Levée de boucliers contre l’extraction de lithium à Tréguennec

Chronique publié le 23/02/22 11:25 dans Environnement par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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réserve Natura2000 de Trenvel au nord de la commune de Tréguennec.
Débat au conseil régional de Bretagne sur l’extraction du lithium en zones protégées (53 vues)

La secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba, était en déplacement dans le Finistère au Pays bigouden le 9 février dernier. Au fin fond de la baie d’Audierne, elle s’est promenée dans les dunes d’un des endroits les plus grandioses, les plus magnifiques et aussi un des mieux préservés du littoral breton (aucune résidence secondaire n’y a été construite). Mais la secrétaire d’État est aussi venue visiter un énorme gisement de lithium sur la commune de Tréguennec au lieu dit Prat-ar-C’hastel. Ce métal est une sorte d’or blanc très convoité qui sert à la fabrication des batteries que l’on trouve aujourd’hui partout : dans nos téléphones portables et dans nos voitures électriques.

La collision des enjeux

En bordure de la commune de Tréguennec se trouve le site Natura 2000 de l’étang de Trunvel. Presque au même moment, l’ensemble du sud de la baie d’Audierne, des dunes et des paluds, est devenu une réserve naturelle depuis un vote d’orientation du budget lors de la session du Conseil régional de la région Bretagne en décembre 2021. Prat-ar-C’hastel est aussi un site archéologique puisque qu’on y trouve en bordure de l’ancienne carrière un très rare cimetière préhistorique avec des caveaux datant du néolithique. L’endroit est parsemé de sites mégalithiques.

Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) avait publié en décembre 2018 un rapport complet sur les gisements de lithium en Europe où l’on parle de Tréguennec comme d’un gisement important. Le gisement a été découvert en 1977 via la simple observation au microscope du granite à métaux rares que l’on trouve sur les parois d’une ancienne carrière inondée au lieu-dit Prat-ar-C’Hastel sur la commune de Tréguennec. La carrière est à quelques encablures de l’ancien concasseur de galets que les Allemands avaient construit pour fournir le gravier du mur de l’Atlantique. Le BRGM a en fait découvert deux gisements, celui de Prat-ar-C’hastel qui fait 1,7 km de long sur la commune de Tréguennec et un autre à Tréluan, plus petit, sur la commune voisine de Plonéour-Lanvern. Des terres rares ont aussi été découvertes au Guilvinec.

A la différence des gisements au Chili qui sont liquides, des saumures, les gisements en Europe comme à Prat-ar-C’hastel sont principalement du solide, de la roche. L’oxyde de lithium se trouve dans du granite à métaux rares. Les procédés d’extraction du lithium dans de la roche sont extrêmement complexes et ne semblent être vraiment maîtrisés que par les Australiens et les Chinois. Les plus gros gisements de lithium en Europe seraient au Portugal et en Espagne avec un gros gisement en Irlande. En France, les gisements sont en Auvergne et en Bretagne.

Un gisement de lithium à 3 milliards d’euros

Le rapport parle de 8,5 millions de tonnes de minerai pour Tréguennec pouvant donner 66 300 tonnes d’oxyde de lithium, soit au final 30 800 tonnes de lithium métal. Effectivement, ça fait beaucoup de batteries. L’extraction commence par des procédures brutales : dynamitage à ciel ouvert et concassage mais se suivent des tas de procédures chimiques, magnétiques pour extraire le fer, gravité, centrifugation, décantation, filtration, etc. D’autres métaux rares sont aussi extraits du minerai. Au 1er janvier 2020, le carbonate de lithium valait 45 000 euros la tonne à la vente. En supposant que la tonne d’oxyde de lithium ait un prix similaire, le gisement de Tréguennec aurait une valeur de 3 milliards d’euros (sans compter les autres métaux comme l’étain, le tantale et le béryllium).

Suite à la visite de la secrétaire d’Etat, un groupe public a été créé sur le réseau Facebook intitulé LITHIUM à TREGUENNEC ? NON , MERCI !!! qui a rassemblé près de 8000 personnes en quelques jours. Tout le monde est conscient des enjeux. Une formidable collision se prépare entre la préservation d’une perle du littoral breton, un patrimoine naturel qui est notre héritage à tous et des enjeux économiques et d’indépendance énergétique d’une importance capitale. Le gouvernement a fait des appels d’offres pour l’extraction du lithium en France... Pour stopper tout ça, il faudra plus qu’un petit groupe sur Facebook !

