Monsieur,
Lors de votre premier meeting de campagne, le 13 septembre dernier en Alsace, vous avez déclaré que si les Alsaciens voulaient un autre statut pour l’Alsace, c’était à eux d’en décider.
« C’est aux Alsaciens d’en décider ! », cette courte phrase sonne comme une reconnaissance explicite de l’existence du peuple alsacien, que le Premier ministre, Manuel Valls, a insulté et profondément blessé en prétendant le contraire. « Il ne faut pas que Paris impose sa vision jacobine au reste du territoire » avez-vous encore ajouté. Enfin, l’Alsace est, selon vous, « une région exemplaire ».
Alors les Alsaciens vous prennent au mot, encore faut-il qu’ils puissent décider pour eux-mêmes au moment où ils ont été privés, dans un déni de démocratie sans précédent en Europe, de toute possibilité de s’exprimer, et ils vous posent cette question simple :
Si vous êtes élu Président de la République, rendrez-vous aux Alsaciens le droit de décider pour eux-mêmes, comme le prévoit la Charte européenne de l’autonomie locale, violée par la France ? En d’autres termes, organiserez-vous un référendum sur la question d’un statut de région pour l’Alsace, qui pourrait s’inspirer de celui de la Corse ?
85 % des Alsaciens sont opposés à la fusion des régions selon un sondage d’octobre 2015, plus de 117.000 d’entre eux (plus de 9 % des électeurs inscrits sur les listes électorales, un score sans précédent en France) ont signé la pétition papier « Alsace, retrouve ta voix ! » contre la fusion des régions, et en faveur d’un statut expérimental. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Comme vous le savez, le retour de l’Alsace en tant que région figure au programme du Front National. Comme vous le savez, Philippe Richert, président du « Grand Est », qui a ouvertement trahi les Alsaciens et s’oppose à un retour de l’Alsace, soutient votre principal adversaire à la primaire, Nicolas Sarkozy.
Donner des gages sincères et concrets aux Alsaciens, c’est aussi vous assurer leur soutien. Il vous appartient donc de prendre des engagements par écrit, clairs et sans ambiguïté afin de ne pas leur donner de fausses illusions, mais au contraire un réel espoir de pouvoir effacer l’affront de la réforme territoriale, en vue d’un retour effectif de l’Alsace au rang des régions françaises, un statut qu’elle n’aurait jamais dû perdre.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos sincères salutations.
Pour les Alsaciens Réunis, le président, Frédéric Turon
■A l'UMP, c'est Sarkozy qui aurait pu remettre en cause des fusions, Richert le sait parfaitement, et il a très finement décidé de soutenir Sarkozy. La meilleure garantie pour lui de conserver son strapontin «Grand-Est».