Avec 80 spectacles dans la ville et en périphérie, un parc du Thabor avec des allures de festival d'été, le festival Mythos a fait vivre Rennes à l'heure de la parole.
Mythos est devenue une très grosse machine, qui mélange grands spectacles à forte affluence dans le parc du Thabor et petits spectacles intimistes comme celui de Michèle Bouhet et Antoine Compagnon, de la Compagnie de la Trace qui s'est joué dans la Péniche Spectacle sur la Vilaine.
Ils ont joué «les mangeurs d'aurore», un spectacle qui repose sur la parole d'une femme, minutieusement collectée, Renée Sarrelabout, toujours vivante, qu'elle a enregistrée dans sa maison de retraite.
Renée, «Nénette» va ainsi raconter sa vie, de ses exploits en vélo jusqu'à la naissance d'un bébé roumain dans le camp, matricule 84, toujours vivant aujourd'hui. Elle parle de la solidarité des femmes, de leurs petits actes de résistance au quotidien, et de la découverte de la poésie avec Aragon, Desnos, Prévert, que ses amies prisonnières lui ont fait apprendre parcoeur.
Le ton est simple, jamais dans le pathos, ou l'horreur. Un lever de soleil sur le camp, l'espoir et l'humour. Nénette à la libération oublie, se marie à un Gascon, a deux enfants. Mais le jour des dix ans de sa fille, elle la pèse, elle fait 29 kilos. C'est le poids que Renée pesait à sa sortie du camp.
Alors elle décide de témoigner, d'emmener des élèves à Ravensbrück, de raconter, de ne plus oublier. Et encore aujourd'hui lors de plusieurs représentations de la compagnie, elle s'est déplacée, s'est installée au premier rang, et à un moment imprévu de la pièce, elle s'est levée et a regardé le public en leur disant : «vous savez, ce qu'ils racontent, c'est vrai».
■