non» ...!
Un référendum sur l'inepte projet d'un aéroport à NDDL serait tout autant dangereux qu'un autre scrutin sur l'appartenance de la Loire Atlantique à la Bretagne.
AV

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