Déterminés, ils l'étaient, les manifestants. Beaucoup d'entr'eux rêvaient de se heurter avec les forces de l'ordre. Mais pour cette manifestation non autorisée, la police a dû avoir des ordres de ne pas provoquer, et de ne pas être violente. Elle a su les suivre. Les heurts ont été réduits au minimum.
Fin de matinée, l'ambiance est plutôt tendue dans le centre de Nantes. Les CRS et les gendarmes mobiles se positionnent, par centaines. La manifestation organisée par la collectif « février 2015 » rassemble peu. Postés près d'une ruelle non loin du commissariat cours Olivier de Clisson, celui-là même qui avait été la cible de manifestants il y a juste un an (voir notre article), nous observons des dizaines de CRS préparant leurs flash-ball, une dizaine, en civil, vérifiant le contenu de leurs sacs à dos, et nous constatons un étrange ballet vers une fourgonnette banalisée (voir photo, hélas, d'autres photos plus explicites prises à la dérobée sont trop floues). Bref, la police se prépare.
Elle sait que les manifestants contre les violences policières sont déterminés, et elle a raison. Sous les slogans de « policiers assassins », ils sont environ 2 000 à défiler. Il ne s'agit vraiment plus de la manifestation qui commençait bon enfant le 22 février 2014 contre le nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Non, il s'agit bien d'une manifestation contre les violences policières. Les participants, du coup, ne sont pas les mêmes. Pas ou peu d'écologistes, quelques bonnets rouges, partis très rapidement, sentant que ce n'était pas une manif pour eux, pas de gwenn ha du. La moyenne d'âge est jeune. Très jeune.
Des policiers comme des gendarmes : mobiles
A la fin d'un premier circuit, passant près de la Préfecture, le groupe de manifestants se retrouve une première fois non loin de l'hôpital, et harcèle les forces de l'ordre. Celles-ci répliquent par des canons à eau et quelques charges. La manifestation, de plus en plus légère, fait un autre petit circuit sur les quais et revient vers l'hôpital. Selon le cheminement des manifestants (alors environ 200), les forces de l'ordre très mobiles se déplacent via des rues adjacentes, par dizaines de cars. On observe alors un étrange jeu, de mouvements et de pauses, où il y a toujours des heurts. La police aurait deux blessés légers (de nombreux cailloux volaient). Rapidement, on comprend bien la tactique policière, consistant à bloquer les manifestants le long de l'hôpital, en leur laissant une issue, vers le double pont du général Audibert. Ainsi, ils se retrouvent progressivement repoussés vers l'Île de Nantes, où les échauffourées s'arrêteront, les derniers manifestants se dispersant.
Un an auparavant, les policiers se lâchaient contre les manifestants, tout en laissant faire de nombreux casseurs qui avaient très sérieusement saccagé le centre de Nantes, biens publics ou commerces. En revanche, aujourd'hui, la fermeté a été affichée, mais les troupes ont su garder leur calme. Ils n'ont toutefois rien laissé faire. Il faut dire que depuis l'année dernière, il y a eu le drame de Sivens. Face à des manifestants, dont il est flagrant que bon nombre voulaient en découdre, le Gouvernement a sûrement du faire passer des ordres de maîtrise. Rendons-lui cette fois-ci pour une fois hommage, ainsi qu'aux forces de l'ordre, elles ont su éviter le pire.
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