Un collectif organise une manifestation samedi à 14 heures devant la mairie de Tréguennec.

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Vos commentaires :
Penn Kaled
Vendredi 15 novembre 2024
Dans la situation actuelle une exploitation de ce site serait un pillage d'une ressource bretonne et un saccage environnemental ,il y a des précédents dans le genre .En Serbie la mobilisation de la population a fait échouer récemment un projet du même genre .Maintenant si une autorité bretonne serait diligente ,une exploitation raisonnée serait à étudier ..Sans défendre les carburants fossiles ,il y a déjà des éléments qui démontrent que le bilan de la voiture électrique est loin d'être vertueux ,en plus son autonomie est limitée .On a trop rapidement abandonné les possibilités d'amélioration du moteur diesel en matière de rendement et diminution de la pollution alors que l'o n était sur la bonne voie .C'était la bonne solution en attendant que les motorisations à hydrogène soient au point et se démocratisent .

Emilie Le Berre
Vendredi 15 novembre 2024
Ben ? Je croyais que les bretons étaient majoritairement favorable aux énergies renouvelable, non ? C'est bien ce qui est dit dans le sondage Voir le site

Sabine Arndt
Vendredi 15 novembre 2024
Le miracle jusqu‘à maintenant accompli de conserver cette partie de la còte bretonne, le Trunvel, les sites ornithologiques ( maison de la baie d‘Audierne etc) et l‘ensemble naturel entre St. Guénolé et Audierne serait complètement menacé par ce projet. Pour ne pas parler de la totalité de l‘identité bigoudène, un bien culturel français. Sa valeur pour l‘attractivité de la Bretagne, ce paysage unique, serait sacrifié pour l‘extraction d‘un produit qui ne promet que des revenues rapides.
Détruire un des derniers sites naturels sur la còte bretonne pour un produit dont on ne sait même pas si ça sert à plus qu‘une courte durée, en faveur d‘une industrialisation définitive et irréversible pour la production de batteries dont on sait déjá que cela est éphémère ?
Transformer encore un paysage singulier en un faubourg industrialisé?
Non merci, plutòt investir dans des solutions durables, renovables et conserver un de ces derniers bouts du monde presque intactes .
Répéter et approfondir les fautes que la 2 iéme guerre qui a déjà laissé ces traces sur la plage qui heureusement sont en train de disparaïtre?
Continuer avec l‘avidité de l‘homme au détriment de la nature?

Emilie Le Berre
Vendredi 15 novembre 2024
Au sujet de la Serbie, comme évoqué par Penn Kaled, je ne résiste pas. C'est peut être sans rapport, mais on peut le mentionner à tout hasard. Il se trouve, ô coïncidence, que le chef de cabinet du Premier ministre australien, John Kunkel, est venu de la multinationale minière Rio Tinto, où il était lobbyiste institutionnel. Or il se trouve que ces derniers mois, la mine de lithium que Rio Tinto voulait ouvrir en Serbie a soulevé une opposition colossale. Il se trouve aussi que Novak Djoković, sans se mêler de politique, a soutenu cette opposition au nom de l'envirronement. Il se trouve encore, accessoirement, que cette tête à claques de Morrison a déjà été interpellé par la presse australienne pour son manque de … disons… réactivité face aux abus de Rio Tinto. Cela évidemment rien à voir avec l'arrestation arbitraire de Djoković à son arrivée en Australie. Néammoins, il est fort probable qu'après cet incident diplomatique, la vorace corporation australienne pourra se mettre son filon de lithium au ... .
Bien que tout un ramdam dans la presse au sujet de ce tournoi de tennis, jamais cet aspect n'a été abordé.

Novax Djocovid


Sabine Arndt
Vendredi 15 novembre 2024
Le miracle jusqu‘à maintenant accompli de conserver cette partie de la còte bretonne, le Trunvel, les sites ornithologiques ( maison de la baie d‘Audierne etc) et l‘ensemble naturel entre St. Guénolé et Audierne serait complètement menacé par ce projet. Pour ne pas parler de la totalité de l‘identité bigoudène, un bien culturel français. Sa valeur pour l‘attractivité de la Bretagne, ce paysage unique, serait sacrifié pour l‘extraction d‘un produit qui ne promet que des revenues rapides.
Détruire un des derniers sites naturels sur la còte bretonne pour un produit dont on ne sait même pas si ça sert à plus qu‘une courte durée, en faveur d‘une industrialisation définitive et irréversible pour la production de batteries dont on sait déjá que cela est éphémère ?
Transformer encore un paysage singulier en un faubourg industrialisé?
Non merci, plutòt investir dans des solutions durables, renovables et conserver un de ces derniers bouts du monde presque intactes .
Répéter et approfondir les fautes que la 2 iéme guerre qui a déjà laissé ces traces sur la plage qui heureusement sont en train de disparaïtre?
Continuer avec l‘avidité de l‘homme au détriment de la nature?

