Nolwenn Korbell, une chanteuse talentueuse de langue bretonne qui compose et chante sur des thèmes contemporains, a prononcé samedi à Carhaix, lors de la remise de son [[Collier de l'Hermine]] dont elle est lauréate 2016 aux côtés de 3 hommes, un discours émouvant mettant des larmes aux yeux d'une foule de militants bretons engagés pour la sauvegarde d'une langue et d'un territoire ancestraux de plus en plus menacés.
Relevant des propos insultants du philosophe Michel Onfray, qui parle des langues régionales comme «d'un outil de fermeture sur soi, d'un dispositif tribal, machine de guerre anti-universelle...» (1), elle a lancé un cri d'alarme ancré dans sa propre expérience d'une langue maternelle devenue l'âme même de sa vie et de sa carrière.
Un cri du coeur rageur de Nolwenn, de toute son âme de Bretonne, fière comme sa crinière, fort comme sa colère.
L'espace Glenmor de Carhaix, si bien nommé, est alors entré en résonance et l'esprit du grand barde breton est remonté des entrailles de la terre, réchauffant le coeur de militants désabusés, victimes de tant de promesses trahies.
Philippe Argouarch
(1) publié le 10 juillet 2010 dans les colonnes du Monde « Les deux bouts de la langue » (voir le site)
■«le coeur de militants désabusés, victimes de tant de promesses trahies.»
Ὁρῶ γὰρ ἅπαντας πρὸς τὴν παροῦσαν δύναμιν τῶν δικαίων ἀξιουμένους.
Δημοσθένης
J’observe en effet que tous
Démosthène
Si Nolwenn était une chanteuse d'un autre continent, aucun doute que son émotion aurait été reprise en boucle sur les TV prétendument «nationales»...!
Maintenant, elle s'en prend à Onfray...???!!!
Mais ce Monsieur n'était pas né quand les instituteurs, généralement Breton et britophone mais converti à doctrine de la République et admirateur d'un certain Jules Ferry, détruisait cette langue en brisant psychologiquement de milliers d'enfants!
Le 4% évoqué n'est que 4% des 60% (de mémoire) de programmation francophone, ce n'est donc pas 4% réel mais encore moins....!
Pour utiliser le Breton dans la vie publique, enseignement, gares, mairies, documents officielles, télévisions, radios, nous devons avoir les autorisations des «instances» parisiennes de la République!
Des instances totalement étrangère à cette question et cela en totale violation des Droits de l'Homme!
Si pour parler Danois, il fallait l'autorisation de Berlin cela choquerait les Bretons... qui comme à leur habitude manifesteraient leur «solidarité»...!
Nolwen a la même émotion que nous avons tous en pensant à cette humiliation quand notre coeur se contracte au point de faire mal, très mal...
Et cette douleur est la raison pour laquelle, nombre de Bretons préfèrent se prétendre «Français» et «Républicain» pensant ainsi masquer la blessure!
En fait Onfray, par ses paroles, est dans une démarche similaire à tous les Bretons qui ont fait le choix de se mentir! Plus que Onfray et ses paroles, c'est peut-être cela le plus horrible!
Quand les Bretons auront la force pour pointer du doigt les vrais responsables et de passer outre?!
Prétendre aimer la République bêtement et mécaniquement et en même temps souffrir humainement de la nature de cette République est aberrant!
Comme ce milieu breton qui a voté Socialiste depuis des années en sacrifiant en conscience la constitution d'un pole démocratique breton mais qui chaque jour lutte contre ceux qu'ils ont élus dans une politique de l'humiliation permanente que l'on appelle des «...petits pas»...!
Ce qui est dramatique, c'est que dans 20 ans nous pourrons voir une autre vidéo de ce type, avec une autre personne, prouvant qu'il n'y aura eu aucune évolution tangible!
En fait, il en a dit juste assez pour que l’on comprenne juste une chose. Quand un sujet lui convient (c’est-à-dire qu’il en « comprend » les fondements), Michel Onfray est capable de réfléchir et de philosopher. Et reconnaissons qu’il s’en tire assez bien, en tout cas il intéresse le grand public, qu’il semble rechercher ou affectionner. Tant mieux. Dans le cas contraire – le sujet heurte ses passions ou ses préjugés – Michel Onfray redevient un quidam incapable de s’ouvrir aux flux de la réflexion et de présenter une pensée un minimum structurée, bref Michel Onfray cesse d’être philosophe et se bloque!
Etrange, mais c’est ainsi. Son appréciation des langues « non-nationales » (les langues dites « régionales », donc) est hautement méprisante pour les locuteurs de ces langues, langues qui ont le tort – aux yeux de Michel Onfray, je suppose - de ne pas bénéficier de l’appui d’un appareil d’Etat politique. Et sont donc obligées de (sur)vivre, dans une semi-clandestinité. Ce faisant, elles rappellent sans cesse à leurs oppresseurs-systémiques (ceux qui sont aux manettes des systèmes politiques) que la liberté est essentielle.
Comme Michel Onfray n’est pas un crétin – j’ose en faire le pari - , il serait intéressant de l’inviter à voir de plus près ce qu’est une langue régionale en France. Cela lui servira par exemple en cas de voyages sur d’autres continents (Afrique, Amérique, Asie). On n’est jamais trop cultivé.
Accepterait-il ? C’est une autre histoire ?
Ce serait un premier pas, de sa part. Et peut-être un jour acceptera-t-il de s’affronter aux questions existentielles ? Ce que, à ce jour et si j’ai bien compris en écoutant la LGL, il se refuse à faire.
