“Musique bretonne” de Roland BECKER et Laure LE GURUN

Chronique publié le 22/05/21 10:02 dans Musique par Gérard Simon pour Gérard Simon
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Couverture du livre "Musique bretonne" de Jean Becker et Laure LE GURUN
Joseph MAHE "Trema 'n Iniz - Vers l'île" Air 109 Musique bretonne au 18è Siècle-Becker

L’ouvrage que nous mettons à la UNE de Culture et celtie, l’e-MAGazine, fait partie de la collection « Les indispensables », éditée chez Coop Breizh.

Au sein de cette série, sont, en effet, à la même date, publiés :

- « Coiffes et costumes des Bretons », livre du régisseur de collection au Musée départemental breton, à Quimper, Jean-Pierre GONIDEC,

et

- « Danse bretonne », écrit cosigné du danseur, moniteur et musicien, Alan PIERRE et du professeur de lettres Daniel CARIO. (1)

Notre présente chronique porte sur le 3ème volume qui, dans le cadre d’une très corollaire et complémentaire approche thématique, raconte, lui aussi, l’épopée d’un pan majeur de l’histoire culturelle de la Bretagne, précisément, en matière musicale.

« Musique bretonne », tel est le nom de cet ouvrage condensé qui retrace l’histoire de la musique bretonne depuis le Moyen-âge, jusqu’à sa re-naissance dans les années 1970 et la création contemporaine.

Il s’agit d’une réédition revue et augmentée de l’ouvrage de même titre, édité, au format guide (11 x 21 cm), en juin 1994, parution qui était, déjà, une 2ème édition revue et corrigée de 119 pages.

Ce livre apparait, donc, comme un fondamental qui sait, par ses actualisations, s’inscrire dans les présents temporels successifs.

Cette nouvelle édition est publiée au plus proche format d’un livre de poche (13.5 x 18 cm), avec un nombre de pages porté à 208.

Ses auteurs sont : Roland BECKER et Laure LE GURUN.

En quelques mots et par courtoisie, nous vous présentons, en premier, et en reprenant, in extenso, la note de Coop Breizh, Laure LE GURUN.

Professeure agrégée de sciences sociales dans un lycée breton et passionnée par la société bretonne, Laure Le GURUN évolue, depuis plus de 30 ans, entre ces deux univers qu’elle mêle délibérément. Ses recherches sur les pratiques pédagogiques et sa volonté de participer à la mise en valeur de l’héritage culturel et musical breton se retrouvent dans ses travaux de toute nature (articles, ouvrages, scénographies, conférences).

Quant à Roland BECKER, comment oser vous le présenter, alors qu’il s’agit, d’une référante figure de tout premier plan dans la musique, la culture bretonne, largement connue de tous ?

Tout simplement, en reprenant, là, aussi, le portait, ô combien synthétique, brossé par Coop Breizh de ce très actif, érudit et influent musicien aux multiples talents et compétences, entre autre et initialement, sonneur de bombarde et saxophoniste.

Né à Auray (Morbihan) en 1957, Roland BECKER est sonneur de bombarde, saxophoniste, compositeur-arrangeur et chercheur. Il mène une carrière internationale et compte parmi les musiciens incontournables de la scène actuelle bretonne. En parallèle et depuis plus de quarante ans, il collecte, cherche, enregistre et écrit tout ce qui peut recomposer l’idée que l’on se fait de la musique bretonne.

Alan STIVELL, l’avait choisi, dès sa vingtaine d’années, aux côtés des talabarders Youenn SICARD, Dominique LE BOUCHER, Christian FAUCHEUR, membres du bagad Bleimor, pour l’enregistrement de son album concept, en deux disques 33 tours, titré « Symphonie Celtique - Tír na nÓg » et paru en décembre 1979.

L’année suivante, il confirmait le jeune et, déjà, excellent musicien en tant que sonneur soliste et penn-bombardes (directeur du pupitre), pour la création de cette œuvre celtico-orchestrale, au Festival Interceltique de Lorient, devant 12 000 spectateurs au stade du Moustoir.

