Nicole Le Garrec : un sacré bout de femme du bout du monde

Reportage publié le 6/04/14 23:26 dans Cultures par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Nicole Le Garrec à 20 ans.
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Après une longue carrière dans l'audiovisuel au service de la Bretagne et des cultures et peuples opprimés, Nicole Le Garrec a reçu la Légion d'Honneur des mains de Louis Le Pensec, ancien ministre de la Mer, et en présence de Jean-Michel Le Boulanger, vice-président à la Culture au Conseil régional, de la député Annick Le Loch, du maire de Plonéour-Lanvern Michel Canevet, de la famille, et d'au moins 250 amis.

Cette médaille créée sous l'Empire pour récompenser les services rendus à la nation française a été plus ou moins galvaudée ces dernières années On se souviendra que sous Sarkozy et sans doute aussi avant, cette distinction a été détournée pour récompenser des services rendus à des partis politiques dans le genre « tu me donnes ça et je te mets sur la liste des décorés de cette année..» Beaucoup ont été choqués. Certains la refusent.

Nous en Bretagne, avons le Collier de l'Hermine créé par le Duc Jean IV et qui récompensait dès le début des civils y compris des femmes et Nicole Le Garrec le mériterait tout autant car elle a servi la Bretagne, et les Bretons qui servent la Bretagne sont rarement récompensés par la légion d'honneur. C'est la député Annick Le Loch, de la 7è circonscription du Finistère qui l'a proposée et on ne peut que la remercier de ce choix judicieux.

Un sacré bout de femme du bout du monde

C'est en ces termes que Louis le Pensec a décrit Nicole Le Garrec hier à la mairie de Plonéour-Lanvern ajoutant en breton «an itron vras» (une grande dame). Cette Bigoudène est née Le Pape à Plogastel-Saint-Germain en 1942 un peu plus au nord dans le haut-pays Bigouden. Avec un regard plein de douceur, Nicole Le Garrec est animée de cette pudeur bretonne qui cache sous la modestie un sens aigu de la justice et du droit, le tout s'exprimant le plus souvent par une créativité et une force tranquille.

Nicole s'est distinguée dans de nombreux domaines audiovisuels en tant que réalisatrice et scénariste et aussi dans des textes souvent bilingues accompagnant des recueils de photos, le dernier étant «Vivre pour des images», paru en 2011. Avec son mari photographe, Félix Le Garrec, elle a réalisé diaporamas et documentaires comme«La langue bretonne et Diwan»,«Les Bonnets Rouges», «Les enfants dauphins», «La chapelle de Languivoa», «La porte du Danube» (tourné en Roumanie), «Pierre-Jakez Hélias», «la Folle de Toujane» (1974) qu'elle réalise avec [[René Vautier]] (et musique de Gilles Servat.). Les Le Garrec sont surtout connus pour la réalisation du film «[[Plogoff, des pierres contre des fusils]]» sorti en 1980, que le Ministre a salué comme un tournant déclarant «la mémoire collective vous doit une infime reconnaissance pour avoir par l'image témoigné de la bêtise de certains choix de l'État».

Ils ont créé le cinéma breton

En 1970, Nicole et Félix Le Garrec et René Vautier créent l'UPCB,l' Unité de Production Cinématographique de Bretagne. (voir le site)

L'UPCB produira une dizaine de longs métrages professionnels entre 1970 et 1980 «La folle de Toujane» qu'on a déjà cité, «Mourir à l'ile de Sein», «Quand les femmes ont pris la colère», «Mourir pour des images», «Marée noire, colère rouge» et le fameux film un moment interdit «[[Avoir 20 ans dans les Aurès]]» (1972 mais ressorti en version numérique restaurée en 2012.). Tous ces films furent sélectionnés dans des festivals nationaux ou internationaux et reçurent de nombreuses récompenses. L'UPCB a contribué à l'émergence d'un regard nouveau dans le cinéma et en particulier en donnant une voix aux peuples interdits ou colonisés. Alain Aubert dit que l'UPCB a mis «l'image et le son au service des collectivités à qui, en général, la parole est refusée», et a "permis de refléter la vie sociale, culturelle et politique en Bretagne“ (Cinéma des régions, La Bretagne – CinémAction n°12).


Vos commentaires :
yvon Boëlle
Vendredi 15 novembre 2024
Bravo, beau travail de reportage! Merci,
yvon

Alain Le Garrec
Vendredi 15 novembre 2024
Bravo Nicole,

Marie-Josée Christien
Vendredi 15 novembre 2024
Bravo à Nicole Le Garrec qui mérite amplement cette distinction. Merci à elle pour tout ce travail réalisé avec passion, qui devient ainsi notre patrimoine et notre honneur à tous.

fanch
Vendredi 15 novembre 2024
Nicole Le Garrec est une femme remarquable.
Elle aurait dû refuser cette breloque galvaudée et de toute manière symbole d'une certaine forme d'oppression. dommage.

Job LE GAC
Vendredi 15 novembre 2024
Grand merci à Nicole et Félix LE GARREC !!; Ils ont fait un travail extraordinaire pour leur pays, la Bretagne !

Jean-Charles Perazzi
Vendredi 15 novembre 2024
1970, dans la salle de séjour de Nicole et Félix et en présence de René Vautier, à Plonéour-Lanvern, le bonheur d'apprendre la naissance de l'UPCB (Unité de Production cinématographique bretonne). Quarante-quatre plus tard, le 5 avril, dans la mairie de cette même commune,la récompence tant méritée pour le duo qui a porté si haut les couleurs d'un cinéma breton somnolant.Encore du bonheur pour ceux qui ont suivi de près et de loin son parcours.
Merci, Nicole, Félix et René d'avoir plaidé avec tant de talent la cause de la Bretagne et des peuples dits «minoritaires».
A la génération montante de prendre le relais.

Gilberte Dauriac
Vendredi 15 novembre 2024
Bravo à vous,Nicole le Garrec!

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