Michel Onfray sortant de sa « fermeture » – notons au passage que je ne porte aucun jugement sur les prémices qui l’ont conduit là -, de sa « tribu », et se frottant à « l’universalité » de la condition humaine, voilà qui pourrait être grandiose... alors chiche ?
Nous sommes probablement assez voisins par l’âge. Aussi, je lui dit :
N’eo ket re ziwezhat, biken. Il n’est jamais trop tard.
Ha gourc’hemmenoù d’ar reoù resevet an Erminig gañte !
Dans le paragraphe qui nous concerne, Onfray se permet un commentaire biblique à contresens, à propos de l’épisode fameux de la tour de Babel (Genèse 11.1-9). Onfray commente et conclut : « De sorte que la multiplicité des idiomes constitue moins une richesse qu'une pauvreté ontologique…. » etc, et de poursuivre par un développement aberrant.
Et bien, non, M. Onfray. C’est très exactement l’inverse. La multiplicité des langages est un fait incontournable et irréductible au genre humain. L’ « auteur biblique » réfléchit mieux que vous. Peut-être parce qu’il a pris son temps – quelques dizaines d’années ? plus encore ?
Pour la goûter, cette pensée qui reflète la longue expérience d’un peuple, il importe – lorsque l’on est encore débutant ou trop étranger à la culture biblique, de s’adresser à de bons biblistes, compétents – il y en a. Et puisque la grande bibliothèque biblique se situe à la croisée de l’écrit et du verbal : il importe aussi pour le lecteur, ou l’écoutant, de laisser l’Esprit faire son œuvre…
La multiplicité des langages, factuelle donc, est – qui pourrait le nier ? – inscrite dans la géographie, cette géographie que vous méprisez tant ailleurs dans la suite de l’article. Le visage multiple et varié de notre planète n’est pas sans conséquence sur l’organisation et le devenir des hommes, même à l’heure de l’informatique généralisée. Il y a donc un équilibre (incertain) à trouver ente globalisation et localisation. Bref, la géographie est importante, elle est fondatrice. Et la Bretagne est d’abord « géographie ».
Enfin, aucune langue humaine n’est promise à l’éternité. N’est-ce pas Jean d’Ormesson qui dans une émission LGL qui lui était intégralement dédiée fit preuve d’une audace et d’une liberté inattendues. L’Académicien ne déclarât-il pas en effet que même la langue française pourrait un jour s’éteindre.
Je suis de ceux qui pensent que la lutte pour la langue bretonne participe aussi de la lutte pour n’importe quelle langue, y compris la française !
La Bretagne est péninsule, et elle le restera. Et sa langue est un véritable diamant, aux feux ravissants.
Ul ledenez eo Breizh, ul ledenez e chomo-hi. Ur gwir diamant a vil luc’h eo he yezh
Personnellement, j'ai beaucoup aimé la vidéo de «Jean Cévaër» qui tranquillement et avec conviction et élégance, nous parle de «patriotes» et de «patriotisme» et «que vive notre patrie»....!
Il n'a pas peur des mots lui!
On croirait entendre parler un Corse, un Écossais, un Catalan,...!!!!
...moi, en tant qu'Alsacien, çà fait belle lurette que «je ne sabre plus français», car je ne suis pas le mercenaire obéissant de Marianne...
Quant à «Michel ONFRAY-mieux-de-se-taire !», je me souviens l'avoir vu sur le plateau de «On n'est pas couché» de Ruquier en compagnie d'artistes Québécois 'souverainistes', et qui s'exprimaient carrément dans leur langue régionale plutôt qu'en langue anglaise universelle.
Je suppose qu'Onfray a dû être scandalisé à l'extrême par : «ces indépendantistes régionaux, qui font de la langue un instrument identitaire, un outil de fermeture sur soi, une machine de guerre anti-universelle, autrement dit un dispositif tribal ».
...mais non, je déconne, aucun risque à cela, car nous savons tous que les jacobins de »l'Une et Indivisible« se caractérisent essentiellement pas leur duplicité idéologique, leur imposture et leur totale mauvaise foi.
Ils tiennent toujours un discours ici, et son exact contraire là-bas, en fonction des lubies de leur chauvinisme panfrancophone et de l'irrédentisme grand-gaulois !
Un discours émancipateur et progressiste là-bas, lorsqu'il s'agit de défendre les droits linguistiques, culturels et politiques spécifiques et collectifs des minorités régionales francophones à l'étranger (dialectophones Québécois, patoisants Acadiens, Wallons, Romands, Valdotains).
Et un discours totalitaire et impérialiste ici (la République est Une et Indivisible, le français doit devenir la seule et unique langue officielle 'commune' et obligatoire de tous les ressortissants français !) lorsqu'il s'agit de s'opposer à ces mêmes droits collectifs fondamentaux des minorités régionales allophones de France, dont ils nient jusqu'à l'existence : Basques, Bretons, Corses, Catalans, Occitans, Flamands, Alsaciens-Mosellans !
Le racisme, le mépris haineux et la fatuité en prime : dans les médias français, un dialectophone Québécois qui défend ses droits linguistiques, culturels et politiques spécifiques et collectifs sera toujours glorifié en »héros de la francophonie« et en »héraut de la diversité culturelle dans le monde«, un Breton ou un Corse par contre qui ferait de même sera lui systématiquement vilipendé en : »communautariste ethnique passéiste«, en »replié identitaire totémique«, en »suppôt de l'obscurantisme et de la féodalité«, en »partisan de l'enfermement ethno-linguistique« (leur sophisme préféré : bilinguisme = enfermement culturel, monolinguisme panfrancophone = ouverture et universalité !), en »fasciste aux nostalgies inavouables«, en »néo-nazi" et j'en passe et des pires...