Nolwenn n'est pas un phénomène de mode, une star destinée à booster les ventes des grosses boîtes de prod parisiennes, c'est une artiste, une auteure compositeure interprète, qui risque les chemins de traverse.
Entre les Nolwenn Leroy, les Cécile Corbel, le grand public se perd, achète, et oublie. Et puis il y a Nolwenn Korbell, la penn sardin inclassable, celle qui chante en breton, gallois, allemand, anglais. Celle qui reprend des titres de Pete Seegers (Turn, turn) avec son complice et ami Soïg Siberil. Il y a la comédienne remarquable des pièces de Guy Pierre Couleau qu'on ne voit presque pas en Bretagne (mais que font les programmateurs ?), son cabaret Brecht, en perruque bleue, sa future pièce tout aussi surprenante.
Il y a la Nolwenn poète, déchaînée, engagée, bête de scène, rock and roll avec Didier Dréau. Celle qui a envie de partir, devant l'immobilisme des choses en Bretagne, quand rien ne bouge, que l'on continue à nier une identité et une langue tous les jours à la radio. Celle qui parle au nom d'Anna Politovskaïa, cette femme assassinée en Russie à cause de son travail d'investigation.
Il est en Bretagne des artistes qui créent tous les jours, qui font avancer la Bretagne. Ne regardent pas dans le rétroviseur, rêvent d'un public qui sait, qui comprend, qui valorise. Cette Nolwenn-là, on en parlera encore quand les paillettes des stars parisiennes auront quitté le plancher de la salle désertée. La plage du Ris a sa sirène, entre Dahut et Boudicca. Et elle ne chantera pas longtemps pour les défunts de Ker Ys. Elle est déjà à Memphis.
■