Morgan Jenkins, un commando gallois de l'Opération Chariot mort à Saint-Nazaire

Dépêche publié le 6/07/10 17:53 dans Histoire de Bretagne par Hubert Chémereau pour Hubert Chémereau
https://abp.bzh/thumbs/18/18985/18982_1.jpg
Morgan Jenkins mort à 27 ans à Saint-Nazaire. Coll. David Tait son neveu.
https://abp.bzh/thumbs/18/18985/18982_2.jpg
Morgan Jenkins. Coll. David Tait.
https://abp.bzh/thumbs/18/18985/18985_3.png

À la demande du Centre de Recherche et Diffusion de l'Identité Bretonne, de Saint-Nazaire (CREDIB), David Tait a écrit une petite biographie de son oncle Morgan Jenkins. Ce courageux soldat gallois a donné sa vie pour la liberté. Lors de l'[[Opération Chariot]] le 28 mars 1942, il est tombé au combat en terre bretonne.

Le CREDIB, au nom de tous les Bretons reconnaissants pour le sacrifice de tant de Braves lors de ce raid, tenait à publier sur son site ce modeste hommage à Morgan Jenkins.

Trugarez bras deoc'h, Morgan

Mon oncle, Morgan Jenkins

Né en 1915, Morgan était le sixième des 7 enfants de Morgan et Mary Jenkins. Son père était poseur de rails dans la mine Ynisfaoi, à Treherbert, au sud du Pays de Galles. Dans son enfance, Morgan fréquenta les écoles de son pays. Brillant élève, il fut admis, pour sa scolarité secondaire, à la Grammar School de garçons du comté de Brecon. La mort de Morgan, à Saint-Nazaire, est consignée sur le Mémorial de la guerre de cette école.

C'était l'époque de la Grande Dépression, et, après avoir quitté l'école, Morgan, et sa famille presque au complet, partit à Londres pour y avoir du travail. Malheureusement, la famille proche de Morgan ayant maintenant disparu, j'ai peu de renseignements sur cette période de sa vie.

Toutefois, le suivi militaire de Morgan révèle qu'il était acheteur pour le compte de ce que je crois être un commerce de nouveautés en gros, à l'époque où il a rejoint l'Armée Territoriale, la «T.A.». Je me dois d'expliquer qu'au Royaume Uni, l'Armée Territoriale est une armée de volontaires concernant des civils qui souhaitent faire un entraînement militaire le soir, aux week-ends et pendant leurs congés.

Morgan s'engagea dans la London Rifle Brigade de la T.A., en 1937, quand on vit se profiler à l'horizon que la possibilité de la guerre avec l'Allemagne. À la déclaration de la guerre, il s'engagea dans l'armée. Simple soldat à son arrivée, il fut promu Sergent au cours des 5 mois qui suivirent. En avril 1940, Morgan fut affecté à la Independant Company N° 5, et y rejoignit des troupes françaises et polonaises pour la malheureuse expédition en Norvège. Il en revint en juin 1940. À son retour, il fut affecté au Special Services Battalion N°1, qui, par la suite, fit partie de la Commando Force, nouvellement créée.

En août 1940, Morgan épousa Doris Pooley. Il faisait alors partie du Commando N°2 commandé par Charles Newman. Il est clair que Newman tenait Morgan en haute estime. Il s'occupa de sa promotion afin de le faire sortir du rang pour qu'il devienne Second Lieutenant du Régiment Gallois.

À mon avis, Morgan se plaisait beaucoup dans les Commandos, où un homme est jugé selon ses capacités et son courage plutôt que selon le passé de sa famille et l'école qu'il a fréquentée. Son capitaine, Michael Burn (voir notre article), raconte dans son livre Turned towards the sun, qu'à l'occasion, Morgan retirait ses insignes d'officier, redevenait “un des boys”, et rejoignait ses vieux copains pour une soirée au pub.

Alors que la discipline dans les Commandos était plus souple qu'on pourrait s'y attendre dans l'armée, l'entraînement était exceptionnellement dur, et seuls les plus compétents étaient gardés. Une grande partie de l'entraînement se faisait dans l'ouest de l'Écosse. Morgan pouvait sans doute déborder de zèle. En effet, Peter Stanley, dans son livre Commando pour Colditz, raconte qu'ayant refusé d'être fait prisonnier lors d'un entraînement, Morgan reçut par inadvertance une balle dans la cuisse, tirée par l'équipe adverse. Je n'avais jamais su cela.

Les Commandos attendaient, pas toujours patiemment, de passer à l'action, et cela arriva enfin avec le Raid sur Saint-Nazaire. L'objectif primordial du raid était, c'est bien connu, de détruire les caissons de la «Forme Écluse Louis Joubert», ou [[Forme Joubert]], et la machinerie qui allait avec.

De plus, les Commandos devaient détruire les ponts reliant la ville de Saint-Nazaire à la zone des docks. Le rôle de Morgan était de mener une petite troupe d'hommes qui devaient défendre et protéger le groupe destiné à détruire «Le Pont de la Douane». La plus grande partie des hommes des Commandos fut transportée à Saint-Nazaire à bord de petites embarcations à moteur, en bois, les Motor Launches (M.L.). Morgan était à bord du M.L. 268 et, à l'approche de «L'ancienne Entrée», le bateau fut touché par le feu de l'ennemi. Le M.L. 268 prit feu et explosa, ce qui, malheureusement, provoqua la mort de Morgan et de ses hommes.

Sur les cinq, trois sont enterrés au Cimetière de La Baule-Escoublac. Deux, dont Morgan, n'ont pas de tombe reconnue, mais leur mort est consignée sur le Brookwood Memorial, au cimetière militaire de Brookwood, dans le Surrey, en Angleterre.


David Tait, mai 2010.

Traduction Yvette Daniel, du CREDIB


(voir le site) du CREDIB. Le 6 juillet 2010.


Vos commentaires :

Anti-spam : Combien font 3 multiplié par 1 ?