Monsieur le Préfet,
Vous voulez nous donner des leçons de démocratie en affirmant que la pétition « Alsace, retrouve ta voix » est illégale.
Je crois comprendre que vous n'avez pas du tout compris l'objet de cette initiative citoyenne.
Par contre ce qui est qui est illégal, un déni de démocratie ou tout simplement immoral c'est :
1) De ne pas respecter l'article 5 de la charte européenne de l'autonomie locale.
2) D'interdire une pétition citoyenne pendant les élections.
3) De violer le principe de subsidiarité prévu dans le traité de Lisbonne
4) De ne pas vouloir entendre les alsaciens qui sont majoritairement opposés à la disparition de leur région.
5) De prendre en compte une loi adoptée par seulement 95 voix sur 577 (Mais où étaient les autres ?)
N'est-il pas dans le fondement des valeurs républicaines que le peuple soit écouté ?
Nous vous le demandons Monsieur le Préfet.
Sincères salutations.
Les Alsaciens Réunis.
Dell'Era Sébastien et Frédéric Turon
■Ajoutons, pour remettre les pendules à l'heure, que l'Institution Préfectorale, directement aux ordres du Pouvoir Central, est une survivance napoléonienne autoritaire, du reste unique en Europe démocratique, dont Napoléon lui-même regrettait à la fin de sa vie de ne pas l'avoir supprimée, une fois les urgences passées.
Dans une République Fédérale comme l'Allemagne de l'après-guerre, les Assemblées d'élus des différents niveaux se sont substituées à l'autorité des «Gauleiter» nommés par le sommet à l'époque hitlérienne. On reconnaitra qu'entre l'élection d'un personnage d'autorité par le Peuple ou la nomination d'un autre par le Pouvoir Exécutif il y a deux pôles de conception de l'Etat.
Chez nous - et bien entendu toutes choses étant égales par ailleurs - ce schéma type «Gauleiter» ou «Gouverneur» s'est maintenu par la préfectorale, doublonnant nos assemblées départementales et régionales sans grande protestation citoyenne. C'est bien connu : nous avons les moyens et une couche bureaucratique de plus, cela fait partie du génie national !
Et pourtant, même s'il obéit à présent à un pouvoir démocratique et non dictatorial (ce qui fait quand même une différence fondamentale), sa survivance ainsi que son coût devraient faire l'objet d'une profonde remise en question dans le cadre de l'indispensable reconquête démocratique qui reste à faire.