Michel Bernard
Vendredi 15 novembre 2024
Notre partenaire «eaux et rivieres de bretagne »sera le meilleur coordinateur pour le combat juridique et populaire pour s 'opposer a ce massacre environnemental ,la visite de cette obscure secrétaire d 'etat macroniste ressemble a celle d' une fouine venant évaluer le contenu d un poulailler,il faut mettre la pression sur le conseil regional et departemental et sur les communes du secteur,qui nous suivront, vous aurez l' appui de l 'association agréée «terres et rivieres »qui reunit la vendee ,la loire atlantique ,et le maine et loire, ce sera a l 'ordre du jour de la prochaine reunion

Sabine Arndt
Vendredi 15 novembre 2024
Le miracle jusqu‘à maintenant accompli de conserver cette partie de la còte bretonne, le Trunvel, les sites ornithologiques ( maison de la baie d‘Audierne etc) et l‘ensemble naturel entre St. Guénolé et Audierne serait complètement menacé par ce projet. Pour ne pas parler de la totalité de l‘identité bigoudène, un bien culturel français. Sa valeur pour l‘attractivité de la Bretagne, ce paysage unique, serait sacrifié pour l‘extraction d‘un produit qui ne promet que des revenues rapides.
Détruire un des derniers sites naturels sur la còte bretonne pour un produit dont on ne sait même pas si ça sert à plus qu‘une courte durée, en faveur d‘une industrialisation définitive et irréversible pour la production de batteries dont on sait déjá que cela est éphémère ?
Transformer encore un paysage singulier en un faubourg industrialisé?
Non merci, plutòt investir dans des solutions durables, renovables et conserver un de ces derniers bouts du monde presque intactes .
Répéter et approfondir les fautes que la 2 iéme guerre qui a déjà laissé ces traces sur la plage qui heureusement sont en train de disparaïtre?
Continuer avec l‘avidité de l‘homme au détriment de la nature?

Yvan bernabin
Vendredi 15 novembre 2024
On proteste contre l'inaction du gouvernement et on refuse de regarder la vérité en face. Actuellement nous importons le lithium de Bolivie ou d'Australie. En quoi est ce plus écologique ?
Nous sommes un pays réfractaire au changement et cela continuera jusqu'à la fin...

Le Roy Loic
Vendredi 15 novembre 2024
Je me rappelle quand Jacques Calvet PDG de PSA s'était insurgé contre l'adoption du pot catalytique car d'autres systèmes de dépollution étaient à l'époque validés en Californie en Suède et en Suisse . Devant l'egemonie germanique qui a voulu imposer sa technologie (Bosch) il a fallu se plier au niveau européen et laisser l'exploitation des métaux rares au bénéfice des actionnaires !!!
D'autres concepteurs de systèmes d'injection ont été écartés comme Marelli et solex!!
D'autres sociétés comme Alsym Energy effectue des travaux sur des batteries sans lithium,ni cobalt et sans nickel !!
En France une société travaille au développement de supra condensateurs qui utilisent de l'aluminium et du carbone.
Bien d'autres sociétés font de la recherche mais le lobbying du lithium essaie de s'imposer comme a l'époque des métaux rares des pots catalytiques !!!
Se rappeler que les meilleurs moteurs thermiques ont un rendement de 30 à 35% ,le reste se disperse entre l'eau de refroidissement,l'huile,le rayonnement de l'échappement,et les frottements,donc pour 1kg de carburant dont on n'utilise que 30% les taxes sont de l'ordre de 70% !!!Quel bilan !!!!!
En 1900 Ferdinand Porsche a construit des véhicules hybrides équipés de roues moteurs électriques sur le train avant ''wheel drive'' avect une autonomie de 200km et une vitesse de 60 km/h . Michelin dans les années 80 a développé une roue moteur très évoluée et Ford fait des essais sur le même principe !
Roues moteurs en propulsion, 2roues avant entraînant par cardans 2 générateurs ,le tout alimenté par des supra condensateurs asservi par un système de régulation adapté nous aurions un rendement de plus de 80% et dans un proche avenir un véhicule autonome en production d'énergie !!

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