Monsieur Le Directeur
Votre courrier, adressé à l'un de vos « clients » :
« Votre facteur a constaté des anomalies dans la rédaction de l'adresse des correspondances qui vous sont destinées, ou qui sont destinées à l'une des personnes de votre foyer. Or, nous vous rappelons qu'une adresse inexacte ou incomplète est susceptible d'entraîner un retard dans la distribution de votre courrier, voire un retour à l'expéditeur.
Pour assurer la qualité et la régularité de la distribution de votre courrier et de celui des membres de votre foyer, La Poste vous propose de communiquer le libellé exact de votre adresse - tel que rédigé sur l'imprimé joint au présent courrier - aux seuls organismes (entreprises,associations, commerces, administrations etc. ) qui disposent de vos coordonnées sous une forme imprécise et qui en feraient la demande auprès de La Poste.
De votre côté, je vous invite à faire connaître votre adresse exacte à vos relations.
Si vous êtes d'accord avec cette démarche, merci de bien vouloir en informer La Poste, en procédant de la manière suivante:
- compléter le document joint (cadre « À compléter par le client »), le signer (cadre «signature du client »), le plier et le retourner à La Poste, dans l'enveloppe ci-jointe à l'adresse indiquée sans l'affranchir.
Nous vous remercions de votre confiance.
Le Directeur du Service National de l'Adresse ».
C'est ainsi, en vous déchargeant sur le facteur, - il a bon dos le “pôvre” ! Ce en quoi d'ailleurs, il faudrait nous le prouver - vous enjoignez, fort civilement à l'un de vos “clients”… “s'il en est d'accord” de rectifier son adresse « dans la forme exacte » : sous-entendu… la vôtre, monsieur. Celle que vous estimez être la “bonne” à savoir, celle qui correspond à l'uniformisation totale et absolue, voulue par la république française en tout domaine, de Dunkerque à … Tamanrasset… Oh ! Désolée. Je crois qu'il y a eu un petit changement quant à l'emprise coloniale géographique… Et figurez-vous, que depuis ce petit changement, il y en a eu un autre : nous sommes entrés en Europe dans le cadre de laquelle les citoyens européens de langues minoritaires, les Bretons en l'occurrence, même si l'État français ne nous reconnaît pas, ont des droits culturels et une Charte. Certes, en bon donneur de leçon, l'État français exige des autres pays européens l'application de celle-ci alors que lui-même ne l'a pas ratifiée… mais, c'est dans les starting-blocks ! Promesse de campagne du président Hollande.
Aussi, au risque que vous ne soyez au parfum - et à la Poste cela ferait un peu désordre - les droits culturels des minorité linguistiques font partie des droits de l'homme… Il y a donc urgence pour l'État français de se mettre en règle et à la Poste de se préparer au respect de ce droit… mais déjà bien respecté en Bretagne : car s'il avait fallu traduire toutes les adresses y existant depuis des siècles, vos services auraient eu du boulot ! De plus, parfaitement stérile, car chez nous, nous savons lire les noms de nos lieux-dits, sans problème.
Cependant, à votre insu sans doute, les choses évoluent : à Carhaix - 29270 Karaez - en cette bourgade d'irréductibles Bretons bretonnants, vos services se sont mis au goût du jour et toutes les informations sont affichées en bilingue - breton-français -.
Aussi, votre « client », nous a fait part de son étonnement quant à votre demande car il trouve son adresse on ne peut plus exacte. D'où les raisons de ce courrier qui se veut tout à fait amical et conciliant.
Ceci pour vous remercier de votre sollicitude, Monsieur le Directeur du Service National de l'Adresse, ainsi que le service public que vous représentez.
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