Le Conseil constitutionnel vient de retoquer la loi Molac sur deux points fondamentaux, rendant l’enseignement immersif, pratiqué à Diwan depuis des décennies, inconstitutionnel et empêchant qu'on nomme nos enfants, en Bretagne et ailleurs, avec une orthographe usitée depuis des siècles dans les «territoires».
En agissant ainsi, cette République confirme être en marge de l'ensemble des démocraties européennes qui, elles, ont ratifié la Charte des Langues Minoritaires. Cette République française autorise également qu'une loi votée par les élus du peuple soit vidée de sa substance par des personnes non élues, mais nommées par le pouvoir.
Ainsi ce Conseil constitutionnel apparaît tel qu'il est : une officine chargée de s'assurer que tout l'Hexagone continuera de parler uniquement une langue compréhensible des Parisiens, subissant ainsi ad nauseam les caprices du pouvoir le plus centralisateur d'Europe. Une hérésie amère quand on sait que ce monolinguisme mortifère a paradoxalement amené les citoyens de cette république sans imagination à écrire et à parler de plus en plus mal la langue unique.
Il est important de rappeler également, en Bretagne, que la liste Burlot aux Régionales est soutenue par la majorité à l'origine de la saisine du Conseil constitutionnel, exercée au nom de députés LREM et Modem.
Frank Darcel, président de Breizh Europa
Caroline Ollivro, porte-parole de Breizh Europa
■LEGALIZE BREZHONEG !
«Le Conseil Constitutionnel a fait une erreur». A ce stade ce n'est plus de la naiveté !
Et vous, votre élection En Marche, ce n'est pas une erreur ?
Pour raviver les mémoires, après les 200 ans de Napoléon ses «bons» côtés et ses mauvais comme l'esclavage, il serait important que les 150 ans de la Commune de Paris soient évoqués avec les grandes lois sociales,familiales populaires.
Il serait encore plus important de communiquer sur l'armée bretonne sacrifiée au camp de Conlie en Sarthe lors de la guerre 1870/1871.
Les trahisons de Gambetta et ses et les dizaines de milliers de morts.
Les Bretons devraient faire un rappel historique et intervenir sur les antennes médiathiques.
Je suis navré que nous ayons encore échoué, mais ce combat qui dure depuis si longtemps est inégal, c'est un peu comme celui d’une hermine contre un mammouth. Sache que malgré tout, nos luttes n’ont pas été complètement vaines jusque là, nous avons contribué à créer une Bretagne meilleure et plus agréable à vivre.
J’ai grandi dans les années 80 et 90 à Loudéac. Loudéac, Loudia, Loudieg, Loc’haog, une telle diversité de noms pour une petite ville alors si fade. Le maire socialiste de l’époque s’était opposé à l’implantation d’une école Diwan dans notre ville. Pour lui, la culture se résumait à l’ouverture d’un nouveau complexe sportif ou à l’invitation de Michel Lebb ou de Michel Sardou au Palais des congrès, dans la continuité de la culture populaire française cathodique. On s’ennuyait alors comme des rats morts. Il n’est pas étonnant que nous étions tant de jeunes à picoler, à nous droguer et à nous suicider, un peu comme les Indiens d'Amérique. Déjà à l’époque, ils voulaient que nous eussions préféré La Chance aux chansons aux festoù-noz, Bo le lavabo de Lagaf à Koat-houarn ha Fañchig Bihan de Barzaz, La queuleuleu de Bézu et la Classe plutôt qu’Ar Vro Bagan. C’était une époque très éprouvante. Et puis voilà qu’en 1992, ils modifièrent l’article 2 de la Constitution française, soi-disant pour enrayer l’anglicisation de la langue française. Tu auras remarqué que pourtant aujourd’hui l’anglais se porte bien à la télé avec tous ces “Oh, my God”, jusqu’au nom ringard de Johnny Hallyday, summum de la beaufitude, recevant les “hommages populaires de la République”, une première pour l’occasion... Que dire de “The Voice” et toutes ces chansons en anglais avec comme jury cette mafia oligarchique nihiliste, contribuant à tuer la créativité populaire saine.
Alors que toi Fañch, ton nom donc ton identité est vu comme une menace pour la nation, ils ne réalisent pas que ces monstruosités “culturelles” françaises sont le vrai danger. Ils voient la langue bretonne comme déviante mais dans le même temps ne s’offusquent pas que tes grands frères et grandes sœurs puissent être amenés à regarder La Villa des Anges ou les Marseillais à Dubaï.
Et puis, on réalisa avec écœurement que nombre de ces tristes décideurs qui nous méprisaient tant étaient loin d’être exemplaires. Charles Pasqua était mouillé dans des affaires politico-financières, Frédéric Mitterrand forniquait avec des mineurs à l'autre bout du monde ou encore François Fillon le grand anti-Nantes en Bretagne, volait l’argent des citoyens.
Lorsque j’étais jeune encore, nos détracteurs nous demandaient souvent si nous ne craignions pas de nous replier sur nous-mêmes en voulant sauvegarder la langue bretonne. Sachant que je découvris les cultures kabyle, kurde, wolof, arabe etc. par le biais de mon militantisme, je pouvais répondre que non. Changement d’époque, changement de mœurs, les mêmes nous reprochent aujourd’hui notre ouverture sur le monde, sur l’Autre. Ils nous traitent de «bisounours», de biens pensants. Mais qu’il y a-t-il de mal à penser le Bien ? Veulent-ils que nous abandonnions notre langue, notre identité bretonne en même temps que nos valeurs humanistes et notre rejet du racisme ? Ainsi, pendant que l’on assiste à la pélicanisation de nos noms de lieux, on est les témoins impuissants de la rhinocérisation à la Ionesco de la France : Robert Ménard, fondateur de Reporters sans frontière, l’avocat Gilbert Collard, Jean-Pierre Pernaut et ses reportages sur les derniers fabriquants de capotes en peaux de chamois, Bigard “le roi des beaufs”, Guillaume Seznec, Michel Barnier, plus de la moitié des policiers de France etc, etc, etc… tombent comme des mouches dans la gueule de l'extrême droite. Que dire des médias qui préfèrent donner généreusement la parole à des racistes décomplexés plutôt qu’aux Bretons démocrates. En plus de CNews, il y a Touche pas à mon poste, le nom de cette émission se veut sans doute un clin d'oeil à Touche pas à mon pote et pourtant ils invitent des Messiah et autres Montel qui eux tapent sur nos potes. En gros, tu peux être un facho en France, c'est même cool mais si tu mets un tilde sur ton nom, ça ne va plus ! N’oublie jamais Fañch que Marine Le Pen dansa des valses avec des néo-nazis et qu’elle veut bien de la langue bretonne mais dans la sphère privée, entre les quatre murs bien insonorisés de nos maisons, au même titre que les soirées trop arrosées ou les partouzes…
Mais t’inquiète Fañch, nous continuons le combat !
Et question subsidiaire: Dans votre réponse à Fañch, dont nous n'avons pas la question posée, quel est le combat que vous continuez?