Lettre ouverte à monsieur Alain Juppé, candidat à la présidence de la République

Lettre ouverte publié le 16/09/16 21:46 dans Politique par Frédéric Turon pour Frédéric Turon
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Alain Juppé

Monsieur,

Lors de votre premier meeting de campagne, le 13 septembre dernier en Alsace, vous avez déclaré que si les Alsaciens voulaient un autre statut pour l’Alsace, c’était à eux d’en décider.

« C’est aux Alsaciens d’en décider ! », cette courte phrase sonne comme une reconnaissance explicite de l’existence du peuple alsacien, que le Premier ministre, Manuel Valls, a insulté et profondément blessé en prétendant le contraire. « Il ne faut pas que Paris impose sa vision jacobine au reste du territoire » avez-vous encore ajouté. Enfin, l’Alsace est, selon vous, « une région exemplaire ».

Alors les Alsaciens vous prennent au mot, encore faut-il qu’ils puissent décider pour eux-mêmes au moment où ils ont été privés, dans un déni de démocratie sans précédent en Europe, de toute possibilité de s’exprimer, et ils vous posent cette question simple :

Si vous êtes élu Président de la République, rendrez-vous aux Alsaciens le droit de décider pour eux-mêmes, comme le prévoit la Charte européenne de l’autonomie locale, violée par la France ? En d’autres termes, organiserez-vous un référendum sur la question d’un statut de région pour l’Alsace, qui pourrait s’inspirer de celui de la Corse ?

85 % des Alsaciens sont opposés à la fusion des régions selon un sondage d’octobre 2015, plus de 117.000 d’entre eux (plus de 9 % des électeurs inscrits sur les listes électorales, un score sans précédent en France) ont signé la pétition papier « Alsace, retrouve ta voix ! » contre la fusion des régions, et en faveur d’un statut expérimental. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Comme vous le savez, le retour de l’Alsace en tant que région figure au programme du Front National. Comme vous le savez, Philippe Richert, président du « Grand Est », qui a ouvertement trahi les Alsaciens et s’oppose à un retour de l’Alsace, soutient votre principal adversaire à la primaire, Nicolas Sarkozy.

Donner des gages sincères et concrets aux Alsaciens, c’est aussi vous assurer leur soutien. Il vous appartient donc de prendre des engagements par écrit, clairs et sans ambiguïté afin de ne pas leur donner de fausses illusions, mais au contraire un réel espoir de pouvoir effacer l’affront de la réforme territoriale, en vue d’un retour effectif de l’Alsace au rang des régions françaises, un statut qu’elle n’aurait jamais dû perdre.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos sincères salutations.

Pour les Alsaciens Réunis, le président, Frédéric Turon


Vos commentaires :
Luigi Barsagli
Vendredi 15 novembre 2024
Malheureusement pour les alsaciens, cela se goupille mal cette affaire. Il n'y a rien à attendre des politiciens français, rien de nouveau sous le soleil...les propos de Juppé, hors flattage dans le sens du poil, sont pour moi très clairs : il ne changera rien et ne fera rien. Entre les lignes je vois même une pointe de cynisme dans ses propos...il dit «c'est aux alsaciens de décider» sans jamais évoquer une remise en cause (au contraire même) de regroupement forcé sans la moindre once de Démocratie.

A l'UMP, c'est Sarkozy qui aurait pu remettre en cause des fusions, Richert le sait parfaitement, et il a très finement décidé de soutenir Sarkozy. La meilleure garantie pour lui de conserver son strapontin «Grand-Est».


Jean Pierre METZGER
Vendredi 15 novembre 2024
L'idée du regroupement de la Corse avec la région PACA a été rapidement dissoute devant les risques de réactions virulentes et musclées de la part des insulaires. Ne pas reconnaître aux Alsaciens, aux Basques aux Bretons...leurs spécificités est purement et simplement une incitation à la violence. Sous des faux prétextes d'économies, la mise en place de ces nouvelles régions n'a qu'un but c'est de créer une nouvelle caste de «privilégiés» sur le dos des contribuables qui n'ont rien demander.

Loïc. L
Vendredi 15 novembre 2024
« Il ne faut pas que Paris impose sa vision jacobine au reste du territoire »
Il s'agit donc d'un système politique qui s'appelle «État fédéral», au contraire d'une république centralisatrice. Si cela est vrai, alors il y a de l'espoir pour tant de choses (mis à part les terribles résistances possible s). Mais depuis le temps qu'il fait de la politique, comment se fait-il qu'il n'en ait pas parler plus tôt? Cela mérite d'être évoqué de sa part.
À moins qu'il s'agisse de paroles qui n'engage que ceux qui les croient.
J'ai pour l'instant des doutes.
Une remarque toutefois: le sujet du centralisme parisien comme source de frein démocratique + évoqué par un présidentiable important (n°1 dans les sondages) prouvent que la donne est en train de changer.

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