Mines d'uranium bretonnes : comment s'est passé l'entretien au Ministère ?

Interview publié le 7/10/10 22:17 dans Environnement par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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Bruno Chareyron de la CRIIRAD ; Chantal Cusnier de Sortir du Nucléaire Bretagne ; François Gael Rios et Patrick Boulé de Roz Glas.

Ils étaient quatre, trois Bretons des associations Roz Glas et Sortir du Nucléaire Cornouaille à faire le voyage à Paris. Un spécialiste de la CRIIRAD les accompagnait. Accueil très froid apparemment, et des fonctionnaires zélés montrant peu d'intérêt pour ces Bas-Bretons en visite dans la capitale ....


- Comment s'est passée votre entrevue ?

M. Laurent Michel, directeur de la Prévention des risques auprès du ministre de l'Écologie, et son collaborateur Nicolas Chanterenne, en charge des questions de sûreté nucléaire et de radioprotection, nous a reçus ce 6 octobre 2010 à 15 heures. La délégation était composée de 4 personnes, Bruno Chareyron pour la CRIIRAD, Patrick Boulé, François-Gael Rios et moi-même, Chantal Cuisnier pour l'association Roz Glas. L'entrevue s'est passé à l'Arche de la défense et a duré 1h 30. Les échanges ont été vifs à certains moments.


- Avez-vous eu le sentiment d'être écoutés ?

Le point important est que contrairement à 2005 où la DRIRE parlait de situation exemplaire, et qu'AREVA affirmait que la radioactivité était d'un niveau naturel, le ministère de l'Écologie a finalement reconnu les niveaux anormalement élevés de radioactivité sur le site de Roz glas, notamment sur le chemin de randonnée qui présente 20 fois le niveau naturel sur 500 m. L'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) a diligenté une mission en janvier 2009 suite à la publication du premier rapport de la CRIIRAD en juillet 2008. Pour le deuxième rapport de la CRIIRAD à Bubry de juillet 2010, ils ont reconnu n'avoir réalisé aucune mesure.

Nous avons plaidé pour qu'AREVA, l'exploitant nucléaire, ne soit pas seul à faire les mesures en raison des conflits d'intérêt évident et pour une reconnaissance des missions de service public que les associations citoyennes ont mené depuis plus de 2 ans sur l'environnement des anciennes mines d'uranium. Répondant par la négative, le représentant de l'État a considéré que l'industriel AREVA et l'IRSN (Institut de radioprotection de sûreté nucléaire) représentaient des garanties suffisantes et nous à renvoyé auprès des services de l'État en Région pour une hypothétique demande de moyens.

Cela fait 2 ans que Roz Glas a publié l'information, tenu des réunions publiques et nous sommes stupéfaits qu'un directeur de la prévention des risques n'ordonne pas immédiatement pour ces 2 sites concernés, dont la situation est avérée et reconnue, une mise en sécurité immédiate avec un affichage et laisse prendre au public, à son insu, des doses radioactives non négligeables.


- Que va-t-il se passer maintenant pour les sites contaminés ?

Rien du côté des autorités avant avril 2011 où AREVA, après de coûteuses missions en hélicoptère, doit rendre son rapport. Nicolas Chanterenne considère que les éventuelles décontaminations seront décidées au cas par cas suivant des critères qui ne peuvent être déterminés actuellement. Aucun échéancier n'a été évoqué.

Une entrevue avec la DREAL Bretagne à l'échéance d'un mois a été proposée par Laurent Michel.


- Et Roz Glas, votre association ? Quelles actions compte-t-elle mener à l'avenir ?

Les mesures ont montré de façon objective qu'il y a des situations d'abandon de déchet radioactif dans des lieux fréquentés par le public (sentiers touristiques, bords de route, propriétés privées...) où des personnes séjournent fréquemment et sur lesquels le préfet devrait ordonner une intervention. Les maires et les particuliers doivent savoir qu'à partir de 2018, c'est à eux qu'elle incombera s'ils n'ont pas obtenu d'AREVA auparavant la mise en sécurité des sites ainsi que leur décontamination.

L'association Roz Glas se réunira pour décider des actions à suivre. Chacune de nos investigations confirme le besoin d'information, de vigilance et de veille citoyenne. L'association n'exclut pas des actions juridiques envers AREVA et les pouvoirs publics si, face à des situations objectives de contaminations radioactives, la seule proposition est de ne rien faire en attendant un «bilan» du pollueur.


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