Caractéristiques du verger conservatoire d'Arzano : 22 ans d'âge, 50 ares, 250 pommiers greffés sur des porte-greffe M106, 120 variétés de pommes aux noms savoureux, quatre tonnes récoltées chaque année, pommes à cidre principalement. Et un guide, qui s'y connaît !
Jean-Pierre Roullaud de l'association «Arborepom» d'Arzano, fait visiter : il nomme chacune des pommes par son nom, en breton, en gallo ou en français, il fait sourire son auditoire.
Nombreuses sont les «Dous» (sucrée), reliées à la religion (la pomme de Judas, de Joachim, de Jérusalem, de Madeleine, du curé...), dues à un certain Bacon (une page entière dans le répertoire Crochetel de pomologie, manuel destiné aux élèves de l'école d'horticulture de Quimperlé en 1905.
Certaines variétés sont précoces et n'ont plus aucun fruit, d'autre se conserveront jusqu'en mai. Certaines permettent de faire un cidre tout de suite, d'autres de la compote, certaines sont indispensables à tout vrai cidre digne de ce nom.
La «Guillevic», la reine du cidre de Pont-Scorff (cidre transparent qui ressemble à du champagne) ne prend pas dans ce verger. D'autres pommes se plaisent, certains noms font rire, la “kignet fri” par exemple, qui signifie “nez écorché”.
Une variété de pomme n'existe que sur un rayon d'un kilomètre à Locunolé, elle n'a pas quitté son village : la «Gwen Penker diffon». Une Américaine s'est plue : «l'Ontario».
Jean-Pierre, collecteur infatigable, va créer bientôt un verger conservatoire à Lignol et à Concarneau ; il est en cours d'installation. Il a beaucoup appris des anciens, et eu pas mal d'aventures : après avoir greffé trois pommiers avec des variétés qui avaient des noms différents ... Il s'est aperçu qu'il s'agissait de la même.
Pas de traitements dans ce verger, un fauchage par an. Les animaux font leur travail, les poux de Saint José tachent les pommes de petits points violets, les guêpes raffolent des espèces les plus sucrées : la “Dous veg bris”, par exemple, à l'origine la “douce es vêques” (douce aux guêpes) en dialecte normand, devenue la douce évêque, puis la «dous veg» en breton (vêques vient de vespa: guêpes en latin).
Une pomme vient aussi de Normandie, apportée par M. Heuzé qui ne trouvait pas bon le cidre breton : il en a planté tout le long de la vieille route de Lorient à Carhaix en 1920. La route a disparu mais la pomme est restée, greffée par de nombreux amateurs.
Les anciens d'Arzano ont donné de nombreuses variétés, précisé les noms des espèces, aidé aux premières greffes. Et passent parfois ramasser la reine des pommes, la « Coxorange » (de Mr Cox, un homme qui avec dix pépins plantés au hasard, a fait pousser cette excellente variété). Il n'en reste plus aucune sur le pommier.
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