Le marché couvert du Bouffay (ou Les Halles), démonté au printemps 2010, ne sera peut-être pas remis en place avant 2018 : « La mairie se donne jusqu'en 2018 pour décider du retour ou pas des halles sur la place du Bouffay » (voir le site) de Presse Océan ce matin. On peut alors se demander ce qu'il en sera de la plaque en souvenir de l'exécution de Pontcallec et de ses trois compagnons. Elle devait être reposée en octobre... (voir notre article) Mi-novembre est là et toujours rien.
En effet le repavage de la place du Bouffay avance – il s'agissait de la remettre à niveau du futur « Carré Feydeau », piétonnier et immobilier, « au niveau des allées Flesselles, Tremperie et Port Maillard... elles-mêmes en lien avec la voie de tramway et le plateau du carré Feydeau ». Mais la zone où était la plaque de [[Raffig Tullou]] est largement dépassée. Voir photos. Et ce 15 novembre quel espoir reste-t-il ? Le chef de chantier, pas content du premier article sur ABP qui lui a attiré beaucoup d'ennuis (il a eu un autre mot) n'a pas voulu en dire plus hier sauf que « Je n'aurais jamais dû vous la montrer » et « je suis très en colère ». Montrée ou pas, d'autres que ABP auraient bien vu les fautes de breton sur la plaque une fois posée... Sauf si elle n'est finalement jamais posée… ?
Faudra-t-il aussi attendre 2018 pour voir l’ersatz en place ?
La plaque aura-t-elle été corrigée, ou mieux, refaite, aux frais de l’entreprise qui a cassé celle d’origine ?
La nouvelle plaque sera-t-elle mieux protégée ?
Les touristes auront-ils une information sur cette nouvelle plaque, en un panneau supplémentaire de lave émaillée ?
Des bruits courent dans le quartier. Il serait question que les halles soient replantées en l’Île de Nantes ! Il est impensable que la plaque à Pontcallec y soit scellée !
Donc : La plaque en souvenir de Pontcallec va-t-elle simplement être « oubliée » ?
Et bien sûr : Où sont les morceaux de l’originale ?
En mars 1970 c’était le 250e anniversaire de l’exécution à la hache, une [[doloire]] ou hache de tonnelier, sur cette place. Edmond Coarer-Kalondan (il faisait suivre son nom civil de celui de druide Kalondan Coeur de feu) menait alors un Comité d’organisation de la Commémoration de Pontcallec.
Les Archives départementales possèdent un dossier de l’échange de correspondance entre Edmond Coarer et le député-maire de Nantes André Morice en 1970. Cote 1136W21 (voir le site) 250e anniversaire de l'exécution de Pontcallec et de ses compagnons, autorisation du maire donnée au «Comité de la commémoration de Pontcallec» d'organiser un rassemblement dans le château des Ducs de Bretagne, le 21 mars 1970 : correspondance, texte de l'allocution de E. Coarer-Kalondan.
Envoyé au secrétaire général de la Ville P. Biguet le 19 mars. Avec respect ici de ses majuscules.
« PLACE DU BOUFFAY, PLACE ROUGE.
Il en est des cités comme des individus et des peuples comme des familles. Le Passé les imprègne, modelant le Présent et préparant l’Avenir, par le jeu de souvenirs joyeux, héroïques ou tragiques, que l’on croît, parfois être oubliés, mais qui resurgissent en certaines occasions.
Avec le printemps 1970 arrive le 250e anniversaire de l’exécution, en place du BOUFFAY, de PONTCALLEC, MONTLOUIS, COUEDIC et TALHOUET, coupables d’avoir voulu défendre les droits de la BRETAGNE contre les perpétuelles exactions du Régent Philippe d’ORLÉANS.
Ces droits imprescriptibles étaient clairement stipulés dans le Traité de 1532, unissant l’ancien Duché à la Couronne de France...
Mais le Régent n’en avait cure. Célèbre, déjà, par ses vices et la vie dissolue qu’il menait peu lui importait d’encourir la vindicte populaire en cette lointaine Bretagne. Aussi violait-il sans arrêt les clauses du Traité d’Union. Indignés par ces coups illégitimement portés aux engagements signés et scellés, de nombreux Bretons s’étaient résolus à en défendre et la lettre et l’esprit. Mais un traître vendit la conspiration et livra des listes de noms. Le Régent ordonna l’arrestation des conjurés. Une partie d’entre eux parvint à fuir à temps et à gagner la Galice. Les autres furent jetés en prison, puis condamnés à la déportation à l’Île BOURBON (aujourd’hui île de la Réunion). Les descendants de certains de ces déportés revinrent en EUROPE et, venu donner une conférence à NANTES, entre les deux guerres, l’académicien J. BÉDIER se présenta à son auditoire comme un peu compatriote puisque descendant d’un condamné de la Conspiration de PONTCALLEC, au même titre, précisa-t-il, qu’un ancêtre de la famille GUIST’HAU.
Toutefois, voulant faire un exemple qui frapperait l’imagination de ces Bretons si prompts à la révolte, Philippe d’ORLÉANS avait réservé le cas de quatre gentilshommes. Pour eux, il avait choisi la mort.
Pour que ce verdict fût acquis à coup sûr, le Régent, violant, à nouveau, le Traité d’Union qui voulait qu’un accusé breton fût jugé par un tribunal breton, statuant d’après le droit particulier de Bretagne, plaça comme président dudit tribunal une créature bien à lui, un magistrat qui n’était ni breton, ni même français, étant savoyard. PONTCALLEC et ses compagnons furent, naturellement, condamnés à mort, le 26 Mars 1720.
Quand vint l’exécution, les Nantais se portèrent en foule vers le BOUFFAY, bien décidés à tenter un coup de main pour libérer les condamnés. Mais, nouvelle violation du Traité de 1532, qui précisait qu’aucune troupe ne devait entrer en Bretagne sans autorisation expresse du Parlement breton, les Dragons du Régent gardaient les abords de l’échafaud. Alors, s’agenouillant, les Nantais prièrent pour ceux qui allaient mourir ».
E. Coarer-Kalondan
Edmond Coarer-Kalondan poursuit sa lettre au secrétaire général de la Ville, revenant au temps de son allocution :
En conclusion, après les remerciements d’usage adressés aux assistants, aux organisations représentées et à la Municipalité qui nous a autorisés à nous réunir au Château :
« Bretons ! Et vous, tout particulièrement, NANTAIS, mes concitoyens, notre présence, en ce lieu et en ce jour prouve que le culte de la Bretagne et de ses héros est toujours vivace en nous.
S’ils étaient parmi nous, PONTCALLEC et ses compagnons seraient les premiers à réclamer, comme nous le faisons, le respect de la première des clauses du Traité de 1532, à savoir :
La non-violation de l’intégrité du territoire traditionnel breton et le retour à ce territoire de la Loire-Atlantique et de Nantes en Bretagne ! »
L'allocution était parue le 17 mars dans Presse-Océan, p.10.