Les soutiens militants à la cause kurde étaient là, répondant chaleureusement à l’invitation d’Amara CDK-R, le Conseil démocratique kurde de Rennes, à venir fêter ensemble le Newroz au siège de l’association et partager les succulentes spécialités kurdes préparées par le CDK-R et par Zin, l’association des femmes kurdes, comme n’a pas omis de le préciser Fehmi Kaplan, en parfait maître de cérémonie.
Le ton fut donné d’entrée avec l’intervention percutante de Cemile Renklicay, co-présidente du Conseil démocratique kurde en France (CDKF), bien connue à Rennes et à Douarnenez pour avoir accompagné nombre de personnalités kurdes en Bretagne et nombre de délégations des Amitiés kurdes de Bretagne au Kurdistan :
«Le 21 mars, fête du Newroz, est le symbole de la résistance des peuples de Mésopotamie. Newroz est le nouvel an kurde célébré depuis l’an 612 avant J.-C. C’est une histoire de rébellion et de liberté. Les Kurdes luttent depuis des siècles pour la liberté et le Newroz traduit l’espoir du renouveau, de la paix et de la fraternité entre les peuples. Il incarne la révolte, le combat pour la liberté, la lutte contre tous les régimes qui colonisent le Kurdistan. Il exprime le refus des Kurdes de vivre divisés entre quatre États. Le jour du Newroz est aussi l’occasion de se remémorer les génocides subis par notre peuple. Aujourd’hui, comme hier, le peuple kurde résiste pour sa liberté. Après avoir brutalement rompu des pourparlers de paix, l’État turc s’est à nouveau engagé dans une guerre sale contre le peuple kurde qui lutte pour l’autonomie démocratique.
Depuis août 2015, les forces armées turques assiègent et bombardent les villes du Kurdistan, massacrant chaque jour des civils. Depuis ce jour, les Kurdes sont dans les rues pour exprimer leur détermination à combattre pour une solution à la question kurde. Dans ce cadre, nous soutenons la ligne idéologique et politique du leader kurde Abdullah Öcalan, qui est aussi celle du mouvement de libération du Kurdistan et du peuple kurde qui résiste aujourd’hui contre la barbarie de l’État turc.
Nous demandons à la communauté internationale, aux institutions européennes et à toutes les forces démocratiques de réagir contre la barbarie de l’État turc.
Nous demandons la liberté pour Öcalan, un statut politique pour le peuple kurde et une autonomie démocratique pour le Kurdistan».
Jean-Louis Tourenne, sénateur d’Ille-et-Vilaine, qui honorait de sa présence cette réception si riche de symboles, s’est souvenu d’avoir reçu, alors qu’il était président du Conseil général, la jeune députée Ayla Akat Ata, aujourd’hui emprisonnée avec nombre de députés kurdes, d’élus locaux, de journalistes et d’universitaires et a rappelé qu’il a donné son accord pour répondre à l’appel du HDP à parrainer des élus emprisonnés.
Se tournant vers l’affiche des trois Kurdes assassinées en plein Paris, il exprima toute son émotion, émotion partagée par Lena Louarn, vice-présidente du Conseil régional de Bretagne et le représentant, qui, une fois encore, a tenu à manifester son attachement à la cause kurde. Attachement partagé par Marie-Anne Chapdelaine, députée d’Ille-et-Vilaine, empêchée, Ghania Boucekkine, présidente de la Maison internationale de Rennes, également excusée ainsi que Frédéric Bourcier, conseiller départemental et adjoint à la maire de Rennes, Jocelyne Bougeard qui, dans une lettre, rappelle que « la maire de Rennes, Nathalie Appéré, et les élu.e.s de notre Ville, sommes soucieux de l’évolution de la situation politique et sociale en Turquie, et tout particulièrement à Diyarbakir, très soucieux de l’emprisonnement des co-maires et tant d’autres personnes ».
Se sont succédé à la tribune des représentants d’associations et d’organisations politiques (1) qui ont tous manifesté leur solidarité, chacun s’exprimant avec ses mots propres à sa sensibilité ou à ses engagements politiques et idéologiques, dans un moment fort de la vie politique.
Pour les Amitiés kurdes de Bretagne, le Newroz a été l’élément déclencheur de son action et reste un moment fort dans son engagement. Les Newroz interdits, fêtés entre deux charges policières avec trois pneus enflammés dans le quartier de Bağlar (Diyarbakir) ou la petite ville de Bismil, les célébrations tolérées à Hakkari ou à Semdinli au milieu d’une foule entourée de blindés mais en communion avec les combattants du PKK visibles dans la montagne toute proche, les fêtes autorisées, somptueuses, rassemblant un million de personnes, ce sont des moments d’enseignements qui ne s’oublient pas.
André Métayer
(1) Mouvement de la Paix, Association argentine René Mario Palacios, Alternative Libertaire, MJCF, PCF, Amitiés kurdes de Bretagne.
Étaient également présents l’UDB (Ana Sohier, conseillère municipale de Rennes et Gaël Briand, directeur du Peuple breton), le CRIDEV, France Palestine, le Parti de Gauche (Yannick Le Gargasson et Jean-Paul Tual, conseillers municipaux de Rennes) et les AKB (en nombre !).
Étaient excusés : Sylvie Robert, sénatrice d’Ille-et-Vilaine, Jean-René Marsac et François André, députés d’Ille-et-Vilaine, Annie Le Houérou, députée des Côtes-d’Armor, Emmanuel Couet, président de Rennes Métropole, Tristan Lahais adjoint au maire, Glenn Jégou, conseiller municipal de Rennes, Valérie Kerauffret (CGT), Emmanuelle Berthinier, directrice de la MIR, Emmanuelle Auger, coordinatrice du CRIDEV, Herri Gourmelen, Tony Rublon, président des AKB (en mission au Kurdistan).
■