Une expérience qui restera marquante pour celui qui, notamment, en 1998, fera revivre le fameux O.N.B., Orchestre National Breton (bombarde-biniou koz-tambour) et, au fil des années, aura enregistré plus d’une dizaine d’albums studio.

Ce livre apparaît comme une passionnante synthèse ethnomusicologique, nous insistons, accessible à tous, qui aborde, au fil du temps, et sous forme de quasi-articles, les pratiques, l’histoire, la description des instruments de musique bretons…

A chaque étape du « récit », le propos est étayé, documenté, par une sélection d’éléments discographiques qui vous incite à découvrir la musique bretonne et ses instruments par l’audition de morceaux et de musiciens de qualité.

En effet, en fin de nombreux chapitres, apparait, en caractères plus clairs, sous la notation « Ecouter : », alphabétiquement ordonnée, une liste de musiciens qui illustrent, plus particulièrement, l’aspect musical développé dans le corps du texte.

Quelles richesses, quelles références éclairées pour les amoureux de la musique bretonne que nous sommes, que vous êtes !

L’ouvrage prend des aspects de « bible », certes avec un « b » minuscule, mais un intérêt majuscule !

Côté iconographique, de très nombreuses et excellentes reproductions d’images d’archives et, bien sûr, de photographies contemporaines, viennent documenter, enjoliver, un texte, incontestablement fort dense, mais, à l’opposé de toute formulation didactique ennuyeuse et souvent ponctué d’un humour sous-jacent, se révélant plaisant, distrayant, lumineux, captivant !

Les talents passionnés et experts des deux auteurs se conjuguent, fort agréablement, se nourrissant l’un de l’autre pour, à leur tour, nourrir, mieux encore, notre curiosité et notre intérêt grandissants, au fil de notre lecture.

Nous vous conseillons une première lecture chronologique afin de mieux comprendre les « racines et les ailes » qui ont structuré, souvent en interférence avec le contexte social, sociétal du moment, la musique bretonne d’hier et forgé la musique d’aujourd’hui, en la faisant, notamment, transiter de l’univers rural vers le milieu urbain.

« Si la folklorisation hérisse aujourd’hui le traditionnaliste-puriste, elle n’en n’est pas moins à l’origine de la transition (réussie ?) d’une musique paysanne condamnée à disparaitre avec l’exode rural, vers un musique intégrée, mouvante, vibrante, urbaine » (Introduction page7).

« Musique bretonne » est d’avantage consacré à la musique de Basse-Bretagne qu’à celle de Haute-Bretagne. Les recherches ethnomusicologiques en pays gallo où l’on parle une langue romane, ni bretonne, ni française, sont relativement récentes (fin des années 70).

Additionné à ce manque historique, le complexe linguistique qui a découlé de cette différence, n’a souvent, pas facilité les recherches identitaires, donc musicales, pour cette partie orientale de la Bretagne.

Néanmoins les auteurs ont eu pour souci d’y intégrer, progressivement, l’état des connaissances acquises dans ce domaine pour cette région qui est, aussi, Bretagne…

« Musique bretonne » devrait s’orthographier « MusiqueS bretonneS », tant elles sont plurielles, puisque vocales ou instrumentales, se rapportant aux moments de la vie, avec ses chants de travail, de mer, à danser, à narrer, profanes, sacrés, de noces… et propres aux pays bretons, aux terroirs, à leurs subtiles subdivisions, allant parfois, jusqu’à l’ombre d’un clocher.

Chapeautant l’introduction, le dicton breton qui y est rapporté, résume bien cette diversité de richesses culturelles, musicales, chorégraphiques, vestimentaires.

« Kant bro, kant giz, kant parrez, kant iliz ».

(Cent pays, cent guises, cent paroisses, cent églises).

Amis, fidèles visiteurs qui nous faites l’honneur et le plaisir de fréquenter, régulièrement, nos pages en ligne, dédiées, en majeure partie à la musique, nous vous conseillons, plus que très vivement, d’acquérir cet excellent et pariculièrment attrayant ouvrage dont l’indéniable expertise des auteurs viendra, ô combien, fortifier, nos humbles mais, toujours, très sincères propos qui n’ont pour but que de relayer, tout en les contextualisant par quelques notations biographiques, musicales ou techniques, nos simples émotions liées à la sortie d’un nouvel enregistrement ou, humblement, ressenties pendant un concert ou un événement culturel.

Avec « Musique bretonne », vous y ajouterez les solides, rigoureuses et fondamentales connaissances d’un musicien spécialiste de renom à l'œuvre protéiforme et d’une agrégée de sciences sociales passionnée par la société bretonne.

Pour mieux appréhender la substantifique moelle et le ton de ce précieux recueil, nous vous proposons, d’en découvrir, ci-dessous, sa table des matières qui, vous le constaterez, ne manque pas de pétillantes et pittoresques formules.

Plus que jamais, excellente lecture !

Gérard SIMON

(1) Ces deux livres apparaissent dans notre rubrique LIVRES A RETENIR

Illustration sonore de la page : Joseph MAHE «Trema 'n Iniz - Vers l'île» Air 109 - Extrait de 01:03.

Album : Musique bretonne aux confins du 18ème Siècle - Roland BECKER (CD A RETENIR) .

D'après le manuscrit de Joseph MAHE (1768-1831) et l'œuvre d'Olivier PERRIN (1761-1832).

TABLE DES MATIERES DU LIVRE «Musique bretonne»

Introduction :

Haute-Bretagne et Basse-Bretagne.

La musique vocale — De la gwerz dz la transe.

La musique instrumentale — Plijadur dañsal.

Analyse musicale — Structures rythmiques et mélodiques.

Musique et société traditionnelle :

La grande occasion — Allons, sonnez sonneurs !

Les autres occasions — Jours de fête.

La fonction sociale du sonneur — Faiseur de bruit à entendre.

L’image du sonneur — Le sonneur noceur.

Sonneur, un métier — Ménétrier, vendeur de vent.

Le déclin des binioù —- De l'aire neuve au plancher ciré.

Les instruments :

Les instruments éphémères — L’herbe à musique.

Veuze et biniou — Les deux cornemuses bretonnes.

La bombarde — Une anche passe.

Binioù-bombarde — Le couple mythique.

La clarinette - Mod treujen-gaol.

Le violon — Pour conduire quelque danse.

La vielle à roue — L'organistrum breton.

Tarnbour — Battant !

La cloche — Omniprésente.

L’accordéon — Nouvel instrument du diable.

La harpe celtique.

L’ad0ption du bagpipe —- L'appel des Highlands.

La tradition paysanne devenue urbaine :

Régionalisme et revivalisme - A la recherche du temps perdu.

Le folklore breton — Le triomphe des biniouseries.

Les concours depuis 1881 — Les acrobaties du sublime.

Enregistrements — Du rouleau de cire au numérique.

L’invention du bagad — 10 000 sonneurs dans les villes.

Le fest-noz - Le chant après les champs.

Collectage — Mémoire vive.

Le phénomène Stivell des années 1970 — Source nouvelle.

Le temps des festivals — Folk celtic rock jazz world électro.

Transmission — Tradition orale ou trahison écrite ?

Création, fusion, métissage — Re-naissance.

Du Moyen Age au Nouvel Age :

Petite chronologie de la musique bretonne.

Bibliographie / notes.

Référence: 346867.

Editeur : COOP BREIZH (Voir site)

Auteurs : ROLAND BECKER LAURE LE GURUN.

Genre : Culture régionale et traditionnelle.

Présentation Broché à rabats.

Nb de pages : 208.

Dimensions : 13.5 x 18 cm.

Parution : avril 2021.

EAN 9782843468674.

© Culture et Celtie